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Baisse des rendements obligataires, jusqu'où ?
information fournie par Reuters 29/08/2019 à 16:23

Les marchés obligataires atteignent des records en août. Jusqu'où la hausse  peut-elle se poursuivre? (Crédits photo : Pixabay -  )

Les marchés obligataires atteignent des records en août. Jusqu'où la hausse peut-elle se poursuivre? (Crédits photo : Pixabay - )

par Dhara Ranasinghe, Ritvik Carvalho et Tom Arnold

LONDRES, 29 août (Reuters) - Les marchés obligataires vont de record en record et le mois d'août n'a pas fait exception au point que les investisseurs se demandent jusqu'où l'extension du domaine des taux négatifs va aller. Quelque 16.000 milliards de dollars d'encours de dette à l'échelle mondiale affichent des rendements négatifs actuellement contre 13.000 milliards en juillet.

Les investisseurs, qui désespèrent de trouver des rémunérations attractives, se sont rués sur les échéances les plus longues et le rendement des Treasuries à 30 ans a baissé de 60 points de base depuis le début du mois d'août, sa plus forte baisse mensuelle depuis la crise de la dette souveraine au sein de la zone euro en 2011.

Les rendements à long terme de la dette souveraine japonaise sont aussi tombés à leur plus bas niveau depuis trois ans et devraient enregistrer en août leur recul mensuel le plus marqué depuis 2016.

"Le marché obligataire envoie clairement le message qu'il anticipe une croissance économique et une inflation faibles", résume Neil MacKinnon, stratégiste macroéconomie de VTB Capital. "Ce qu'il dit, c'est: stagnation séculaire, nous voilà." Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des points saillants du marché obligataire en plein effondrement des rendements.

1/INVERSION

Une partie déterminante de la courbe des rendements d'Etat aux Etats-Unis, un indicateur très suivi des perspectives de récession, s'est inversée à la mi-août pour la première fois en 12 ans et le mouvement s'est accentué des derniers jours. La courbe, mesurée par l'écart entre les rendements à deux ans et à 10 ans sur les Bons du Trésor américains, s'est inversée avant toutes les récessions intervenues au cours des 50 dernières années et n'a envoyé qu'une seule fois un mauvais signal.

Rien d'étonnant dans ces conditions à ce que l'avertissement envoyé par le plus important des marchés obligataires mondiaux se soit propagé au reste du monde. La courbe des taux britannique - perturbée, il est vrai, par les rebondissements du Brexit - s'est brièvement inversée ce mois-ci. La courbe des taux allemands - référence pour l'ensemble de la zone euro - n'a jamais été aussi plate depuis la grande crise financière. "Sachant qu'il n'y a pas eu un seul indicateur avancé aussi bon que la courbe des taux pour prévoir les récessions aux Etats-Unis depuis 70 ans, l'inversion doit être prise au sérieux", prévient Jim Reid, stratégiste à la Deutsche Bank.

2/ EXTENSION DU DOMAINE DES TAUX NÉGATIFS

Début août les rendements d'Etat à 30 ans en Allemagne et aux Pays-Bas sont passés en territoire négatif, les deux pays rejoignant le club des pays développés dont la courbe des taux est dans son intégralité sous le seuil du zéro. La Finlande vient d'y entrer. Il comptait déjà le Danemark et la Suisse, la Suède y étant brièvement entrée à la mi-août après le passage en territoire négatif de la maturité la plus longue (20 ans) de ses emprunts d'Etat. Le Japon est un candidat sérieux avec des rendements d'Etat en territoire négatif jusqu'aux maturités à 15 ans. Avec des investisseurs prêts à payer pour détenir la dette de certains Etats, la pression s'accentue sur certains gouvernements prudents en matière budgétaire pour qu'ils mettent à profit des conditions de financement sans précédent afin d'accroître leurs dépenses et de lutter contre l'affaiblissement de la croissance.

3/ DÉJÀ LE TOUR DES USA ?

Techniquement, les Etats-Unis sont eux aussi déjà rattrapés par les taux négatifs. Récemment le rendement des "T-bonds" à 10 ans indexés sur l'inflation (TIPS) sont passés en dessous de zéro. Sachant que le rendement d'un TIPS à 10 ans correspond à celui du rendement d'une obligation classique de même échéance diminué de l'inflation anticipée à cette échéance, un rendement négatif sur les TIPS à 10 ans signifie que le "T-bond" de même échéance rapporte moins que l'inflation attendue.

4/ PAYÉS POUR EMPRUNTER

Jyske Bank a été au mois d'août la première banque danoise à offrir à ses clients un taux négatif sur des prêts immobiliers, leur offrant un taux de 0,5% l'an pour emprunter sur une durée de 10 ans. Les emprunteurs continueront de rembourser mensuellement le principal emprunté mais au total, ils rembourseront moins que le montant emprunté. Inédite, cette initiative danoise s'inscrit toutefois dans une tendance à la chute des taux hypothécaires à travers le monde. Les taux des prêts hypothécaires à 30 ans et à 15 ans sont ainsi tombés à leur plus bas niveau depuis novembre 2016 aux Etats-Unis.

5/ PREMIERS SIGNES DE NERVOSITÉ

Il y a toutefois quelques signes traduisant la nervosité des investisseurs face à l'idée de détenir de la dette dont le rendement est négatif. La semaine dernière, l'Allemagne a émis de la dette à 30 ans offrant un rendement négatif mais la demande n'a porté que sur 824 millions d'euros pour 2,0 milliards d'euros demandés. Cela montre que les taux négatifs détournent de plus en plus les investisseurs privés de la dette la mieux notée. La nouvelle ligne à 30 ans allemande portait un coupon nul, impliquant une absence totale de rémunération pour les investisseurs détenant le titre jusqu'à l'échéance.

6/ GRAND ÉCART

Tous les marchés obligataires ne sont toutefois pas logés à la même enseigne. Depuis que le président argentin, Mauricio Macri, est arrivé derrière son opposant Alberto Fernandez à l'issue des primaires pour l'élection présidentielle d'octobre, les dégagements sur les obligations argentines libellées en dollar ont pénalisé de nombreux investisseurs, y compris des grands noms de la gestion d'actifs comme Franklin Templeton.

L'obligation d'Etat argentine à 100 ans, émise au pair en 2017, a été lourdement sanctionnée, perdant plus d'un tiers de sa valeur en l'espace de cinq séances. Après être tombée encore plus bas avec l'annonce par le gouvernement mercredi de ses projets d'un plan de restructuration de dette, elle se traite actuellement à 43% du pair. L'obligation centenaire de la République d'Autriche, lancée la même année, a de son côté testé de nouveaux plus hauts.

(Marc Joanny pour le service français, édité Marc Angrand)

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