* La valorisation du S&P est au-dessus de sa moyenne historique * Mais elle reste cohérente avec le niveau d'inflation * Le ralentissement de la hausse des BPA 2019 est à relativiser * Le poids accru des "techs" est aussi à prendre en compte par Lewis Krauskopf NEW YORK, 17 septembre (Reuters) - Les investisseurs misent sur une inflation et des taux d'intérêt maîtrisés pour soutenir les cours des actions américaines et compenser toute crainte de ralentissement de la croissance des bénéfices des sociétés cotées l'an prochain. Les actions s'échangent actuellement à des niveaux de valorisation, sur la base du rapport cours/bénéfice (P/E), plus élevés que ceux observés en moyenne depuis le milieu des années 1980. Parallèlement, les rendements des obligations d'Etat américaines et les prix à la consommation augmentent, même si leur hausse reste relativement modérée. Une évolution favorable aux actions puisque des rendements obligataires bas réduisent la concurrence pour les actions et qu'une inflation faible soutient le maintien de taux d'intérêt bas. "Il y a un argument selon lequel, historiquement, avec ce niveau d'inflation et des taux proches des niveaux actuels, une augmentation de la valorisation peut se justifier", dit Walter Todd, directeur des investissements de Greenwood Capital. La capacité des actions à justifier des valorisations relativement élevées est d'autant plus importante que la croissance des profits devrait ralentir en 2019 et que l'approche de la fin de l'année va inciter analystes et gérants à fonder leurs décision davantage sur les bénéfices attendus l'an prochain que sur ceux prévus cette année. Grâce entre autres aux baisses d'impôts votées par le Congrès l'an dernier, les bénéfices des entreprises du Standard & Poor's 500 .SPX devraient bondir de 23% en 2018 puis de 10% supplémentaires en 2019 selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S. Le P/E du S&P 500 calculé sur la base des bénéfices attendus sur les 12 prochains mois ressort en moyenne à 15 pour les 33 dernières années mais il est supérieur à cette moyenne depuis plus de deux ans, selon Thomson Reuters Datastream. Cette année, ce ratio a culminé à environ 18,5 fin janvier avant la correction de 10% subie par le marché et il avoisine aujourd'hui 16,8. Les données compilées sur plus de 60 ans montre que la valorisation du S&P 500 est plus élevée lorsque l'indice des prix à la consommation (CPI) enregistre une hausse située entre zéro et 4% que lorsque l'inflation dépasse 4% ou que l'économie américaine est en déflation, selon Keith Lerner, stratège marchés de SunTrust Advisory Services. La hausse du CPI n'a pas dépassé 4% depuis environ dix ans. Lorsque la progression de cet indice d'inflation se situe entre zéro et 2%, le S&P 500 se traite en moyenne sur un P/E de 16,6; entre 2% et 4% de hausse des prix, la moyenne du P/E de l'indice revient à 16,4. Sur les douze mois à fin août, le CPI a augmenté de 2,7% selon les statistiques officielles publiées jeudi dernier. Pour Keith Lerner, un P/E situé entre 16 et 17 correspond à une valorisation équilibrée, sachant que les tensions commerciales et d'autres facteurs peuvent provoquer des fluctuations à l'intérieur de cette fourchette. "La manière dont le marché voit les choses, c'est qu'un niveau de P/E de 16 constitue un support relativement solide", ajoute-t-il. Les responsables de la stratégie actions de Credit Suisse prévoient de leur côté une augmentation du P/E, qui pourrait atteindre 18 l'année prochaine. Ils voient ainsi le S&P 500 finir 2019 à 3.350 points, soit en hausse d'un peu plus de 15% par rapport à son niveau actuel. Patrick Palfrey, stratège de la banque, explique que les baisses d'impôts et d'autres facteurs auront dopé les résultats 2018, ce qui implique que le ralentissement de la croissance des profits à venir l'an prochain sera à relativiser. La croissance des bénéfices courants devrait être proche de 9% à 10% cette année, estime-t-il, donc guère supérieure à celle de près de 8% attendue par Credit Suisse l'an prochain. De plus, la banque juge faible la probabilité d'une récession. "L'économie continue d'évoluer sur un rythme très soutenu", assure Patrick Palfrey. Pour expliquer le niveau de P/E supérieur à sa moyenne historique, plusieurs stratèges mettent aussi en avant l'évolution de la composition du S&P 500 au fil du temps, avec un poids accru des entreprises technologiques, mieux valorisées, qui incite à relativiser l'importance des comparaisons historiques. Autre facteur à prendre en compte: l'attrait relatif des actions par rapport aux obligations et à d'autres classes d'actifs. Par exemple, le rendement des bénéfices, qui correspond au rapport entre les bénéfices et le cours d'une action, avoisine actuellement 6%, alors que le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans US10YT=RR n'est que de 3%. Une remontée des rendements obligataires modifierait les termes de cette équation. Mark Hackett, responsable de la recherche chez Nationwide, estime ainsi qu'un rendement de 4% pour les Treasuries à dix ans mettrait les actions sous pression, même s'il précise que ce niveau ne devrait pas être atteint à court terme. "Tout investissement est une compétition pour gagner le prochain dollar", résume-t-il. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ US stock market valuation over time https://tmsnrt.rs/2p5ZRyc Low inflation, high stock valuations https://tmsnrt.rs/2p5hz4T Graphique interactif: la valorisation du S&P en fonction du taux d'inflation https://tmsnrt.rs/2CTrTq7 ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Marc Angrand pour le service français, édité par Blandine Hénault)
GRAPHES-La valorisation du S&P 500 n'est pas encore inquiétante
information fournie par Reuters 17/09/2018 à 16:55
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Cette analyse a été élaborée par Reuters et diffusée par BOURSORAMA le 17/09/2018 à 16:55:57.
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