Le sud industriel de l'Allemagne doit sécuriser son alimentation en énergie, alors que le pays a fermé cette année son dernier réacteur nucléaire.
( AFP / INA FASSBENDER )
700 kilomètres de long, une capacité de 4 gigawatts et un coût de 10 milliards d'euros. L'Allemagne a officiellement lancé lundi 11 septembre, avec plusieurs années de retard, la construction du premier tronçon de "SuedLink". Cette ligne à haute tension doit relier le nord du pays, riche en éoliennes, au Sud industriel, un chantier crucial pour permettre au pays de réussir son virage énergétique.
Cette "autoroute de l'électricité" dénommée "SuedLink" va faire que "le sud de l'Allemagne pourra à l'avenir bénéficier des grandes quantités d'énergie éolienne du nord", s'est félicité le ministre fédéral de l'Économie et de la Protection du climat Robert Habeck, cité dans un communiqué. Le projet se concrétise cependant avec beaucoup de retard puisque la liaison de 700 kilomètres aurait dû entrer en service l'année dernière , selon les premières annonces faites il y a près de dix ans. L'objectif est désormais d'achever la ligne à l'horizon 2028.
Cette expansion du réseau électrique doit garantir "une alimentation électrique sûre en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg", deux riches régions du Sud, à l'aide de deux connexions partant de communes du Land de Schleswig-Holstein (Nord), qui produit largement plus d'énergie éolienne qu'il n'en consomme.
Un budget explosé
Terres de grandes entreprises comme les constructeurs automobiles BMW ou Mercedes, ainsi que de très nombreuses PME, le sud de l'Allemagne a besoin d' un apport d'énergie pour couvrir les besoins du secteur industriel. L'Allemagne a fermé cette année son dernier réacteur nucléaire, avec l'objectif de couvrir 80% de ses besoins en électricité grâce aux énergies renouvelables dès 2030, tout en fermant ses centrales à charbon en 2038 au plus tard.
La ligne partant du Schleswig-Holstein sera commune sur la majeure partie du tracé et composée de câbles souterrains, plutôt que de lignes aériennes à haute tension qui se heurtent souvent à des résistances locales. De nouvelles inquiétudes ont cependant fait surface : les agriculteurs s'inquiètent par exemple de la chaleur dégagée dans le sol par les câbles.
Le premier tronçon de la ligne s'avère délicat avec le passage du câble sous l'Elbe, ce qui va nécessiter de creuser un tunnel d'environ 5,2 kilomètres de long et d'un diamètre intérieur d'environ 4 mètres.
SuedLink va coûter 10 milliards d'euros, un coût nettement plus élevé que prévu en raison de l'enfouissement des câbles. L'ouvrage aura une capacité de transmission totale de 4 gigawatts, ce qui correspond à la consommation électrique d'environ 10 millions de foyers.
Une autre ligne de transport d'électricité longue de 137 km et reliant la côte de la mer du Nord, dans le Schleswig-Holstein, jusqu'à la frontière danoise, voit elle son cinquième et dernier tronçon en voie d'être achevé. Les éoliennes du Danemark vont ainsi alimenter le réseau électrique allemand voire européen, avec un raccordement prévu côté danois en 2024.
14 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer