(AOF) - Renault (-0,05% à 37,98 euros) annonce la cession à Nissan d’actions représentant environ 5% du capital du constructeur automobile japonais, son partenaire dans l’Alliance. L'opération se traduirait par une moins-value de cession allant jusqu'à 1,5 milliard d'euros, qui impacterait le résultat net de Renault. Un maximum de 211 millions actions Nissan seraient cédées. Cette transaction intervient un mois après le transfert par le groupe français de 28,4% du capital de son partenaire nippon, dans une fiducie française, dans le cadre de la mise en oeuvre du nouvel Accord de l'Alliance.
Il s'est traduit par un rééquilibrage des participations croisées des deux sociétés.
"Renault Group a toute latitude pour céder les actions Nissan détenues par la fiducie, dans le cadre d'un processus organisé et coordonné avec Nissan et dans lequel Nissan bénéficie d'un droit de première offre, à son profit ou au profit d'un tiers désigné", avaient alors précisé les deux sociétés.
Renault ajoute dans son communiqué que dans l'hypothèse d'un cours de l'action de Nissan à 568,5 yens, l'opération s'élèverait à un montant allant jusqu'à 765 millions d'euros, qui viendrait améliorer la position nette de liquidité de la branche automobile de Renault Group.
La transaction se traduirait également par une plus-value de cession allant jusqu'à 50 millions d'euros dans les comptes sociaux de Renault S.A.
Elle n'aura aucun impact sur les autres actions Nissan au bilan de Renault Group et Renault S.A.
Cette cession s'effectuera dans le cadre du programme de rachat d'actions annoncé par Nissan le 12 décembre 2023, et qui sera exécuté le 13 décembre 2023.
Conformément au nouvel Accord de l'alliance, Renault Group et Nissan continueront à détenir une participation croisée de 15%. Nissan et Mitsubishi ont parallèlement confirmé la semaine dernière qu'ils allaient investir respectivement jusqu'à 600 millions d'euros et 200 millions d'euros dans Ampere, la filiale de Renault spécialisée dans l'électrique et le logiciel.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Quatrième constructeur automobile mondial créé en 1898 et présent sous les marques Renault, Dacia, LADA, Alpine et Mobilize ;
- Positionnement industriel mondial, avec un chiffre d’affaires de 46,2 Mds€ réalisé pour plus de 50 % hors d’Europe et avec des positions fortes principalement dans les pays suivants : France, Italie, Turquie, Espagne, Belgique-Luxembourg, Roumanie, Maroc et Pologne ;
- Modèle d’affaires : repositionnement sur les véhicules de taille intermédiaire, sur la qualité de l’offre en véhicules électriques ou hybrides et les services flexibles ;
- Capital détenu à 15 % (29,05 % de droits de vote) par l’Etat français, à 15 % par la filiale Nissan, et à3,61 % (5,88 %) par les salariés, le conseil d’administration de 17membres étant présidé par Jean-Dominique Senard, Luca de Meo étant directeur général ;
- Bilan renforcé avec une dette nette réduite à 426 M€, les disponibilités atteignant 15,8 Mds€.
Enjeux
- Stratégie “Renaulution“ en 3 étapes, dont les objectifs seront mis à jour à l’automne 2022 : résurrection jusqu’en 2023 : autonomie des marques, rationalisations des plateformes de 6 à 3, offre “milieu de gamme“ portée à 40 % des revenus contre 15 %, marge opérationnelle de + 3 %, autofinancement libre de 3 Mds€ / rénovation de 2023 à 2025 par le renouvellement des gammes / renaulution : montée en puissance de l’utilisation de l’hydrogène dans les véhicules professionnels avec un objectif de part de marché de 30 % en 2030 ;
- Stratégie d’innovation focalisée sur la connectivité, les services et le véhicule électrique : réseau d’experts, d’innovation labs (Californie, France, Israël), ReKnow Université dédiée à l’électrification, la cybersécurité des données… / partenariats : CEA et les pôles compétitivité Moveo, Sysematic et ID4Car… / projet NeVeOS d’architecture électronique des véhicules / technologie hybride E-TECH et batteries françaises et décarbonées / fonds d’investissement Renault Venture Kapital et Alliance Ventures pour le capital-risque et l’accompagnement de start-up;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2040 en Europe et en 2050 dans le monde : objectif d’une gamme de véhicules particuliers tous électriques en Europe en 2030 via 23 Mds€ d’investissements d’ici 2027 et 5 plateformes communes / économie circulaire de la mobilité portée par l’usine de Flins ;
- Effet mix produit positif pour le chiffre d’affaires avec le lancement de Arkana, Jogger et Mégane Electric ;
- Vers la filialisation des activités électriques et « software », qui seraient introduites en Bourse, et des activités de traction thermique.
Défis
- Impact du manque de semi-conducteurs : perte de 300 000 véhicules en 2022 ;
- Impact de l’inflation des matières premières compensé par la politique commerciale ;
- Impact de la guerre Russie-Ukraine : perte nette de 2,3 Mds€ des activités abandonnées mais réduction de la dette ;
- Lancement opérationnel de Mobilize, regroupant les services de mobilité, énergie, financement, assurances et maintenance, visant 20 % des ventes en 2030 ;
- Après une stabilité du chiffre d’affaires et un triplement , hors impact russe, du bénéfice net au 1 er semestre, objectifs 2022 révisés en hausse : autofinancement opérationnel de + 1,5 Md€ et marge opérationnelle de + 5 %.
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Un marché français en forme
Le marché automobile français a enregistré son dixième mois consécutif de croissance en octobre 2023 avec 152383 immatriculations de véhicules particuliers neufs (+22% sur un an). Il a progressé de 16,49 % sur les 10 premiers mois de 2023, avec 1,44 million d'immatriculations, quasiment autant qu'en 2022 (1,52 million) mais bien moins que le niveau de 2019 (2,2 millions). Toutefois les indicateurs prévisionnels ne sont pas bons car les nouvelles commandes se sont repliées de 13 % à fin septembre 2023. Le ralentissement des commandes s'expliquerait par l'inflation, la hausse des taux d'intérêt, et une gestion plus prudente de leur trésorerie par les entreprises (la moitié du marché). Si Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Jeep) reste le leader du marché français, avec une part de marché supérieure à 28%, le groupe Renault (Renault, Dacia, Alpine) a bénéficié de belles performances en octobre 2023, avec près de 31% de nouvelles immatriculations supplémentaires sur un an. Le groupe français représente 24,6 % du marché des voitures de particuliers.
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