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ECLAIRAGE-Brexit-Même le trading algorithmique a jeté l'éponge
information fournie par Reuters 04/04/2019 à 13:16

    * Trop d'infos pour que les ordinateurs puissent les traiter
    * Les algorithmes déboussolés par le nombre des intervenants
    * Des fonds ont cessé de traiter le sterling au vu des
incertitudes
    * Les teneurs de marchés se couvrent, hausse des coûts de
trading

    par Saikat Chatterjee
    LONDRES, 4 avril (Reuters) - Le Brexit est devenu tellement
inextricable qu'il en épuise même la capacité de calcul des
ordinateurs. 
    Les programmes de transactions automatisées à l'origine
d'une large proportion des quelque 5.100 milliards de dollars
échangés chaque jour sur le marché des changes peinent à traiter
le déluge de nouvelles souvent contradictoires sur les efforts
du Royaume-Uni pour sortir de l'Union européenne, ce qui
renchérit et accroît les risques liés aux prises de positions
sur la livre.
    Après le triple échec de la première ministre Theresa May à
faire adopter par le Parlement l'accord de divorce qu'elle a
négocié avec ses partenaires européens, la confusion est à son
comble et personne ne sait trop qui est désormais en charge du
processus, quand, comment et même si la sortie de l'UE finira
par intervenir. 
    Aux dissensions internes au gouvernement s'ajoutent celles
au Parlement, y compris au sein même de chacune des deux
principales formations - conservateurs au pouvoir et
travaillistes dans l'opposition - ce qui multiplie le nombre des
personnalités susceptibles d'influencer le cours déjà très
chaotique des événements, désorientant les algorithmes de
traitement des nouvelles, qui analysent les déclarations de
responsables en vue avant de déclencher des ordres d'achat ou de
vente. 
    "Les modèles sont plutôt fondés sur des données
quantitatives et sur la comparaison entre les données publiées
et leur historique", rappelle Neil Jones, responsable des ventes
sur les devises aux fonds spéculatifs chez Mizuho. 
    "Les nouvelles sur le Brexit les ont déstabilisés en raison
du très grand nombre de personnalités susceptibles de faire
bouger la devise au cours d'une même journée."
    
    LES ORDINATEURS DÉCONCERTÉS
    Les algorithmes de traitement des nouvelles sont une des
dimensions de la révolution à l'oeuvre dans le fonctionnement
des salles de marché des banques et des gérants d'actifs,
marquée par le remplacement des traders par des ordinateurs afin
de réduire les coûts d'intermédiation et d'accélérer la
fréquence des transactions, réduite dans certains cas au
millionième de seconde. 
    Les modèles de transactions automatisés, historiquement
développés pour traiter des données économiques et les
communiqués de banques centrales, peuvent pour certains d'entre
eux analyser en une fraction de seconde des flux d'informations
ou un déluge de tweets avant de passer un ordre dans un sens ou
dans l'autre. 
    Le problème est qu'avec le Brexit, le flux de nouvelles est
tel que les ordinateurs ne peuvent plus suivre. Ainsi Reuters a
publié 400 informations par jour en moyenne sur le Brexit au
cours des dernières semaines contre une quinzaine de nouvelles
sur la politique au Royaume-Uni avant que la question ne prenne
une telle ampleur. 
    Bloomberg a de son côté multiplié par quatre le volume des
informations sur le Brexit depuis l'automne dernier avec plus de
1.000 nouvelles sur le sujet certains jours, comme le 12 mars,
marqué par le deuxième vote de rejet de l'accord de Theresa May
par le Parlement, a dit une porte-parole de l'agence. 
    Le processus de décision et de vote des résolutions au
Parlement sur le Brexit s'est aussi révélé très déconcertant
pour les ordinateurs et leurs modèles. 
    Des procédures parlementaires britanniques absconses sont
désormais au coeur même du processus de décision et des
personnalités dont les prises de position étaient jusqu'à
présent ignorées par les algorithmes sont sur le devant de la
scène. 
    Le speaker de la Chambre des Communes, John Bercow, a ainsi
fait décrocher la livre le mois dernier quand il a annoncé que
Theresa May ne pourrait pas soumettre à nouveau son projet
d'accord au Parlement dans les mêmes termes que précédemment.
    
    COUP DE POUCE 
    Le cours de la devise est devenu tellement sensible à toute
indication que même un signe de main peut l'affecter. 
    Ainsi le 6 novembre, Dominic Raab, qui était alors encore
ministre en charge du Brexit, a fait monter la livre en levant
le pouce après une réunion du conseil des ministres, un geste
qui a déjoué des machines programmées pour analyser des mots.
    Ce coup de pouce venait après un tweet mettant en garde sur
un Brexit sans accord de Jeffrey Donaldson, l'un des dix députés
nord-irlandais du DUP, dont dépend la majorité de May au
Parlement. 
    
