Une spirale des salaires compliquerait la lutte engagée par la BCE contre l'inflation au moment où celle-ci commence à ralentir dans la zone euro, selon la banque centrale.
"Si nous entrons dans une spirale salaires-prix, la BCE devra augmenter les taux d'intérêt plus qu'elle ne l'aurait fait autrement", prévient de le responsable de la BCE ( AFP / JEAN-SEBASTIEN EVRARD )
Un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE) a suggéré jeudi 9 février aux citoyens de modérer leurs revendications salariales face aux hausses de prix afin de ne pas alimenter la courbe de l'inflation.
"Les syndicats pourraient être enclins à demander des augmentations de salaire excessives. Nous devons être prudents", affirme le vice-président de la BCE, Luis De Guindos, dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. "Il faut éviter une spirale salaires-prix", insiste-t-il, car "personne n'est gagnant" lorsque s'enclenche une boucle inflationniste entretenue par les hausses de salaires. "Si nous entrons dans une spirale salaires-prix, la BCE devra augmenter les taux d'intérêt plus qu'elle ne l'aurait fait autrement", ajoute-t-il, ce qui aurait pour conséquence de renchérir encore le coût du crédit et de peser davantage sur l'activité économique.
La BCE serre la vis
Tout en admettant que les salariés sont en droit d'attendre une compensation, M. de Guindos suggère que c'est aux pouvoirs publics de soutenir le pouvoir d'achat "en introduisant des aides ciblées pour atténuer l'impact de l'inflation". "Ainsi, les gens pourraient réduire leurs revendications salariales et la BCE n'aurait pas à resserrer autant sa politique monétaire. Tout le monde y gagnerait", estime le responsable.
Une spirale des salaires compliquerait la lutte engagée par la BCE contre l'inflation au moment où celle-ci commence à ralentir dans la zone euro. De 10,4% en octobre, l'inflation a reculé en janvier pour le troisième mois consécutif, s'établissant à 8,5%, grâce à l'accalmie sur les tarifs de l'énergie et le déblocage de chaînes logistiques d'approvisionnement.
Mais il ne faut pas baisser la garde, prévient M. de Guindos: la réouverture de l'économie en Chine, après les restrictions sanitaires, "entraîne une augmentation de la demande, pour l'énergie, les métaux et les produits de base. Cela peut générer davantage de pressions sur les prix".
La BCE a drastiquement resserré sa politique monétaire, relevant ses taux à cinq reprises depuis juillet pour un cumul de 3 points de pourcentage, un rythme inédit. Le but est de freiner la demande des consommateurs, en particulier, afin de juguler les hausses des prix. Après un nouveau relèvement très probable des taux directeurs de 0,50 point lors de la prochaine réunion de la BCE en mars, "d'autres hausses de taux ne sont pas à exclure", a assuré le responsable.
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