par Bernardo Caram et Anthony Boadle
Des éléments retrouvés au domicile du kamikaze présumé ayant attaqué à l'explosif mercredi la Cour suprême du Brésil suggèrent qu'il y a un lien direct entre cet incident et l'insurrection du 8 janvier 2023 contre les institutions de la capitale Brasilia, a déclaré jeudi la police fédérale.
L'enquête permettra de déterminer si l'assaillant a agi seul ou s'il a bénéficié d'une aide quelconque d'une tierce partie, a déclaré le directeur général de la police fédérale, faisant savoir que le téléphone du suspect avait été retrouvé et serait d'une "grande pertinence".
S'exprimant au cours d'une conférence de presse, Andrei Rodrigues a ajouté que les autorités brésiliennes ont déjà mis en place un important dispositif de sécurité en vue du sommet du G20 qui se tiendra à Rio de Janeiro les 18 et 19 novembre.
Parallèlement, Alexandre de Moraes, juge à la Cour suprême, a déclaré que le suspect avait l'intention de faire exploser le bâtiment de la plus haute juridiction brésilienne. Cet incident, a-t-il ajouté, s'inscrit dans une vague d'attaques contre la démocratie.
Les deux explosions survenues mercredi, à quelques instants d'intervalle - l'une dans un parking attenant à la Cour suprême et l'autre devant l'entrée du bâtiment - ont exacerbé les préoccupations sécuritaires dans le pays, alors même que, en plus du G20, le président chinois Xi Jinping est attendu à Brasilia pour une visite d'Etat.
Selon un communiqué de la Cour suprême, les juges ont été évacués en toute sécurité quand les explosions ont retenti, juste après la fin d'une session plénière.
Au moment de l'incident, le président Luiz Inacio Lula da Silva avait déjà quitté le palais présidentiel, situé en face de la Cour suprême.
RHÉTORIQUE INCENDIAIRE
La police a déclaré que l'homme qui s'est fait exploser devant la Cour suprême est un ancien candidat à un siège au conseil municipal issu du parti d'extrême droite de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Il a publié par le passé des messages politiques incendiaires sur les réseaux sociaux.
D'après un rapport de police que Reuters a pu consulter et dont l'authenticité a été confirmée par des sources informées, Francisco Wanderley Luiz, 59 ans, a dans un premier temps lancé un projectile contre le bâtiment de la Cour suprême, sans provoquer de dégâts. Il s'est alors allongé au sol et a déclenché une bombe artisanale qu'il portait sur lui.
Alexandre de Moraes, parmi les juges de la Cour suprême visés par des menaces de mort pour avoir chapeauté les enquêtes visant Jair Bolsonaro et des partisans de l'ancien dirigeant pour leur implication présumée dans l'insurrection de janvier 2023, a décrit l'attaque comme le fruit d'une rhétorique datant du gouvernement Bolsonaro (janvier 2019-décembre 2022), allant au-delà du simple fait de savoir si le suspect a agi seul ou non.
Il a décrit l'incident de mercredi comme la pire attaque contre la Cour suprême depuis l'assaut de partisans de Jair Bolsonaro en début d'année dernière.
Voulant prendre ses distances avec ces explosions, Jair Bolsonaro a déclaré via les réseaux sociaux qu'il s'agissait d'un acte isolé commis par une personne ayant des troubles mentaux.
Au domicile du suspect, à Brasilia, la police a retrouvé des explosifs supplémentaires. Son téléphone portable a été retrouvé par la suite dans une caravane.
Des partisans de Jair Bolsonaro ont vandalisé des bâtiments gouvernementaux à Brasilia le 8 janvier 2023 pour protester contre la défaite électorale du président sortant face à Lula.
Avant et après le scrutin d'octobre 2022, Jair Bolsonaro a mis en doute la légitimité du système électoral, dénonçant des décisions illégitimes de la cour suprême et criant sans preuve à la fraude après sa défaite.
Jair Bolsonaro a été déclaré inéligible jusqu'en 2030 pour la rhétorique utilisée durant cette période et la police fédérale a ouvert une enquête sur le rôle de l'ancien dirigeant dans la tentative de putsch de janvier 2023. Bolsonaro nie toute inconduite; son parti répète qu'il fera de lui son candidat pour l'élection présidentielle de 2026.
(Bernardo Caram et Anthony Boadle à Brasilia, Luana Maria Benedito et Eduardo Simoes à Sao Paulo; version française Jean Terzian)
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