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"Il ne reste plus beaucoup d'entre nous": se souvenir de la rafle du Vel d'Hiv, 80 ans après
information fournie par Reuters 15/07/2022 à 13:43

LA FRANCE COMMÉMORE LE 80E ANNIVERSAIRE DE LA RAFLE DU VEL D'HIV

LA FRANCE COMMÉMORE LE 80E ANNIVERSAIRE DE LA RAFLE DU VEL D'HIV

par Juliette Jabkhiro et LEA GUEDJ

PARIS (Reuters) - Lorsque la police française est venue frapper chez lui, dans l'Est parisien, le 16 juillet 1942, Joseph Schwartz, alors âgé de 15 ans, n'y était plus. Prévenus qu'il se tramait quelque chose, son père Lejbus et lui s'étaient cachés.

Il pensait que sa mère, Ruchla, et son petit frère Paul n'étaient pas en danger: il y avait alors déjà eu des rafles à Paris, mais elles n'avaient pris que les hommes pour cibles.

Mais, ces 16 et 17 juillet, ce sont des familles entières que la police a arrachées à leurs domiciles.

Plus de 13.000 hommes, femmes et enfants juifs ont été arrêtés par la police française à Paris et dans sa banlieue et parqués dans le Vélodrome d'Hiver avant d'être envoyés dans des camps de concentration.

Ruchla, Paul et Lejbus, qui s'est rendu à la police dans l'espoir vain que sa femme et son fils soient libérés en échange, étaient parmi eux. Joseph ne les a jamais revus. "Moi je ne savais pas où aller, j'étais dans un état un peu second, je ne savais pas où j'en étais", se souvient Joseph Schwartz, un des rares rescapés de la rafle toujours en vie.

"Vous quittez vos parents la veille, tout va bien, on vous embrasse, on fait attention à toi, et le lendemain il n'y a plus personne." Alors que la France commémore le 80e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv, recueillir les témoignages de survivants est désormais une course contre la montre. "Que deviendra le travail de mémoire quand il n'y aura plus de survivants ? On n'est plus nombreux, des gens de mon âge qui avaient 15 ans à l'époque", a déclaré Joseph Schwartz à Reuters. Le Mémorial de la Shoah, qui rassemble des archives de victimes, a lancé un appel pour recueillir les récits des derniers témoins et survivants du Vel d'Hiv. "On a eu la surprise d'avoir une quarantaine de personnes qui se sont manifestées", a déclaré Lior Lalieu-Smadja, cheffe du service photothèque du Mémorial de la Shoah. "Les derniers témoins qu'on a eus (...) n’avaient jamais témoigné," a-t-elle ajouté. "Ils ont dit : 'nous sommes 80 ans après les faits, c'est un devoir maintenant, je ne l’ai pas fait jusqu'à présent, je ressens comme un devoir, comme une urgence de le faire'." Comme l'explique Lior Lalieu-Smadja, de nombreux récits sont déjà perdus, malgré les milliards de documents d'archives et les milliers de photos conservées au Mémorial de la Shoah. Elle estime que le travail du Mémorial reste crucial pour faire vivre la mémoire des victimes, éduquer la société française et lutter contre la résurgence de l'antisémitisme. Pour Joseph Schwartz, le plus choquant est le fait qu'après la libération de Paris, la police parisienne ait reçu une décoration pour son rôle dans la libération de la ville. "Pour des gens comme moi qui ont vécu cette période, c’est un outrage à nos morts. Quand on sait encore que huit jours avant la libération de Paris, on craignait les rafles faites par la police française (...). J'avoue que vous avez de quoi être désabusé", a-t-il déclaré.

(Reportage Juliette Jabkhiro et Lea Guedj, avec la participation de Layli Foroudi, Sarah Meyssonnier et Benoit Tessier; version française Valentine Baldassari, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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