
Des représentants du peuple indigène Xikrin rassemblés lors de la première journée du campement "Terre libre", le 7 avril 2025 à Brasilia, au Brésil ( AFP / MAURO PIMENTEL )
Plusieurs milliers de représentants de peuples autochtones d'Amazonie et d'Océanie se sont retrouvés lundi à Brasilia, réclamant "la même voix et le même pouvoir" pour leurs leaders que pour les chefs d'Etat à la COP30, prévue en novembre au Brésil.
Arborant pour la plupart tenues traditionnelles et peintures corporelles, les délégations de 200 peuples se sont présentées aux rythmes des maracas et des tambours, soulevant un nuage de poussière à quelques encablures des sièges des institutions dans la capitale brésilienne.
Quelque 8.000 personnes participent au campement qui se tient jusqu'à vendredi, selon les organisateurs.
L'événement annuel prend un relief particulier dans la perspective de la conférence de l'ONU sur le climat, la COP30, qui se tiendra du 10 au 21 novembre dans la ville amazonienne de Belem (nord).
Le rassemblement "Terre libre", qui regroupe habituellement surtout des représentants de peuples indigènes brésiliens, reçoit cette année des délégations de Bolivie, d'Equateur, du Guyana, de Guyane française, du Surinam et du Venezuela, ainsi que d'Australie, des îles Fidji et d'autres pays d'Océanie.
Certains membres de délégations ont voyagé durant plusieurs jours depuis de lointaines îles du Pacifique ou de villages au coeur de l'Amazonie pour participer.
Tous ces peuples autochtones disent partager la même vulnérabilité face au réchauffement climatique.

Des représentants du peuple indigène Terena rassemblés lors de la première journée du campement "Terre libre", le 7 avril 2025 à Brasilia, au Brésil ( AFP / MAURO PIMENTEL )
"Nous exigeons que les leaders des communautés indigènes et locales aient la même voix et le même pouvoir que les chefs d'Etat à la COP30, avec la même légitimité et le même pouvoir décisionnaire que les représentants des pays", a affirmé Alana Manchineri, une cheffe indigène du Brésil, lisant une déclaration conjointe des peuples représentés.
Le document réclame par ailleurs des "financements directs" pour les peuples autochtones, afin qu'ils puissent préserver l'environnement et être "compensés pour les dommages subis".
- Incendies dévastateurs -
"Dans le Pacifique, nous avons des difficultés spécifiques, mais nous voulions être ici pour montrer aux indigènes d'Amazonie que nous pouvons lutter" ensemble, a déclaré à l'AFP Alisi Rabukawaqa, venue des îles Fidji, où l'augmentation du niveau de l'océan a des conséquences concrètes sur la vie de son peuple.

Des représentants du peuple indigène Tupinamba rassemblés lors de la première journée du campement "Terre libre", le 7 avril 2025 à Brasilia, au Brési ( AFP / MAURO PIMENTEL )
"L'eau salée entre sur les terres où nous plantons notre nourriture", a alerté cette jeune femme de 37 ans.
Les peuples autochtones d'Amérique du Sud ont également été touchés de plein fouet par le changement climatique, une sécheresse historique ayant favorisé la propagation de terribles incendies l'an dernier, notamment en Amazonie.
Près de 18 millions d'hectares de forêt amazonienne sont partis en fumée au Brésil en 2024, selon la plateforme de surveillance Mapbiomas.
La présidence brésilienne de la COP30 a annoncé la création d'un "Cercle de leaders indigènes" pour permettre aux peuples autochtones d'être entendus lors de la conférence climatique.
"Nous voulons voir comment cela va se dérouler dans la pratique, si quelque chose de tangible pourra en sortir", a souligné Alisi Rabukawaqa.
- "Nous sommes la réponse" -
Sous le mot d'ordre "Nous sommes la réponse", le rassemblement "Terre libre" prévoit cette semaine plusieurs cortèges vers l'Esplanade des ministères, un des lieux de pouvoir emblématiques de Brasilia, capitale à l'architecture futuriste inaugurée en 1960.
Vendredi, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a rencontré le leader indigène le plus emblématique du pays, Raoni Metuktire, dans un village en Amazonie, dans l'Etat de Mato Grosso (centre-ouest).
Face au cacique nonagénaire et mondialement connu, Lula a admis qu'il y avait "encore beaucoup à faire" pour les peuples autochtones du Brésil, qui jouent selon lui un rôle "fondamental" dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Il s'est gardé d'évoquer le projet d'exploration de pétrole off-shore près de l'Amazonie, dans une zone connue sous le nom de Marge Equatoriale, auquel il est ouvertement favorable, contrairement à Raoni.
Les énergies fossiles sont de loin la première cause du réchauffement. Leur abandon progressif a été adopté à la COP28 mais la présidence brésilienne de la COP30 a jusque-là évité de prendre position sur le sujet.
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