"La Russie dispose d'une capacité et d'une influence suffisantes pour riposter en saisissant les actifs occidentaux sous sa juridiction", a riposté la Russie.
( POOL / DMITRY ASTAKHOV )
La diplomatie russe a dénoncé un "banal vol" après l'annonce par Washington d'une aide de 20 milliards de dollars pour l'Ukraine, qui sera financée par les intérêts des avoirs russes gelés du fait des sanctions.
"L'attribution d'un autre prêt annoncé par le département du Trésor des États-Unis (...) est un banal vol", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Mardi, Washington a débloqué 20 milliards de dollars pour l'Ukraine, sa part du prêt de 50 milliards promis par le G7 et qui sera remboursé par les intérêts des avoirs russes en Occident, gelés du fait des sanctions. Après des mois de discussions, les dirigeants du G7 avaient conclu en octobre un accord pour utiliser les intérêts générés par les avoirs souverains russes gelés dans leurs juridictions du fait des sanctions internationales, afin de garantir un prêt de 50 milliards de dollars en faveur de l'Ukraine.
"Ces fonds –financés par les recettes exceptionnelles provenant des actifs immobilisés de la Russie– fourniront à l'Ukraine un soutien essentiel", a assuré mardi la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
"Le G7 vole l'argent des autres"
"Le G7 vole l'argent des autres" , a cinglé mercredi la diplomatie russe, fustigeant "l'élan russophobe" du gouvernement de Joe Biden, à quelques semaines de la fin de son mandat aux États-Unis. "Aucune astuce pseudo-juridique, largement assaisonnée d'hypocrisie et de deux poids, deux mesures, ne restera sans réponse", a averti le ministère russe des Affaires étrangères. Et de menacer : "La Russie dispose d'une capacité et d'une influence suffisantes pour riposter en saisissant les actifs occidentaux sous sa juridiction".
L'administration Biden s'évertue ces dernières semaines à accélérer son aide à l'Ukraine avant la passation de pouvoirs à l'administration Trump le 20 janvier prochain. Elle avait déjà annoncé samedi une aide estimée à 988 millions de dollars à Kiev. Le président élu républicain a pour sa part martelé son intention de réduire l'aide américaine, vitale pour l'Ukraine, dès sa prise de fonction dans un peu plus d'un mois.
Par ailleurs, la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a plaidé jeudi 12 décembre pour utiliser directement les avoirs russes gelés et non plus seulement les intérêts qu'ils génèrent, afin d'aider l'Ukraine, dans une interview à plusieurs journaux, dont The Guardian, publiée jeudi.
L'UE veut aller plus loin
La responsable estonienne a souligné dans une interview à plusieurs journaux, dont The Guardian, l'importance du soutien européen à Kiev. "Si (les États-Unis) réduisent leur aide, nous devons continuer à soutenir l'Ukraine, car je m'inquiète de ce qui va se passer si la Russie gagne. Je pense que nous aurons davantage de guerres, de plus grande ampleur", déclare Kaja Kallas. C'est un "investissement" dans "notre propre sécurité" , fait-elle valoir.
Pour l'ancienne Première ministre estonienne, connue pour sa fermeté à l'égard de Moscou, les avoirs russes gelés sont "un outil de pression" sur le Kremlin. Depuis le lancement de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe en 2022, l'UE a gelé environ 210 milliards d'euros de fonds de la banque centrale , soit la grande majorité des actifs russes immobilisés dans le monde. Environ 90% du total est détenu par l'organisation internationale de dépôts de fonds Euroclear, basée en Belgique.
L'UE a décidé d'utiliser les profits dégagés par ces avoirs gelés afin d'aider à armer l'Ukraine et à financer sa reconstruction d'après-guerre, une manne représentant entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an.
Mais l'option d' une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu'ici été écartée , pour des raisons d'ordre juridique notamment.
Malgré "les sensibilités (...), nous y arriverons un jour", estime Kaja Kallas, à quelques jours d'une réunion, lundi, des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. Pour la responsable, ces fonds devraient contribuer à payer pour "tous les dommages que la Russie a causés à l'Ukraine".
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