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L’ISR ne perce toujours pas dans le retail
information fournie par Newsmanagers 03/10/2022 à 15:15

(NEWSManagers.com) - L’investissement socialement responsable (ISR) est sur toutes les lèvres des professionnels de la finance. Mais les investisseurs individuels ne la connaissent toujours pas. Le sondage annuel Ifop publié par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) à l’occasion de sa semaine de la finance responsable, lancée ce lundi à l’Académie du Climat, fait ressortir des chiffres assez stables et faibles concernant la notoriété de l’ISR. Selon celui-ci, seulement 11% des épargnants ont entendu parler de l’investissement socialement responsable, et 7% ont investi dans des fonds ISR. Pourtant, 60% des Français pensent que les enjeux sociaux et environnementaux sont importants en matière de placements.

L’institut de sondage Ifop explique cet écart, une nouvelle fois, par la faiblesse de la promotion de cette approche par les banques traditionnelles. Ainsi, selon l’étude, seulement 8% des épargnants se sont vu proposer une offre ISR par leur conseiller bancaire. Pourtant, un quart d’entre eux sont prêts à investir dedans. L’appel aux réseaux bancaires est à nouveau lancé puisque, selon le sondage, deux-tiers des investisseurs individuels font avant tout confiance en leur banquier pour choisir leurs supports.

L’intérêt populaire pour l’ISR est donc là. Mais les épargnants restent sceptiques. Si près de la moitié des sondés pensent que l’approche peut avoir un impact, les trois-quarts voient dans ces trois lettres avant tout un argument marketing, et 71% pensent qu’elle va dégrader la rentabilité. Une approche pour résoudre cette défiance pourrait être de répondre aux attentes pratiques des consommateurs. Les épargnants ont déclaré vouloir avant tout avoir un impact sur le climat, la pollution, les droits humains et le bien-être au travail. Les sujets de gouvernance sont, eux, quelque peu ignorés. A l’inverse des pratiques professionnelles.

Besoin de clarifications pour gommer le blabla vert

Et l’émergence de l’idée de greenwashing dans les débats entre experts risquent bien de peser négativement dans le développement de cette offre, alors que le sujet émerge à peine dans les consciences. La tentative de "verdisation" des acteurs économiques a été profondément remise en cause par les quatre participants d’un débat sur le sujet organisé à l’occasion du lancement de cette semaine de la finance responsable.

La dissonance entre les mots et les actes est perçue par les consommateurs, et cela affecte la crédibilité d’une possible transition via l’ISR. Par exemple, « la neutralité carbone est utilisée comme un outil marketing », selon Valérie Martin, cheffe du service Mobilisation Citoyenne et Médias de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). La responsable estime que les entreprises utilisent à tort et à travers le concept, dont l’usage devrait se limiter aux Etats. Cela occulte, selon elle, le véritable sujet de la réduction brute des émissions carbones, induit en erreur les citoyens sur les efforts de consommation à fournir pour réduire l’impact sur le changement climatique, et pénalise les institutions qui réalisent de véritables efforts.

Les ONG présentes ont, pour leur part, ciblé avant tout les acteurs financiers. Elles expliquent que, notamment, les banques peuvent utiliser une imagerie verte, alors que « chacune des trois grandes banques du CAC 40 ont une empreinte carbone plus importante que la France », rappelle Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et Climat chez Oxfam France. La raison principale, leurs financements de nouveaux projets dans les énergies fossiles. Il estime toutefois que La Banque Postale et Crédit Mutuel ont réalisé des efforts en matière de plans de transitions du financement d’énergies fossiles.

La conseillère en gestion de patrimoine Pascale Baussant a, elle aussi, un peu critiqué l’industrie de la gestion d’actifs. « Je partage le sentiment de défiance envers certains produits d’investissements, notamment à cause de la présence [d’entreprise du secteur des] énergies fossiles [dans les portefeuilles]. Les épargnants demandent systématiquement s’il y en a, et si oui, ils n’en veulent pas », témoigne-t-elle. La fondatrice de Baussant Conseil a indiqué favoriser le label Greenfin, qui exclut notamment les énergies fossiles, mais a regretté que peu de produits s’y conforment.

L’autrice du livre « Agir pour le climat en famille » a également rappelé qu’au final, le sujet central reste la méconnaissance des épargnants. L’obligation à venir pour les conseillers en gestion de patrimoine de demander les préférences en matière de durabilité, conformément à la réglementation Mifid 2, devrait faire réfléchir les épargnants, rappelle-t-elle. Et si le sondage du jour lui donne raison en matière d’envie de plus d’ISR, la puissance de communication reste entre les mains des grands groupes. Pour corriger la situation, il resterait alors deux approches : la normative, via le pouvoir politique, vers laquelle tend Alexandre Poidatz, et la prise de conscience individuelle, notamment au niveau des élèves d’institutions prestigieuses, pour Remi Vanel du collectif « Pour un réveil écologique ». Le premier compte sur l'Etat pour poser un nouveau cadre forçant à l'investissement durable, tandis que le second souhaite que les élèves et les enseignants se forment davantage sur ces sujets. Les nouvelles générations vont peut-être faire prochainement bouger les chiffres du sondage. En espérant qu’elles soient bien rémunérées…

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