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Flambée de l'électricité : "l'État protégera" les consommateurs, même si cela doit lui coûter cher, assure Barbara Pompili
information fournie par Boursorama avec Media Services 03/12/2021 à 12:55

Pour les industriels consommateurs d'énergie, qui craignent des fermetures d'usines début 2022, la ministre de la Transition écologique n'a pas donné d'indications précises sur ce que prévoit le gouvernement.

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili à l'Assemblée, le 30 novembre 2021. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili à l'Assemblée, le 30 novembre 2021. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Face à la flambée des prix de l'électricité, "l'État protégera" les consommateurs en garantissant la limitation de la hausse à 4% pour les particuliers, même si cela doit lui coûter cher, a de nouveau assuré vendredi 3 décembre sur BFM Business la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

Selon des experts du secteur cités par Le Figaro vendredi, le "bouclier tarifaire" annoncé fin septembre par le gouvernement devrait coûter beaucoup plus cher que prévu au budget de l'État, aux alentours de 12 milliards d'euros. Le gouvernement pensait initialement débourser 4 milliards d'euros pour cette promesse puis avait prévu 5,9 milliards dans la nouvelle version du budget 2022 présenté mi-octobre. Aujourd'hui, ni Bercy ni le ministère de la Transition écologique ne s'avancent à chiffrer cette mesure. "Il est trop tôt pour le dire, les prix évoluent constamment. Mais effectivement l’Etat prendra les mesures nécessaires en fonction du niveau constaté de la hausse en février", indique l'entourage de Barbara Pompili.

Ce sera "plus de 10 milliards", a estimé pour sa part Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Energie. La prévision 2022 pour le tarif réglementé de vente (TRV), dont le gouvernement entend bloquer la hausse, ne cesse de s'envoler, augmentant toujours plus l'effort budgétaire nécessaire pour le maintenir à 4%. Le gouvernement pensait que ce TRV aurait dû prendre 12% en février prochain mais les experts parlent désormais d'une augmentation de près de 25%.

"Quoi qu'il arrive, l'État protégera", a répété vendredi Barbara Pompili, estimant que "ce n'est jamais une folie d'accompagner nos concitoyens dans des moments de crise".

La ministre a aussi incité à "consommer moins d'énergie", notamment en accélérant les travaux de rénovation et d'isolation des bâtiments soutenus financièrement par l'État, via le système "Ma Prim'Renov".

Craintes de fermetures d'usines en 2022

Pour les industriels consommateurs d'énergie, Barbara Pompili n'a pas donné d'indications précises sur ce que prévoit le gouvernement. Ils se disent étranglés à la fois par l'envolée des prix sur le marché et par les limitations dont ils font l'objet pour l'accès à des prix régulés plus bas (système Arenh). Certains craignent des fermetures d'usines début 2022.

Le mécanisme Arenh (pour "accès régulé à l'électricité nucléaire historique") permet depuis 2011 aux fournisseurs alternatifs et aux industriels dits "électro-intensifs" d'acheter de l'électricité nucléaire d'EDF à un prix fixe et plutôt modeste, de 42 euros par MWh. Ce prix, basé sur les coûts de production du nucléaire en France, est très avantageux par rapport aux cours de l'électricité sur le marché spot (comptant), sur lequel s'approvisionnent les industriels lorsqu'ils ne peuvent plus bénéficier de prix régulés.

Mercredi soir, les gros consommateurs d'électricité, fournisseurs alternatifs et industriels, ont appris qu'ils ne recevraient que 62,37% de leurs demandes d'électricité bon marché en 2022, le plafond disponible de l'Arenh fixé à 100 TWh n'ayant pas été relevé par le gouvernement. Leurs demandes portaient sur 160,36 TWh pour l'année. "C'est le taux d'écrêtement le plus important jamais connu" a noté l'Union des industries utilisatrices d'électricité (Uniden), dans laquelle on retrouve notamment sidérurgistes, chimistes ou producteurs d'engrais, gros utilisateurs d'électricité.

"Concrètement cela signifie que les industriels électro-intensifs situés en France vont devoir compléter une partie importante de leur approvisionnement sur le marché dès les prochains jours dans les pires conditions de prix qui soient", souligne l'Uniden dans un communiqué. "Un certain nombre de sites envisagent donc d'adapter leur production en conséquence, jusqu'à l'arrêt complet pour certains profils", affirme l'Uniden.

Déjà plusieurs d'entre eux ont procédé ces dernières semaines à des baisses de production comme l'usine de zinc Nyrstar à Auby (Nord), l'aciérie électrique de LME Beltrame près de Valenciennes (Nord), l'électrolyse de chlore de Kem One à Fos-sur-mer. Sans parler d'Ascoval qui produit de l'acier décarboné, passée à deux doigts de délocaliser une partie de sa production en Allemagne, où l'acier, produit à partir de charbon, coûte moins cher qu'en France, alors qu'il émet beaucoup de CO2.

Vers une évolution du marché européen ?

"Notre priorité est de faire en sorte que l'évolution du prix de l'énergie pénalise le moins possible les entreprises", a simplement réagi vendredi Barbara Pompili. "Pour les entreprises énergo-intensives", le gouvernement a "travaillé pour trouver des solutions à court et moyen terme" car "on voit bien que la volatilité des marchés ne va pas se terminer", a-t-elle ajouté.

L'une de ces solutions passe, selon Bercy, par une évolution du marché européen de l'électricité dont les cours sont calés sur les coûts des producteurs les plus émetteurs de carbone sur le continent. "Nous voulons montrer que de la même manière que l'Europe évolue, ce marché peut évoluer aussi", a indiqué Barbara Pompili, "tout en gardant ses fondations protectrices" qui permettent les interconnections rapides entre pays et évitant ainsi les blackouts sur le continent.

La ministre a répété que la France était soutenue dans sa proposition par cinq pays, "l'Espagne, l'Italie, la Roumanie, la Grèce et Malte" qui souffrent aussi beaucoup de l'envolée de l'électricité. Lors de la réunion du Conseil européen de l'Énergie qui s'est tenue jeudi, la France "a fait des propositions à la Commission pour faire évoluer ce marché et tenir compte de la décarbonation des mix. Ça peut aider les pays qui font des efforts pour décarboner à pouvoir le répercuter sur les consommateurs", a estimé la ministre.

8 commentaires

  • 03 décembre 16:43

    SI le gouvernement n'avait pas dilapidé notre pognon en fermant Fessenheim en subventionnant des énergies coûteuses et inutiles il n'aurait pas à protéger par la suite les consommateurs.


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