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Niger: La junte arrête plusieurs ministres, Mali et Burkina la soutiennent
information fournie par Reuters 01/08/2023 à 07:24

Général Abdourahamane Tiani, l'homme fort du Niger

Général Abdourahamane Tiani, l'homme fort du Niger

par Boureima Balima et Abdel-Kader Mazou

NIAMEY (Reuters) - La junte militaire qui a pris le pouvoir la semaine dernière au Niger a arrêté lundi des politiciens issus du gouvernement renversé, tandis que les juntes de pays voisins lui ont apporté son soutien, marquant un contraste avec les nombreux appels internationaux en faveur d'un retour à l'ordre démocratique.

En renversant le président Mohamed Bazoum, l'armée nigérienne déclenché une onde de choc à travers l'Afrique de l'Ouest, provoquant des tensions avec les alliés occidentaux de Niamey et plaçant ceux-ci en opposition avec la Russie et certains pays de la région.

L'agitation politique s'est aussi propagée au secteur financier, alors que des sources ont affirmé que la banque centrale régionale a annulé une émission d'obligations de 30 milliards de francs CFA (environ 45 millions d'euros) par le Niger prévue lundi sur le marché ouest-africain de la dette.

Cette décision est intervenue après la mise en place de sanctions de la part de l'Union africaine, de l'Union européenne et d'autres puissances qui ont condamné le coup d'Etat contre Mohamed Bazoum, élu démocratiquement.

Alors que les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont imposé dimanche des sanctions au Niger et fixé un ultimatum aux putschistes, les dirigeants militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont exprimé leur soutien à la junte nigérienne.

Dans un communiqué conjoint lu à la télévision publique des deux pays, le Mali et le Burkina Faso ont prévenu que "toute intervention militaire au Niger sera considérée comme une déclaration de guerre" à leur encontre.

La junte nigérienne a par ailleurs affirmé lundi que le gouvernement renversé avait autorisé la France à conduire des frappes sur le palais présidentiel pour tenter de libérer Mohamed Bazoum. Des responsables militaires ont aussi accusé Paris d'avoir recouru à la force létale pour disperser dimanche des manifestants devant son ambassade à Niamey.

"DÉSTABILISATION RUSSO-AFRICAINE", SELON PARIS

S'exprimant à la télévision publique, le colonel Amadou Abdramane, l'un des officiers ayant mené le putsch, a déclaré sans apporter de preuve que l'autorisation de mener une opération contre le palais présidentiel a été signée par le ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, agissant en tant que Premier ministre par intérim.

"Contrairement à ce qu'affirment certains responsables militaires nigériens, aucun moyen létal n'a été utilisé par les forces de sécurité françaises", ont dit dans un communiqué conjoint le ministère français des Affaires étrangères et le ministère français des Armées, dénonçant une attaque contre l'ambassade "par des groupes visiblement préparés".

Par la suite, dans un entretien à BFM TV, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a démenti "formellement" les accusations concernant une intervention militaire française à Niamey.

"Ce qu'on a vu (dimanche), c'est une manifestation organisée, violente, extrêmement dangereuse avec des cocktails Molotov, des drapeaux russes qui sont apparus, des slogans anti-français copiés-collés de ce qu'on peut voir ailleurs, donc tous les ingrédients habituels de la déstabilisation russo-africaine", a-t-elle dit, appelant au "retour de l'ordre constitutionnel" au Niger.

Le Quai d'Orsay a fait savoir dans une déclaration à Reuters que la France n'avait pas "d'autre objectif" que la sécurité de ses ressortissants dans le pays, une priorité de nouveau soulignée aussi par Emmanuel Macron.

Le président français suit "activement la situation", a indiqué l'Elysée, ajoutant qu'il a échangé à "plusieurs reprises" avec Mohamed Bazoum et Mahamadou Issoufou ainsi qu'avec les dirigeants de la Cédéao.

D'après le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), la junte a arrêté lundi les ministres des Mines, de l'Intérieur, du Transport ainsi qu'un député.

Le dirigeant de l'ancien parti au pouvoir et ministre du Pétrole, Mahamane Sani Mahamadou, qui est aussi le fils de l'ancien président Mahamadou Issoufou, a également été arrêté, a ajouté le PNDS-Tarayya.

Ces arrestations viennent confirmer la nature "répressive et dictatoriale" du coup d'Etat, a indiqué dans un communiqué le parti, qui a demandé aux citoyens nigériens de se rassembler pour protéger la démocratie.

LE KREMLIN FAIT PART DE SON INQUIÉTUDE

Le président tchadien Mahamat Idriss Deby s'est rendu au Niger au cours du week-end pour une tentative de médiation avec la junte nigérienne. Tôt lundi, il a posté de premières images de Mohamed Bazoum depuis le coup d'Etat, où le président déchu, reclus depuis jeudi dans le palais présidentiel, apparaît souriant et apparemment indemne.

Mahamat Idriss Deby a dit avoir rencontré Mohamed Bazoum et le général Abdourahamane Tiani, qui mène la junte nigérienne, "dans une approche fraternelle qui vise à explorer toutes les pistes afin de trouver une issue pacifique à la crise".

L'UE, la France et d'autres pays affirment toujours reconnaître Mohamed Bazoum comme le président légitime du Niger.

L'Allemagne a dit lundi ne pas prévoir pour l'heure l'évacuation de ses ressortissants et soldats présents au Niger, selon un porte-parole du ministère de la Défense et des Affaires étrangères.

De son côté, la Russie a exprimé son inquiétude concernant la situation au Niger alors même que le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, qui détient des intérêts importants en Afrique, a salué le coup d'Etat.

"Nous sommes favorables au rétablissement rapide de l'État de droit dans le pays, nous sommes favorables à la retenue de toutes les parties afin d'éviter les pertes humaines", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans un message diffusé la semaine dernière sur les réseaux sociaux, Evguéni Prigojine a offert les services de Wagner à la junte militaire qui a pris le pouvoir à Niamey.

(Reportage Boureima Balima, Abdel-Kader Mazou; avec Anait Miridzhanian, Bate Felix, Fadimata Kontao, Thiam Ndiaga; version française Blandine Hénault et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Jean Terzian)

4 commentaires

  • 01 août 12:37

    Un pays est à l'image, à la dimension, du chef d'Etat qu'il se donne, .... alors il faut bien en conclure que ce qu'il nous arrive est logique et implacable. Depuis De Gaulle et Pompidou nous n'avons cessé d'élire des présidents de plus en plus minables et petits. Touche-t-on le fond ? pas sûr on a encore en magasin de sacrés énergumènes.


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