Des sauveteurs transportent le corps d'une victime hors des décombres d'un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne dans le quartier de Basta à Beyrouth, le 23 novembre 2024 au Liban ( AFP / - )
Quand il a été réveillé en sursaut par la frappe israélienne qui a visé, tôt samedi, le quartier populaire de Basta à Beyrouth, Samir a cru que son propre immeuble était visé.
"On dormait et soudain, on a entendu trois ou quatre missiles. La frappe était tellement puissante que j'ai cru que le bâtiment allait s'effondrer sur nous", a ajouté cet homme de 60 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.
"J'ai senti comme si c'était mon immeuble qui était visé", raconte Samir, qui habite en face du site de la frappe qui a fait au moins 20 morts et 66 blessés, selon les autorités libanaises.
Il s'est enfui en pleine nuit, avec sa femme et ses deux enfants.
"Nous avons vu deux morts qui gisaient par terre, les enfants ont commencé à pleurer et leur mère encore plus", poursuit-il.
Les habitants de quartiers plus éloignés de la capitale, relativement épargnée par les frappes israéliennes qui s'acharnent surtout sur la banlieue sud, bastion du Hezbollah pro-iranien, ont été réveillés en sursaut par les explosions.
Samedi matin dans le quartier de Basta, une odeur âcre de poudre imprègne l'air, se mêlant à la poussière soulevée par les pelleteuses et les secouristes qui fouillent les décombres, au milieu d'un paysage de désolation.
Des sauveteurs dans les décombres de bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le quartier de Basta à Beyrouth, le 23 novembre 2024 au Liban ( AFP / - )
La frappe a rasé un immeuble dans une ruelle densément peuplée, laissant un profond cratère, et tout autour des amas de pierre et de ferraille, des bâtiments éventrés et des fenêtres soufflées.
L'Agence nationale d'information (Ani) a indiqué que le raid a été mené par des "bombes perforantes" conçues pour détruire les fortifications.
L'armée libanaise bloque l'accès au site, alors que des habitants s'approchent pour demander des nouvelles. Des militants du Hezbollah sans armes surveillent le secteur.
Une source de sécurité libanaise a affirmé qu'un "haut responsable du Hezbollah était visé" par le raid --sans pouvoir dire s'il avait péri-- mais un député du Hezbollah, Amin Cherri, a démenti qu'un dirigeant du mouvement ait été ciblé à Basta.
- "En hurlant de terreur" -
"C'est la première fois que je me réveille en hurlant de terreur", déclare à l'AFP Salah, un habitant de Basta, âgé de 35 ans.
Des sauveteurs dans les décombres de bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le quartier de Basta à Beyrouth, le 23 novembre 2024 au Liban ( AFP / Fadel ITANI )
"Je ne sais pas comment exprimer la peur que j'ai ressentie", ajoute Salah, un père de deux enfants qui s'est précipité dehors lui aussi alors qu'il faisait encore nuit.
Le même quartier a déjà été la cible d'une frappe une première fois le 10 octobre, qui visait le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah, Wafic Safa.
Ce dernier a survécu, selon une source sécuritaire, mais la frappe et une autre sur le quartier voisin de Noueiri avaient fait au total 22 morts et 117 blessés.
Depuis une semaine, quatre frappes ont visé le coeur de Beyrouth, alors que les raids sur la banlieue sud, désertée par la plus grande partie de ses habitants, s'intensifient.
Samedi matin, de nouveaux raids ont visé la banlieue sud, après des appels de l'armée israélienne, postés sur les réseaux sociaux, à évacuer.
La frappe sur Basta n'a par contre pas été précédée par un appel à évacuer.
( AFP / - )
Après un an de violences transfrontalières, Israël mène depuis le 23 septembre une campagne de frappes intensives visant notamment les bastions du Hezbollah, dans la banlieue sud, le sud et l'est du Liban.
Depuis le 8 octobre 2023, plus de 3.670 personnes ont été tuées au Liban, selon le ministère de la Santé, la plupart depuis le 23 septembre.
Comme d'autres quartiers populaires de Beyrouth, Basta accueille depuis le début de l'escalade des déplacés des zones violemment bombardées.
Samir a décidé de regagner son appartement, endommagé par la frappe de samedi. "Où est-ce que je pourrais aller?", demande-t-il." Tous mes proches et mes frères et sœurs ont été déplacés de la banlieue sud et du sud du Liban".
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