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ENCADRÉ -Les objectifs climatiques du nouveau gouvernement allemand sont-ils réalistes ?
information fournie par Reuters08/12/2021 à 17:34

(Rpt coquille titre)

par Vera Eckert

FRANCFORT, 8 décembre (Reuters) - Le nouveau gouvernement allemand affiche sa volonté d'accélérer la lutte contre le changement climatique, une stratégie qui passe par des réformes en profondeur dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie, du bâtiment, des transports et de l'agriculture.

Les objectifs défendus par la coalition rassemblant sociaux-démocrates, libéraux et écologistes (ces derniers héritant d'un "super-ministère" de l'Economie et de l'Energie) sont déjà la cible de nombreuses critiques dans l'opposition comme dans les milieux économiques et financiers hors d'Allemagne, certains doutant de la capacité du gouvernement d'Olaf Scholz à les atteindre.

80% DE RENOUVELABLES, SEULEMENT POUR L'ÉLECTRICITÉ

La coalition veut porter à 80% la part des énergies renouvelables dans le "mix" électrique allemand d'ici 2030 contre 65% visés auparavant, ce qui implique de multiplier par plus de trois les capacités de production d'électricité solaire et d'augmenter d'un tiers celles du parc éolien.

La coalition table sur une demande annuelle d'électricité de 680 à 750 térawattheures d'ici 2030, soit une hausse d'un tiers par rapport à cette année.

Mais l'objectif affiché ne signifie pas que Berlin entend "décarboner" 80% de la totalité de la consommation d'énergie du pays: puisque l'électricité ne représente que 20% du "mix" énergétique primaire, il laisse une large place aux hydrocarbures dans d'autres usages, comme le chauffage ou le transport.

L'ESSOR ANNONCÉ DE L'ÉOLIEN ET DU SOLAIRE EST-IL CRÉDIBLE ?

Les compagnies d'électricité allemandes représentent un peu moins d'un tiers des émissions totales de gaz à effet de serre du pays et si elles ont été plus rapides que d'autres à engager la transition vers la sortie du carbone, la coalition entend accélérer le mouvement en promettant de supprimer tous les obstacles existants.

Les capacités de production d'électricité renouvelable représentent déjà 50% du total, contre 10% il y a dix ans et 3% il y a 20 ans.

Mais la compagnie BDEW estime que les nouveaux déploiements pourraient être insuffisants pour atteindre les objectifs fixés pour 2030.

Ceux-ci supposeraient par exemple qu'entre 25 et 38 éoliennes soient mises en service chaque semaine, contre huit en 2020.

QUEL IMPACT SUR LES RÉSEAUX DE DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ ?

Le développement des réseaux électriques devra être accéléré afin d'absorber la production supplémentaire du secteur des renouvelables et de permettre une meilleure coordination du stockage comme du suivi de la consommation.

Le gouvernement a demandé à l'autorité de réglementation du secteur de l'énergie de lui présenter de nouveaux projets d'ici 2023.

Le président du directoire de la compagnie E.ON EONGn.DE , Leonhard Birnbaum, a déclaré que la coalition avait admis la nécessité d'assurer les financements et les conditions d'investissement nécessaires.

COMMENT LE CHARBON ET LE NUCLÉAIRE SERONT-ILS REMPLACÉS ?

La sortie du nucléaire en 2022 et celle du charbon, en principe d'ici 2030, risquent de se traduire par un manque de capacités et de favoriser la hausse de prix déjà élevés.

Certains cercles de réflexion et responsables politiques estiment que pour prévenir toute pénurie, les capacités de production d'électricité alimentées par le gaz naturel devront augmenter de 18 à 44 gigawatts d'ici 2035.

Les nouvelles centrales devraient en outre disposer de capacités de capture et de stockage de CO2 tout en étant capables de consommer de l'hydrogène, ce que le secteur juge possible à condition que les prix évoluent en conséquence.

QUELLES CONSÉQUENCES POUR LE GAZ NATUREL ?

Le gaz, qui émet environ deux fois moins de CO2 que le charbon à production équivalente, s'est vu assigner le rôle d'énergie de transition acceptable sur la voie de la neutralité carbone.

Son rôle devrait donc se développer non seulement dans la production d'électricité mais aussi dans les infrastructures (les centrales, les gazoducs ou encore les sites de stockage), appelées à être progressivement converties à l'utilisation d'hydrogène "vert" produit par les parcs éoliens et solaires.

Des organisations de défense de l'environnement dénoncent une stratégie qui "ouvrirait la porte à une histoire de 20 ans avec une autre énergie fossile", sans pour autant proposer une solution alternative.

L'HYDROGÈNE PEUT-IL ÊTRE LA SOLUTION ULTIME ?

Le nouveau gouvernement vise une capacité de 10 gigawatts d'électrolyse "verte" d'ici 2030, soit deux fois l'objectif annoncé l'an dernier par le cabinet Merkel, sur laquelle s'appuierait le développement d'une filière hydrogène appelée à se substituer à terme à celle du gaz.

Mais cette capacité serait encore insuffisante et Berlin devrait aussi chercher à nouer des partenariats avec des pays comme le Maroc, le Chili ou l'Arabie saoudite en vue d'importer de l'hydrogène "propre" pour alimenter ses industries.

Le géant de la chimie BASF BASFn.DE consomme à lui seul plus de 1% de la totalité de l'électricité produite en Allemagne et le sidérurgiste Thyssenkrupp TKAG.DE produit entre 2% et 2,5% de l'ensemble des émissions de CO2 du pays.

QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES TRANSPORTS ET LE CHAUFFAGE ?

La fin du moteur à combustion est désormais inscrite à l'ordre du jour, Berlin visant pour 2030 15 millions de voitures électriques et un million de stations de recharge.

Parallèlement, la moitié des capacités de chauffage devrait être "verdie" d'ici 2030, contre 14% aujourd'hui.

QUEL RÔLE POUR LE PRIX DU CO2 ?

Le gouvernement Scholz prévoit d'utiliser le prix du CO2 comme mécanisme incitatif et d'assurer que ce prix ne tombera pas en dessous de 60 euros la tonne sur le marché intérieur si l'Union européenne ne parvient pas à s'accorder sur un prix plancher.

Ce prix est actuellement légèrement inférieur à 90 euros.

CFI2c1

(Reportage Vera Exckert, avec Tom Kaeckenhoff, version française Marc Angrand avec Benjamin Mallet)

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1 commentaire

  • 08 décembre17:18

    Quelles contorsions ! Il n'y a que des coupures de courant liées aux " renouvelables " ( parce que soleil et vent en ce moment , il n'y en a point ) qui ramèneront les Allemands les pieds sur terre . .


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