Bernard Cazeneuve à Guidel, le 29 septembre 2024. ( AFP / FRED TANNEAU )
"L'ensemble des forces politiques du Front républicain" doivent être "suffisamment lucides pour se rassembler", alerte l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve ce vendredi 22 novembre.
"La situation est d'une extrême gravité". Dans un entretien accordé à l'AFP ce vendredi 22 novembre, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve appelle le gouvernement et les parlementaires à trouver "un compromis" sur le budget. Selon lui, censurer le gouvernement Barnier serait "prendre le risque d'un grand saut dans l'inconnu" et "dans une crise de régime".
Il dit néanmoins refuser "de spéculer" sur l'hypothèse d'une chute du gouvernement de Michel Barnier. Interrogé pour savoir s'il se "préparait" à prendre le relais, Bernard Cazeneuve répond : "Je ne suis pas du tout dans cet état d'esprit", alors que certains le verraient bien être le recours si le gouvernement actuel était censuré. "S'il y avait une censure du gouvernement, combien de temps durerait le suivant ? Personne ne le sait, et personne ne sait comment on résoudrait les problèmes urgents", ajoute-t-il, en évoquant "un processus d'affaissement institutionnel, un décrochage dans l'industrie, une crise agricole qui couve, une situation internationale explosive, l'affaiblissement de l'Europe et un risque sur les marchés".
"La situation est d'une extrême gravité, il faut bien intégrer le fait que renverser le gouvernement Barnier aujourd'hui c'est prendre le risque d'un grand saut dans une crise de régime", a-t-il averti, appelant "l'ensemble des forces politiques du Front républicain" à être "suffisamment lucides pour se rassembler". Selon lui, le gouvernement doit "relancer le dialogue avec les forces politiques constituées au Parlement pour que les désaccords s’aplanissent et que les forces parlementaires qui ont participé à la discussion budgétaire puissent avoir, sur un certain nombre de sujets, un compromis avec le gouvernement, s'il est possible". "Ensuite, si cela ne se produit pas, on verra quel est le contexte politique, quels sont les comportements, quelles sont les connexions possibles, mais évoquer ce sujet aujourd'hui, c'est précipiter la crise, je ne le souhaite pas", a ajouté l'ancien Premier ministre.
Une présidentielle anticipée pourrait "aboutir à la confrontation des populismes"
Pour Bernard Cazeneuve, des élections législatives à l'été 2025 ou une élection présidentielle anticipée - évoquée notamment par Jean-Luc Mélenchon - ne sont "pas souhaitables" car elles pourraient "aboutir à la confrontation des populismes". "Ce qui est souhaitable, c'est qu'on arrive à trouver un compromis parlementaire autour de quelques priorités, qui permettent d'aller jusqu'à la fin du quinquennat, en répondant aux urgences", a-t-il argumenté.
Il affirme qu'il n'y a "aucune solution certaine de substitution" au gouvernement Barnier, et "ne pense pas que la chute du gouvernement Barnier aboutisse mécaniquement à un gouvernement Cazeneuve, ni à un gouvernement Bertrand, ni à un gouvernement de centre gauche. Ce n'est pas automatique. Le risque le plus grand c'est celui d'une grande confusion".
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