    
    Peu de données sont disponibles sur la part du trading
algorithmique sur la livre mais elle ne devrait pas être trop
éloignée de la tendance générale sur le marché des changes,
sachant qu'elle atteint 70% sur la plate-forme de transactions
EBS, l'une des principales du marché, selon des estimations de
la Banque des règlements internationaux (BRI) publiées en
septembre.
    Cette proportion n'était que de 25% en 2008. 
    
    
    Il n'y a aucune donnée officielle sur la part des
transactions sur le marché des changes réalisées par des
algorithmes de traitement des nouvelles mais trois cambistes de
banques londoniennes l'ont estimée à moins de 10%. 
    Une proportion sans doute bien inférieure en ce moment sur
la livre en raison de l'imbroglio du Brexit. 
    Certains fonds spéculatifs ont préféré renoncer purement et
simplement à traiter sur la livre, les modèles auxquels ils
recourent habituellement se révélant inopérants, a dit un
cambiste d'une grande banque d'investissement britannique. 
    Ces modèles s'appuient sur les indicateurs économiques et
les anticipations sur les mouvements de taux directeurs de la
banque d'Angleterre, des facteurs passés au second rang derrière
les déclarations et de développements politiques, a-t-il
expliqué.
    Certaines banques font en sorte que les transactions sur la
livre ne soient pas totalement laissées à l'initiative de
modèles algorithmiques tandis que d'autres limitent le montant
des ordres et les fourchettes de prix pour éviter de trop
grosses pertes. 
    "Si c'était votre job et vu la complexité du Brexit, est-ce
que vous voudriez vraiment préprogrammer quelque chose qui se
déclencherait automatiquement et prendre un risque important en
faisant cela ?", a dit David Leigh, responsable mondial du
trading électronique et au comptant de Deutsche Bank. 
    "Probablement pas."
    
    TURBULENCES ET AVERSION AU RISQUE 
    Les teneurs de marché sur les changes, qui achètent et
vendent des devises pour leur propre compte, utilisent aussi des
algorithmes pour déterminer leurs fourchettes de prix à l'achat
et à la vente. Et le Brexit a aussi rendu cette tâche plus
difficile. 
    Pour éviter de se trouver pris au dépourvu par une nouvelle,
les teneurs de marché programment leurs algorithmes pour élargir
l'écart entre les prix offerts à l'achat et à la vente. 
    Mais cet écartement des fourchettes renchérit le coût des
transactions sur la livre. Le coût moyen sur une transaction
standard de 10 millions de livres, prenant en compte la
fourchette achat-vente, a ainsi atteint 2,9 "pips" la semaine
dernière contre 1,9 en octobre, a dit Rob Turner, trader
quantitatif chez RBC Capital Markets. 
    
    
    En conséquence, les volumes d'échange se réduisent, les
investisseurs restant à l'écart dans l'attente d'une issue au
Brexit. Les volumes de transactions quotidiens sur la livre
était de l'ordre de 65 milliards de dollars le mois dernier
contre 100 milliards de dollars avant le référendum sur le
Brexit de juin 2016, selon CLS, l'un des principaux acteurs de
la compensation et du règlement sur le marché des changes.
    La volatilité de la livre évolue dans le même temps à des
plus hauts de plus de deux ans et a triplé par rapport depuis la
fin février alors que la volatilité en général a plutôt décru. 
    La livre a perdu 13% de sa valeur par rapport au dollar
depuis le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union
européenne mais la confusion règne sur la direction qu'elle
pourrait prendre dans les prochaines semaines. 
    Buford Scott, associé de Stelrox Capital Management, un
cabinet de gestion patrimoniale, qui réalisé des gains en
prenant des positions sur la livre au moment du référendum, se
tient aujourd'hui à l'écart. 
    "Le trading sur la livre se caractérise par des turbulences
et une aversion au risque, ce qui se traduit par d'importants
écarts de cours et des marchés sans direction, lesquels se
révèlent généralement non rentables pour des stratégies
systématiques", résume-t-il. 
    
    

    <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Share of Etrading in FX    https://tmsnrt.rs/2V0Z8fV
implied volatility in pound and euro    https://tmsnrt.rs/2V2lT2S
Sterling ranges    https://tmsnrt.rs/2HN5z3o
Day in the life of sterling    https://tmsnrt.rs/2IauH3h
    ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^>
 (avec Ritvik Carvalho pour les graphiques et Tommy Wilkes; Marc
Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)
 

1 commentaire

  • 04 avril 13:49

    Il reste les prop traders « ancienne génération » qui prennent une position en fonction des probabilités qu'ils décident eux-mêmes et pas des calculs ridicules qui n'ont aucun sens dans ce type de configuration.


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