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Rapport du GIEC : pourquoi le détail compte pour les investisseurs en énergie
information fournie par SCHRODERS 25/10/2021 à 10:56

(Crédits photo : Unsplash - Jason Blackeye )

(Crédits photo : Unsplash - Jason Blackeye )

Par Mark Lacey, Responsable actions ressources naturelles et transition énergétique


Batteries, voitures électriques et éoliennes ; un investisseur dans le thème de la transition énergétique explique ce qui a changé suite au rapport du GIEC de cette semaine.

Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies va choquer de nombreuses personnes.

Les données parlent d'elles-mêmes et mettent en évidence le défi le plus important auquel sera confrontée l'humanité au cours des 100 prochaines années. Nous nous attendons à ce que le rapport du GIEC choque les chefs de gouvernement et aboutisse à la mise en œuvre de politiques concrètes lors du sommet COP26 sur le changement climatique en novembre.

Ces politiques fourniront un cadre plus transparent aux acteurs du secteur pour accélérer l'investissement et la transition énergétique. En investissant dans des sociétés durables, leaders de leur secteur dans des domaines tels que les batteries, les véhicules électriques et l'éolien, les investisseurs contribuent à la transition tout en récoltant les bénéfices d'une croissance durable et source de profits.

La transition énergétique est un défi énorme, mais doit également être considérée comme une opportunité formidable.

Rapport du GIEC : un document éducatif et crédible

L'actualité de cette semaine a été dominée par le rapport du GIEC. Dans ce rapport de 42 pages, le GIEC résume ses conclusions sur l'état actuel du climat mondial à l'intention des leaders mondiaux.

Ce rapport est TRÈS important et nous sommes convaincus qu'il aura une influence notable sur les réflexions, les actions et les politiques futures de tous les dirigeants politiques lorsqu'ils se réuniront pour le sommet COP26 sur le changement climatique à Glasgow dans quelques mois. Selon nous, tout le monde devrait lire ce rapport, car il est extrêmement crédible.

Il résume le travail réalisé sur plusieurs années par les meilleurs scientifiques environnementaux au monde. Il est important de noter que pour éviter toute ambiguïté et controverse, les conclusions sont approuvées par les décideurs mondiaux, avant que le rapport ne soit publié.

Les principaux constats

Juste avant la publication du rapport, des tendances météorologiques extrêmes et imprévisibles qui deviennent de plus en plus fréquentes sont venues se rappeler à notre souvenir. Tout d'abord, des inondations catastrophiques en Allemagne, qui ont tué plus de 100 personnes et infligé d'importants dommages aux infrastructures. Puis, trois semaines plus tard, les nombreux incendies en Turquie et en Grèce, qui ont détruit des milliers d'hectares et fait de nouvelles victimes.

Les données le font apparaître clairement et le rapport le souligne explicitement :

« Le changement climatique provoqué par l'homme affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Les preuves des changements observés dans les extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux et, en particulier, de leur attribution à l'influence humaine se sont renforcées depuis le cinquième rapport dévaluation (RE5) du GIEC (2013) »

Les cinq dernières années ont été les plus chaudes depuis 1850. Parallèlement, les températures à la surface du globe ont été en moyenne 1,1 degré Celsius supérieures au cours de la dernière décennie par rapport à la moyenne observée sur la période 1850-1900. Malgré ces constatations, certains s'interrogent encore sur l'influence humaine, mais les données sont claires et les preuves sont sans équivoque.

Evolution des températures entre 1850 et 1990.

Evolution des températures entre 1850 et 1990.

Pour les estimations prospectives de l'élévation des températures de la Terre (et de l'impact sur l'atmosphère, la cryosphère, les océans et la biosphère), le groupe de scientifiques a présenté cinq scénarios d'évolution du climat et des températures. Ils sont influencés par la mesure dans laquelle les émissions de GES (CO2 et hors CO2) augmentent ou diminuent (en utilisant 2015 comme année de base).

Les conclusions de l'analyse sont inquiétantes, mais dans le même temps, elles soulignent l'importance et la responsabilité que nous avons tous de réduire les émissions pour la sécurité de nos générations futures.

