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Pierre Chabrol : «Il faut que les investisseurs aient confiance dans le label ISR et c’est pour ça que nous le faisons évoluer constamment »
information fournie par Boursorama 16/02/2021 à 08:10

Pierre Chabrol, chef du bureau épargne et marchés financiers à la direction générale du Trésor et porte-parole du label ISR. (crédit : DR)

Pierre Chabrol, chef du bureau épargne et marchés financiers à la direction générale du Trésor et porte-parole du label ISR. (crédit : DR)

Créé en 2016, le label ISR (pour investissement socialement responsable) a pour objectif d'être un point de repère pour l'épargnant qui voudrait choisir des fonds privilégiant le respect des critères environnementaux, sociaux-sociétaux et de gouvernance (ESG). Quel bilan, cinq ans plus tard, au moment où une réforme en profondeur du label est envisagée par Bercy ? Le point avec Pierre Chabrol, chef du bureau épargne et marchés financiers à la direction générale du Trésor et porte-parole du label ISR.

Boursorama : Au moment où nous parlons, combien de fonds (OPCVM et ETF) ont reçu le label ISR ?
Pierre Chabrol :
Au 31 décembre 2020, 656 fonds sont labellisés, 98 sociétés de gestion pour un encours de l'ordre de 350 milliards d'euros. C'est un succès incontestable qui illustre la philosophie du label depuis le départ, celle d'un label généraliste et inclusif. A la différence du label Greenfin très impliqué dans la transition écologique, le label ISR embrasse tous les aspects de l'ESG. Au moment de sa création le mot d'ordre du ministère de l'Economie était clair : les différents acteurs devaient essayer de définir un concept et une méthodologie en commun. Le but est de fiabiliser la gestion socialement responsable et de donner la garantie à l'épargnant que les choses sont faites sérieusement.

Boursorama : parmi les évolutions récentes du label ISR, il y a l'ajout des fonds immobiliers, est-ce que cela participe justement de ce côté « généraliste et inclusif » dont vous parlez ?
Pierre Chabrol : Oui tout à fait, c'est une évolution récente qui s'appuie sur la 2e version du cahier des charges du label ISR. Un gros travail conceptuel a été accompli pour prendre en compte les secteurs et les spécificités de l'immobilier. Nous avons notamment travaillé avec l'Aspim [NDR : Association Française des Sociétés de Placement Immobilier] pour définir précisément les types d'indicateurs qui devraient être retenus par la société de gestion. Nous avons retenu quatre indicateurs obligatoires (Efficacité énergétique, réduction des gaz à effet de serre, un indicateur social-sociétal et un indicateur de bonne gouvernance). Nous avons aujourd'hui 13 fonds immobiliers labellisés pour 9 sociétés de gestion et 7,7 milliards d'euros d'encours.

Boursorama : que répondez-vous à ceux qui jugent que le label n'est pas assez contraignant, qu'il serait « trop simple » à obtenir ?
Pierre Chabrol : Le label ISR n'est pas figé et se construit avec le temps, c'est d'ailleurs précisément l'esprit de notre nouvelle version du cahier des charges : augmenter le niveau d'exigence. Cela passe notamment par le renforcement des obligations de transparence. La société de gestion doit ainsi détailler la façon dont elle a voté aux assemblées générales des entreprises qu'elle a en portefeuille. Nous sommes également attentifs à ce que font nos voisins et analysons l'évolution des labels concurrents au niveau européen. C'était d'ailleurs un des objectifs du rapport sur le label ISR commandé par le ministère de l'Economie. A date, ce rapport est encore en train d'être instruit mais il induira forcément un travail à la fois sur la substance du cahier des charges mais aussi sur la gouvernance du label ISR. Une autre piste de réflexion recommandée est de passer d'une politique de « best in class » [NDR : prendre les acteurs les mieux disant dans chaque secteur et éliminer les 20% les plus mal notés] à une approche plus sélective d'exclusion de certains secteurs. Ceci dit, on peut dire que dans la pratique, de plus en plus de sociétés de gestion n'ont pas attendu l'évolution du label ISR pour appliquer cette politique d'exclusion.

Boursorama : Label ISR, Label Greenfin, Label Relance : est-ce que la multiplication des labels ne va pas conduire à l'inverse de ce qui est recherché, à savoir perdre l'épargnant plutôt que de l'aider à s'y retrouver ?
Pierre Chabrol : Il faut comprendre que les labels existants résultent de logiques différentes mais pas exclusives. Pour essayer de résumer simplement les différences, on peut dire que le label Greenfin s'adresse aux investisseurs qui veulent participer directement à la transition écologique. Le label ISR va lui s'attacher à fiabiliser et unifier les méthodologies de ESG mises en place par les sociétés de gestion afin de rendre le process plus objectif avec des obligations renforcées pour éviter le greenwashing [NDR : marketer comme étant « verts » des produits d'épargne qui ne le sont pas vraiment]. Enfin le label Relance est lui destiné à flécher l'épargne vers les entreprises françaises et notamment les PME. Mais il est vrai qu'au sein du label Relance, on retrouve une série d'exigences minimales en matière d'ESG puisque les sociétés de gestion doivent mettre en place le suivi d'un ou deux indicateurs de leur portefeuille. On est même allés plus loi que le label ISR avec l'exclusion des entreprises en lien avec le charbon.

Boursorama : On voit que les sujets sociaux sociétaux et de gouvernance font régulièrement la une de l'actualité, est-ce qu'une meilleure prise en compte de ces deux autres piliers entre dans vos réflexions ?
Pierre Chabrol : Je pense en tout cas qu'il y a plus à construire sur ces deux autres piliers. L'essentiel des travaux de taxonomie [NDR : outil de classification destiné à expliquer ce qui est peut-être considéré comme une activité verte ou durable], notamment au niveau européen, s'est concentré sur des sujets environnements. Nous devons désormais développer des outils et des standards comparables sur les critères sociaux et de gouvernance.

Boursorama : Qu'est-ce qui reste à faire selon vous pour que le label ISR devienne un standard de qualité reconnu par le grand public ?
Pierre Chabrol : Il y a un enjeu central d'éducation financière auquel les labels doivent participer. Concernant le label ISR, je dirais que notre mission est double. D'une part convaincre les gens acquis à l'ISR du sérieux de notre démarche et de notre degré d'exigence. Il faut que ces investisseurs aient confiance dans la qualité du label et c'est pour cela que nous le faisons évoluer constamment. D'autre part, c'est aussi expliquer et démontrer à ceux qui seraient plus circonspects sur la démarche ISR qu'à long terme la prise en compte de critères ESG est aussi un gage de rentabilité car elle prend en compte des risques qui ne sont pas matérialisés par la notation financière.

Propos recueillis par Laurent Grassin

3 commentaires

  • 16 février 09:13

    Seule la performance fera le succès d'un produit, pas l'empilement de labels incompréhensibles..


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