Armée : l'usine qui produisait les uniformes "Made in France" du 14 juillet perd son contrat et va fermer

information fournie par Boursorama avec Media Services •29/01/2025 à 13:13

L'usine de Marck & Balsan, implantée à Calais, fabriquait auparavant des uniformes pour divers acheteurs publics tels que la RATP ou la SNCF. Avec la perte du contrat qui le liait aux armées françaises pour leurs tenues de gala, le site va mettre la clé sous la porte.

Marck & Balsan produisait des uniformes de gala emblématiques, tels que ceux de Saint-Cyr ou encore Polytechnique (ici, le 14 juillet 2023) ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Le traditionnel défilé du 14 juillet va t-il perdre sa griffe française? Marck & Balsan, spécialiste de la confection d'uniformes, va fermer son usine de Calais, qui emploie 66 personnes, en raison de la perte d'un contrat pour la fabrication des tenues de gala de l'armée française, utilisées notamment pour la grande parade de la fête nationale sur les Champs-Elysées.

L'usine calaisienne de Marck & Balsan, son "site le plus important en France", devrait fermer "dans les trois mois", a précisé Laurent Marck, directeur général de l'entreprise, mercredi 29 janvier confirmant une information du quotidien local Nord Littoral . Cette décision fait suite à la perte du "marché public des uniformes pour les armées françaises", notamment "celles du 14-Juillet", a-t-il précisé.

Ce marché représentait la quasi-totalité de la production du site calaisien de l'entreprise.

Ces uniformes étaient entièrement fabriqués en France, a encore souligné le patron. "Dans les marchés publics, nous sommes dans les derniers à fabriquer en France", a fait valoir Laurent Marck à France 3 . La production française est toutefois "70% plus chère" que chez les concurrents étrangers, note t-il encore. "C'est un choix politique (...). Plutôt que d'indemniser des chômeurs, on ferait mieux de payer des employés dans les usines", déplore t-il.

L'appel d'offres pour ces uniformes de gala a été remporté par le groupe Paul Boyé, qui fait appel, pour une partie de sa production, à une usine basée à Madagascar. "10% de la valeur ajoutée se fera à Madagascar et 90% en France", a assuré pour sa part Jacques Boyé, président de l'entreprise.

Un symbole de la défense nationale face aux "contraintes budgétaires"

Reprise par Marck & Balsan en 1999, l'usine calaisienne "travaillait alors pour la SNCF, la RATP, etc., mais a perdu ces marchés publics au profit d'entreprises qui délocalisent". "Les acheteurs publics achètent au meilleur prix en raison des contraintes budgétaires", a poursuivi M. Marck, pointant l'aspect "un peu schizophrénique" de ces décisions qui provoquent des suppressions d'emplois en France.

L'entreprise a proposé à ses salariés de Calais, majoritairement des femmes "qui ont fait toute leur carrière ici", une douzaine de postes de couture en reclassement. Marck & Balsan a cherché un repreneur dans le domaine du luxe, sans succès. "Ni l'Etat, ni le cabinet du ministre, ni le ministre lui-même, qui avait été sollicité, n'ont trouvé de solution", a déploré la maire de Calais, Natacha Bouchart, précisant qu'elle "échangerait avec le président de la région (Xavier Bertrand, NDLR) jeudi pour voir si, et comment on peut essayer d'aider un repreneur".

Marck & Balsan emploie actuellement environ 370 personnes en France, notamment au sein de six unités de production, et 400 au sein de son usine en Tunisie, spécialisée dans des équipements de protection individuelle, selon Laurent Marck.