« La température de surface continuera d'augmenter au moins jusqu'au milieu du siècle dans tous les scénarios d'émissions envisagés. Le réchauffement climatique de 1,5°C et 2°C sera dépassé au cours du 21e siècle à moins que des réductions radicales des émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre n'interviennent dans les prochaines décennies ».

Nous avons déjà atteint un point de bascule. Cela signifie que de nombreux effets du changement climatique sont désormais inévitables dans tous les scénarios, que ce soit les conditions météorologiques plus extrêmes, la fonte à grande échelle des glaces de l'Arctique ou l'élévation du niveau de la mer.

Pour mettre en contexte ce que révèlent les données, nous devons non seulement atteindre zéro émission nette dans le monde d'ici 2050, mais nous devrons également éliminer de manière préventive le carbone de l'atmosphère à partir de cette date afin de limiter la hausse de la température de la Terre à entre 1 et 1,9 degré Celsius d'ici 2100.

COP26 - Une politique mondiale nécessite un prix mondial du carbone

Nous pensons que la réunion de la COP26 à Glasgow sera importante, car c'est la première Conférence des Parties à revoir et à renforcer les engagements de l'Accord de Paris. Toutefois, le rapport du GIEC a mis en évidence le défi considérable qui se profile.

En outre, ce sera la première réunion officielle depuis le début de la pandémie de Covid-19. Nous pouvons donc nous attendre à ce que les nations s'efforcent d'équilibrer leurs projets de reconstruction des économies sans causer de dommages supplémentaires à l'environnement. Le Royaume-Uni est un précurseur dans ce domaine et vise à utiliser la présidence de la COP26 comme l'occasion d'appeler tous les pays à fixer des objectifs de réduction des émissions pour 2030 qui nous placent sur la voie du zéro émission nette d'ici 2050.

La COP26 sera également la première réunion depuis que les États-Unis ont réintégré l'Accord de Paris. Les engagements des États-Unis, en particulier, devraient encourager une politique mondiale qui, par le biais d'investissements et d'un cadre plus transparent, stimule le changement nécessaire dans tous les secteurs, afin d'atteindre les objectifs de zéro émission nette en 2050.

En outre, nous nous attendons également à ce que davantage de pays discutent de l'objectif d'adopter des mécanismes formels de tarification du carbone (taxes ou systèmes d'échange) et potentiellement des mécanismes d'ajustement carbone aux frontières (MACF).

En ce qui concerne les MACF, l'Union européenne les introduit progressivement pour offrir aux entreprises et aux autres pays une sécurité et une stabilité juridiques. Dans un premier temps, cela ne s'appliquera qu'à un certain nombre de produits présentant un risque élevé de « fuite de carbone », tels que le fer et l'acier, le ciment, les engrais, l'aluminium et la production d'électricité. Les revenus issus du MACF contribueront au budget de l'UE, comme le prévoit l'accord interinstitutionnel de décembre 2020 sur le budget et les ressources propres.

Utilisant un prix du carbone sur le marché, le MACF fonctionne de telle manière que les importateurs de l'UE achèteront des certificats carbone correspondant au prix du carbone qui aurait été payé si les marchandises avaient été produites conformément aux règles de l'UE en matière de prix du carbone.

À l'inverse, dès lors qu'un producteur hors de l'UE peut démontrer qu'il a déjà payé un prix pour le carbone utilisé dans la production des marchandises importées dans un pays tiers, le coût correspondant peut être entièrement déduit pour l'importateur de l'UE. Au final, le MACF contribuera à réduire le risque de fuite de carbone en encourageant les producteurs de pays hors de l'UE à écologiser leurs processus de production. Il encourage également d'autres pays à adopter des mécanismes formels en matière de carbone, ce qui sera également essentiel pour atteindre l'objectif de zéro émission nette.

