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«Des nids à problèmes»: les logements squattés vendus à prix cassés affluent en Espagne
information fournie par Le Figaro 16/05/2024 à 16:11

Face à l’afflux de squats de logements, certains propriétaires espagnols, ulcérés par les longues procédures d’expulsion, se débrouillent par d’autres moyens.

En Espagne, les logements à prix cassés pullulent sur Internet. Leurs tarifs? Généralement, entre 50.000 et 60.000 euros pour des biens de 50 à 60 m². Soit environ 1000 euros le m². Dans le sud de Madrid, une passoire de thermique de 43 m², est à vendre 55.000 euros , avec une décote de 35% par rapport au prix de départ. La raison? Cet appartement avec deux chambres, est squatté. C’est écrit noir sur blanc dès le début de l’annonce avant même le descriptif du logement mis en vente. Les potentiels acheteurs sont prévenus par la mention «Información Importante». « L’acheteur assumera la situation physique (autrement dit, la présence de l’occupation illégale), l’état de conservation (du logement) [...] et les procédures qui impliquent l’obtention de la possession judiciaire de la propriété », précise l’annonce.

Car, en Espagne, les propriétaires dont le logement est squatté doivent passer par des actions en justice qui peuvent durer entre un et deux ans. Comme en France avant que le gouvernement décide, fin 2020, de réduire, enfin, la procédure à 72 heures . « Vendre un logement squatté, c’est quasi-mission impossible , affirme Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier. Seuls des professionnels, comme les marchands de biens, peuvent être intéressés, après avoir évalué la perte de revenus, le coût des travaux et le temps qu’il leur faudra pour récupérer le logement. Heureusement, en France, avec la loi anti-squats, les propriétaires se sentent moins à l’abandon et peuvent récupérer plus vite leur logement. » Cette nouvelle loi semble avoir donné des idées au Sénat espagnol qui a adopté, début février, un projet de loi visant à faire expulser les squatteurs en seulement 24 heures et condamner les «okupas» (squatteurs en espagnol) à trois ans de prison, comme en France. Mais le texte, qui prévoit de restituer les taxes d’habitation et foncière aux propriétaires en cas de squats, est bloqué par le Congrès des députés, présidé par la gauche . « En Espagne, il est plus payant d’être squatteur que d’être propriétaire , dénonce Gonzalo Bernardos, professeur à l’Université de Barcelone. C’est une honte que les propriétaires, qui sont modestes pour la grande majorité, ne puissent pas expulser les squatteurs et doivent leurs factures d’eau, de gaz et

d’électricité. »

Prix décotés de 35% en moyenne

Ulcérés de devoir attendre aussi longtemps, certains propriétaires espagnols n’hésitent pas à prendre les choses en main pour récupérer leur logement plus rapidement. Certains vendent leur bien, à un prix forcément cassé - autour de -35% en moyenne et jusqu’à plus de 60% si l’état du logement est très dégradé et que les squatteurs sont plus difficiles à déloger - en espérant qu’un acheteur - généralement un gros investisseur qui a les reins suffisamment solides pour gérer cette situation - se porte candidat. D’autres propriétaires, désireux de conserver leur logement, vont opter pour le versement d’une somme en liquide - plusieurs milliers d’euros - aux squatteurs ou de faire appel à des sociétés spécialisées - comme Fuera Okupas («dehors les squatteurs») - dont les méthodes divisent en Espagne. Avec l’accord de la police, certaines n’hésitent pas à retirer la porte de l’immeuble pour mettre la pression aux squatteurs, comme le montre un reportage de France Télévisions .

Pour éviter les squats, les propriétaires protègent leurs logements. « Ils sont très faciles à identifier: généralement, les fenêtres et les portes sont murées avec des grilles ou les portes des appartements sont blindées (voir les photos ci-dessous ou en illustration principale) pour empêcher les squatteurs de rentrer », raconte Geoffroy Reiser qui vit à Valence depuis 6 ans. Ce spécialiste de l’investissement locatif en Espagne conseille aux candidats de bien se renseigner sur l’immeuble ou les quartiers visés avant de se lancer. « Si plusieurs appartements sont vides depuis longtemps, méfiez-vous car il suffit que l’un d’entre eux soit squatté pour qu’avec le bouche-à-oreille, les autres le deviennent, s’ils sont vides aussi. Et l’immeuble se transforme en un nid à squats . Même des quartiers sûrs et calmes peuvent cacher des immeubles à éviter» , alerte le fondateur de Terreta Spain qui suggère plutôt la colocation. « Le risque d’impayés est plus dilué par rapport à une famille. En sept ans, je n’ai pas eu le moindre impayé », souligne Geoffroy Reiser qui loue 11 chambres.

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