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Logistique hors normes pour la construction du réacteur Iter
information fournie par Reuters 13/04/2018 à 15:52

LOGISTIQUE HORS NORMES POUR LA CONSTRUCTION DU RÉACTEUR ITER

LOGISTIQUE HORS NORMES POUR LA CONSTRUCTION DU RÉACTEUR ITER

par Jean-François Rosnoblet

SAINT-PAUL-LES-DURANCE, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Pris en charge début janvier dans une usine située sur les bords du Yangtsé avant de descendre le fleuve jusqu'à Shanghai pour rallier, à la mi-mars, le porte de Fos-sur-Mer, les quatre réservoirs chinois de 8,4 mètres de long, 8,96 de large pour un poids de 100 tonnes sont arrivés vendredi à Cadarache.

Défi politique et scientifique majeur, le projet Iter est aussi un fantastique défi logistique pour acheminer dans le Sud de la France les milliers de composants nécessaires à la construction d'un prototype de réacteur nucléaire capable de recréer sur terre les conditions de la fusion au sein du soleil.

L'Union européenne, les États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon, la Russie et la Corée du Sud se sont associés pour mener à bien l'un des plus grands chantiers au monde, les pays membres finançant la fabrication de composants, via leurs sociétés nationales. (Pour une interview du DG d'Iter)

Des milliers de pièces, dont certaines de près de 600 tonnes, franchissent ensuite les océans en provenance d'usines réparties dans une trentaine de pays pour être au final assemblées comme un puzzle géant sur le site de Cadarache dans le cadre du programme International ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor).

Depuis la "control room" d'un coût estimé de 10 millions d'euros créée à Marignane pour la mission Iter, Laurence Prudhomme, responsable chez Daher des opérations transports pour le projet Iter a une vison en temps réel des flux d'acheminement des pièces, dont les plus importantes transitent par le port de Fos-sur-Mer, hub d'entrée que les navires en provenance des Etats membres d'Asie mettent en moyenne 45 jours à atteindre.

Après le déchargement, les colis sont acheminés vers Cadarache par voie fluviale sur une trentaine de kilomètres à bord d'une barge longue de 79 mètres, puis par voie terrestre le long d'un itinéraire aménagé sur une centaine de kilomètres.

CHAUSSÉES RENFORCÉES

Les travaux sur la partie terrestre, où il a fallu renforcer les chaussées et réaménager les ouvrages pour s'adapter aux gabarits des convois, ont été financés et réalisés par la France entre 2008 et 2011 pour un coût global de 110 millions d'euros.

C'est le chemin qu'ont suivi les 48 et 49e transports lourds arrivés vendredi sur le site de Cadarache.

"Ils sont très encombrants", dit Laurence Prudhomme.

L'itinéraire routier a été bouclé en trois nuits par les convois qui ont franchi plusieurs points sensibles comme, par exemple, plusieurs traversées d'autoroute sur l'A7 et l'A51.

Des opérations placées sous la très haute surveillance d'un escadron de gendarmerie, environ 70 hommes, pour éviter toute intrusion malveillante. "Cela reste une opération sensible, l'Etat français a décidé la mise en place de ce dispositif de sécurité", précise-t-on de même source.

Au total, près de 250 composants lourds sont prévus tout au long du projet Iter, les plus imposants flirtant avec les 600 tonnes. A ce jour, les composants les plus importants acheminés sont des transformateurs d'environ 300 tonnes de Chine.

Les éléments les plus spectaculaires, à la limite du gabarit comme les secteurs de la chambre à vide fabriqués en Europe et en Corée, et les bobines de champ toroïdal, venues d'Europe et du Japon, ne sont pas attendus avant 2019-2020.

PLEINE PUISSANCE EN 2035

De la capacité à acheminer dans les délais requis les composants d'Iter dépend en partie le respect d'un calendrier qui prévoit un "premier plasma" en 2025 et la possibilité en 2035 de l'utiliser à pleine puissance.

"Si des équipements n'arrivent pas à temps, si nous ne respectons pas les délais au début, nous ne pouvons pas les respecter à la fin", explique Bernard Bigot, le directeur général d'Iter, évoquant un projet dont le budget a été revu à la hausse, à 22 milliards d'euros, un coût assuré à 45% par l'UE et par environ 9% pour chacun des six autres partenaires.

La majorité des composants promis à Iter par les Etats-Unis ont pour la plupart déjà été livrés sous l'ancienne administration américaine, plaçant de fait la partie logistique hors de portée des réserves du président Donald Trump, peu enclin aux expériences hors du territoire américain.

Plus de 3.500 personnes et 450 entreprises s'activent aujourd'hui sur le chantier de quelque 42 hectares pour réceptionner les pièces acheminées par Daher et les intégrer à l'installation autour de son coeur, le tokamak, la chambre de confinement de 23.000 tonnes, l'équivalent de trois Tour Eiffel.

Il doit héberger la réaction de fusion nucléaire susceptible de s'auto-entretenir en produisant dix fois plus d'énergie qu'elle n'en consomme en maintenant la réaction de fusion pendant 400 secondes à une température de 150 millions de degrés. Un exploit jamais réalisé, ni même approché.

"Si nous créons ce soleil artificiel, que nous réussissons cette démonstration, c'est l'assurance d'une source d'énergie propre, contrôlable, sans impact sur l'environnement et le climat, sans risque d'emballement en raison des faibles quantités de matière utilisée", résume Bernard Bigot.

(Edité par Yves Clarisse)

2 commentaires

  • 13 avril 16:34

    Iter, voilà un bel exemple de collaboration internationale. Un exemple de construction de la paix pour l'accès à une technologie stratégique pour l'avenir énergétique de l'humanité, le nucléaire. L'idéologie "des moulins à vent et du solaire" vivra mais ne pourra en aucune manière satisfaire la disponibilité et les besoins grandissants en énergies "sans carbone" des générations futures. A méditer.


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