Un processus de MACF est déjà en place dans certaines régions du monde, comme la Californie, où un ajustement est appliqué à certaines importations d'électricité. Un certain nombre de pays comme le Canada et le Japon prévoient des initiatives similaires, ce qui constitue un pas dans la bonne direction. Mais pour réellement orienter les flux d'investissements en capital vers des technologies plus propres au détriment des technologies à taux d'émission élevé, un mécanisme mondial est nécessaire.

Cadre transparent = hausse de l'investissement et de la croissance des bénéfices

D'un point de vue environnemental, les bénéfices sont évidents, mais du point de vue de l'investissement, la transparence et les opportunités pour les investisseurs à long terme sont très puissantes. Nous pensons qu'une politique coordonnée à l'échelle mondiale, qui offre une plateforme stable pour les investissements publics et privés, finira par procurer le financement nécessaire pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050.
Dans le contexte du message clair du rapport du GIEC sur la nécessité de modifier la trajectoire actuelle à la hausse des émissions, nous pensons réellement que les niveaux d'investissement doivent augmenter sensiblement pour permettre le changement.

Par exemple, le graphique ci-dessous met en évidence les taux d'investissement annuels actuels dans les grands sous-secteurs qui bénéficient directement des dépenses d'infrastructure liées à la « transition énergétique ». Les taux d'investissement annuels actuels semblent élevés, mais ce n'est pas suffisant, loin s'en faut.

Investissement nécessaire comparé à l'investissement actuel.

Investissement nécessaire comparé à l'investissement actuel.

En effet, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et Bloomberg New Energy Finance(BNEF) estiment que sur la base de 100 à 120 000 milliards de dollars d'investissement requis au cours des 30 prochaines années afin de parvenir à la neutralité carbone en 2050, le taux annuel de dépenses d'investissement dans ces cinq grands secteurs doit DOUBLER à partir de maintenant.

Par conséquent, même si certains investisseurs soulignent le rythme d'investissement régulier et lent observé au cours des cinq dernières années, nous pensons que la « croissance réelle » à partir d'une base beaucoup plus élevée devrait se concrétiser au cours des prochaines années.

Le marché de l'éolien en est un exemple parfait. En parallèle avec d'autres capacités, la capacité de production éolienne devra augmenter considérablement afin de cesser complètement la production d'électricité à partir du charbon d'ici 2050. L'éolien connaît depuis dix ans une amélioration progressive de la rentabilité, car les coûts ont été ramenés à un point qui rend la technologie moins chère que la production d'électricité au charbon ou au gaz.
Les coûts ont été réduits grâce à des avancées technologiques qui se sont traduites par des turbines plus puissantes et plus efficaces, et à la consolidation du secteur, avec moins d'acteurs ayant une part de marché plus importante.

coût de l'énergie éolienne (par megawatt et turbine) et évolution attendue de la demande d'énergie éolienne.

coût de l'énergie éolienne (par megawatt et turbine) et évolution attendue de la demande d'énergie éolienne.

Encore une fois, le Royaume-Uni est à l'avant-garde pour ce qui est de faciliter l'approbation des projets éoliens offshore et d'encourager les investissements dans les capacités nationales pour permettre l'installation de parcs éoliens en mer. Selon nous, ce soutien des pouvoirs publics doit se produire à l'échelle mondiale.

Nous tablons sur une accélération des installations éoliennes offshore au cours des prochaines années, la taille du marché offshore pouvant tripler (en termes d'attributions annuelles), ce qui est extrêmement positif pour les fabricants de turbines, les installateurs de câbles inter-éolienne et de transport, les fabricants de pâles et les constructeurs de fondations éoliennes. Du point de vue de l'investissement, les perspectives de croissance à long terme ne pourraient pas être meilleures.

Nous pensons que le marché mondial des batteries sera un autre bénéficiaire direct d'une politique gouvernementale accélérée et mieux coordonnée. Le consommateur jouera un rôle très important au cours des prochaines décennies, dans l'abandon progressif du moteur à combustion interne (ICE) au profit de l'adoption des véhicules électriques (VE) sur le marché des véhicules de tourisme.

