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POINT HEBDO-Les marchés s'accrochent à leur rêve d'une reprise en V
information fournie par Reuters 08/05/2020 à 10:58

* Les marchés parient sur un redémarrage de l'économie

* Leur optimisme peut paraître excessif

* Les indicateurs conjoncturels ne cessent de se dégrader

* Les perspectives des entreprises restent floues

par Patrick Vignal

PARIS, 8 mai (Reuters) - Le comportement récent des marchés financiers témoigne de la conviction des investisseurs que l'économie repartira vigoureusement sur la deuxième partie de l'année, un pari qui semble risqué au regard d'indicateurs conjoncturels et de perspectives de bénéfices des entreprises qui ne cessent de se dégrader.

L'appétit pour les actions est alimenté à la fois par l'espoir que les mesures de confinement ont permis d'enrayer la pandémie de coronavirus et par la conviction que les réponses massives apportées à la crise par les gouvernements et les banques centrales posent les bases d'un rebond solide.

Le redémarrage progressif de l'activité en Chine puis aux Etats-Unis et en Europe est cependant sous la menace d'une remontée du nombre de contaminations en cas de "déconfinement" trop précipité, voire d'une deuxième vague plus brutale que la première.

Quant à la reprise anticipée, elle pourrait être plus lente à se dessiner et plus graduelle que ce qu'escompte actuellement le marché, autrement dit plutôt en U qu'en V, préviennent plusieurs observateurs.

"Lorsque les perspectives du marché sont aussi volatiles, les investisseurs sont souvent influencés par leurs émotions et des préjugés qui se traduisent par des décisions d'investissement sous-optimales," lit-on dans une analyse signée NN Investment Partners.

Sur la base d'un indicateur intégrant des fondamentaux économiques et de marché ainsi que des données sur la confiance et une dose d'analyse comportementale, le tout avec le concours de l'intelligence artificielle, la société de gestion néerlandaise conclut que l'optimisme des investisseurs est excessif.

Les indicateurs récents ont pourtant témoigné de la chute du produit intérieur brut (PIB) dans les économies développées au premier trimestre et de l'explosion du chômage aux Etats-Unis, où plus de 30 millions de personnes ont perdu leur emploi depuis le 21 mars, en attendant des chiffres du deuxième trimestre sans doute encore plus mauvais.

"Face à ces événements, les marchés financiers peuvent paraître complaisants", souligne Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest. "Ils parient à l'évidence sur une reprise de l'activité mondiale au second semestre et sur l'appui sans limite des banques centrales."

LE CONTEXTE RESTE FAVORABLE AUX ACTIONS

Une nouvelle baisse d'ampleur est peu probable mais un ajustement n'est pas à exclure, notamment en raison de la résurgence du risque politique avec le regain de tension entre la Chine et les Etats-Unis, dit-on chez Sycomore Asset Management.

"Nous ne pensons pas qu'il y ait de baisse majeure à venir des marchés mais un ajustement de l'ordre de 10% à 15% nous paraît possible", estime Stanislas de Bailliencourt, responsable de l'allocation d'actifs pour la société de gestion.

Le contexte général n'en demeure pas moins favorable aux actions, avec une liquidité disponible abondante et peu de perspectives de rentabilité sur des actifs de substitution à la qualité dégradée, prolonge-t-il.

Gonflées par les largesses des banques centrales, les valorisations des actions sont très excessives lorsqu'on les compare à des prévisions de bénéfice qui ne cessent d'être revues à la baisse, fait valoir de son côté Albert Edwards, responsable de la stratégie monde chez Société Générale.

Des marchés naïfs veulent croire à un monde dans lequel les actifs continueront de prospérer grâce à une perfusion constante de liquidité, ajoute cet éternel pessimiste, qui avait prédit un effondrement des marchés avant même l'apparition du coronavirus.

"Nous sommes au milieu d'une révolution idéologique en matière monétaire et budgétaire", écrit-il dans une note.

"Des valorisations hypertrophiées reposent simplement sur la croyance en l'efficacité de la nouvelle idéologie. Pendant ce temps, l'écart entre la réalité du terrain et les espérances ne cesse de grandir."

LES INCERTITUDES DEMEURENT ÉLEVÉES

Les entreprises continuent en effet d'abaisser leurs prévisions ou de les retirer faute de visibilité, de renoncer à rémunérer leurs actionnaires et de couper dans leurs dépenses, notamment par des suppressions d'emplois.

L'économie mondiale est sur le point de redémarrer après avoir été durement frappée par la crise du coronavirus, n'en dit-on pas moins chez Swiss Life Asset Managers.

"Nombre de pays s'orientent vers un assouplissement progressif du confinement, en comptant sur les progrès de la recherche médicale", soulignent les experts de la société de gestion. "Que ce déconfinement soit souhaitable ou non sur le plan sanitaire (...), il pourrait limiter les dégâts économiques immédiats."

Les incertitudes restent cependant élevées, personne ne maîtrisant l'évolution d'un virus que des experts chevronnés avaient considéré dans un premier temps comme l'équivalent d'une simple grippe avant de revoir leur diagnostic.

"Le juge de paix restera évidemment la durée du virus, ce qui laisse une inconnue majeure à l'équation", explique Emmanuel Auboyneau (Amplegest). "L'organisation et le coût du déconfinement seront également des éléments importants."

Le retour de l'économie aux niveaux d'avant la crise risque en outre d'être beaucoup plus long que prévu et ne devrait pas être atteint pour les Etats-Unis avant le second semestre 2021, en raison des difficultés persistantes de certains secteurs et de l'impact sur la demande de l'explosion du chômage, prévient l'équipe de recherche de Swiss Life AM.

(édité par Blandine Hénault)

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