Lancement d’Orange Bank : le casse-tête de Richard
Après un premier report en juillet, la banque de l’opérateur pourrait être lancée à la fin de l’année ou au début de 2018.
ELSA BEMBARON
Avec Orange Bank, Stéphane Richard, PDG d’Orange (ici, en juin à Paris), veut démontrer sa capacité à insuffler une stratégie de rupture.
FINANCES Orange aura-t-il sa banque à Noël ? Rien n’est sûr. L’opérateur télécoms avait initialement prévu de lancer la commercialisation d’Orange Bank début juillet. Faute d’avoir obtenu des résultats pleinement satisfaisants lors d’une première phase de test, il avait décidé d’en reporter le lancement à l’automne. Finalement, ce pourrait être après les fêtes de fin d’année.
«Aucune décision n’a encore été prise», s’empresse de tempérer un porte-parole du groupe, pour qui un lancement reste possible avant la fin de l’année. « Les boutiques Orange n’ont pas les capacités pour absorber le surcroît d’activité lié au lancement d’Orange Bank alors qu’elles devront faire face à celui lié au lancement des nouveaux iPhone et aux fêtes de fin d’année », résume Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC. Traditionnellement, la fin de l’année est une période chargée pour les opérateurs télécoms, alors que les Français offrent volontiers des abonnements ou des smartphones pour Noël. Comme il n’est pas possible de décaler Noël, Orange pourrait donc repousser à début 2018 le lancement de sa banque. Toute la difficulté est de lancer la banque sans perturber le fonctionnement d’Orange France.
Le dossier est sensible chez Orange. À quelques mois du renouvellement de son mandat, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, joue gros sur cette opération. Il veut démontrer sa capacité à insuffler une stratégie de rupture à son groupe. Toutefois, ses meilleurs défenseurs se trouvent au sein même d’Orange. Peu de voix discordantes dans un concert de louanges.
Les syndicats y vont même de leur reconnaissance. « Sa reconduction est souhaitée par la grande partie des personnels d’Orange », souligne Sébastien Crozier, pour qui il serait compliqué de changer de PDG alors que plane la menace d’un désengagement de l’État au capital de l’opérateur. Même son de cloche à FO com, dont la déléguée syndicale Martine Bayard « salue le bilan social », sans faire d’angélisme. La question des effectifs et du non-remplacement d’un quart des départs à la retraite reste épineuse. D’autant qu’avec la banque de nouveaux besoins pourraient émerger.
Les problèmes résolus
Paradoxalement, la plupart des problèmes rencontrés au printemps ont été résolus, notamment le principal. Il portait sur la synchronisation des interfaces digitales - pour la partie banque en ligne - avec celles des boutiques. « Or, c’est justement là que se situe toute l’innovation, dans ce rapprochement entre le réseau physique et le numérique. Nous entrons dans l’ère du phigital (physique et digital) », ajoute Sébastien Crozier.
Ce retard présente, en outre, l’inconvénient de laisser à la concurrence le temps de s’organiser « alors que nous étions réellement en avance », regrette Martine Bayard. Stéphane Richard a dévoilé dès le printemps quelques atouts de son offre bancaire, dont la gratuité de la carte de paiement - sous certaines conditions -, la possibilité de créer un compte 100 % en ligne, l’accès à des services en boutiques avec des conseillers dédiés…
Alors, en attendant le grand soir, l’opérateur télécoms peaufine sa banque. Elle est déjà lancée « grandeur nature » en région Occitanie, pour les salariés du groupe dans douze boutiques. Dans le reste de la France, certains salariés peuvent souscrire en ligne. Parallèlement, des actions sont menées dans d’autres magasins, comme l’installation d’un distributeur automatique de billets (DAB) dans celui d’Arcueil (en région parisienne).
Des DAB devraient peu à peu être déployés dans les plus grandes boutiques du réseau Orange qui en compte 800 et dans les lieux de grandes concentrations de salariés de l’opérateur. Toutes ces actions permettent de tester encore et encore les procédures avant le jour J du lancement au grand public. Là, Stéphane Richard veut un sans-faute.