À ce stade, les politiques mondiales sont incohérentes. La Norvège a pris la décision audacieuse et préventive d'éliminer progressivement les véhicules ICE d'ici 2025 et elle estime déjà que les VE représentent plus de 50 % des ventes globales. Mais d'autres pays d'Europe se sont fixé différentes échéances : le Royaume-Uni, la Suède et l'Irlande d'ici 2030, tandis que la France et l'Espagne ont opté pour 2040. La Chine s'est engagée à atteindre 50 % de véhicules de tourisme « écologiques » d'ici 2035, et aux États-Unis, seule la Californie s'est fixée une échéance à 2035.

Gouvernements avec un objectif officiel pour arrêter les ventes de véhicules thermiques d'ici une certaine date.

Gouvernements avec un objectif officiel pour arrêter les ventes de véhicules thermiques d'ici une certaine date.

Les différentes dates butoirs, et surtout l'absence manifeste de délai à l'échelle mondiale, n'aident pas. Mais encore une fois, le rapport du GIEC remet cette question au premier plan des préoccupations des gouvernements à l'approche de la réunion de la COP26 en novembre. Nous nous attendons à une augmentation significative du nombre d'engagements sur les délais de sortie progressive des ICE par les gouvernements dans le monde.
Les investissements nécessaires pour le marché des véhicules électriques sont considérables et, selon nous, sous-estimés. Outre les plates-formes de fabrication des équipementiers, il faut investir massivement dans la capacité de fabrication de batteries et les infrastructures de recharge, pour que cela fonctionne et soit viable pour les consommateurs.

Compte tenu de la faiblesse des taux de pénétration des véhicules électriques en 2030, la demande annuelle de batteries devrait être multipliée par dix au cours de la prochaine décennie, une croissance qui pourrait être supérieure si davantage de pays s'engagent sur l'élimination progressive des véhicules ICE d'ici 2030.

Evolution attendue de la demande de batteries lithium-ion. Investissement annuel dans les investissements sur les infrastructures de rechargement électriques.

Evolution attendue de la demande de batteries lithium-ion. Investissement annuel dans les investissements sur les infrastructures de rechargement électriques.

Le marché des batteries devra encore croître à des taux de croissance très élevés au-delà de 2030, dans l'hypothèse où le parc de 1,4 milliard de véhicules de tourisme est remplacé d'ici 2050, c'est pourquoi l'opportunité d'investissement à long terme ne peut être surestimée.

Les États-Unis sont un bon exemple de la manière dont les investissements en capital doivent accélérer. Actuellement, le pays dispose d'une capacité de batteries d'environ 20 GWh. Le président Biden signera un décret qui vise à ce que 50 % du parc automobile soient exemptes d'émissions en 2030. Cela nécessitera que les États-Unis aient une capacité de production d'environ 730 GWh d'ici 2030. L'année dernière, la capacité des batteries aux États-Unis est passée d'un peu plus de 5 GWh à 20 GWh… Les investissements doivent donc accélérer !
Mais ce n'est pas la seule opportunité de croissance. À long terme, nous envisageons que les VE deviennent une partie importante de l'infrastructure du réseau, car il s'agira d'un dispositif qui utilise l'électricité du réseau, mais pourrait également procurer de l'électricité au réseau. Mais le goulot d'étranglement avant cela sont les infrastructures de recharge. Voilà un autre domaine qui nécessite des investissements et un soutien politique importants pour que les infrastructures soient mises en service au même rythme que la mise sur le marché des voitures électriques.

On estime que les exigences actuelles de capital ne représentent qu'une fraction de ce qu'il faudrait dépenser pour répondre aux besoins dans le scénario d'une échéance à 2030 dans les principales économies. Encore une fois, les niveaux d'investissement devront augmenter.

En résumé, le rapport du GIEC a donné plus de poids à ce que nous savions déjà. Bien qu'il dépeigne un tableau sombre, il y a des raisons d'être optimiste sachant que des mesures concrètes vont être prises. Ce problème mondial doit être considéré comme une opportunité mondiale.

1 commentaire

  • 25 octobre 13:09

    Rien sur l'explosion démographique ..........................


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