Carburant : hausse record du prix, la tendance risque de se poursuivre

information fournie par Boursorama avec Media Services •18/01/2022 à 13:31

(Photo by Fred TANNEAU / AFP) ( AFP / FRED TANNEAU )

A plus de 88 dollars le baril, le Brent a atteint ce mardi 18 janvier son plus haut niveau depuis 2014 et la tendance pourrait se poursuivre.

Pour la première fois, le gazole a passé la barre des 1,60 euros le litre. Poussés par un prix du pétrole en hausse, les carburants vont de record en record depuis le début de l'année. La tendance risque de se poursuivre, tant les tensions sur les marchés de l'énergie restent vives.

Dans le détail, un peu plus d'un tiers du prix du carburant correspond au prix du pétrole et plus de la moitié est liée à la taxation, entre TVA et taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), pour un litre de gazole à 1,62 euro, les taxes se montent à près de 88 centimes, soit plus de 54% du prix total, une proportion en légère baisse depuis 2007. Sur l'essence sans plomb 95, les taxes représentent 57% du prix à la pompe. Concrètement, la TVA est appliquée une première fois avant TICPE, puis une seconde fois sur le montant incluant la TICPE.

La conséquence pour le consommateur est un effet démultiplicateur : une hausse du prix du pétrole entraîne un renchérissement des deux taxes, qui augmentent du même coup plus fortement le prix à la pompe.

A plus de 88 dollars le baril, le Brent a atteint ce mardi 18 janvier son plus haut niveau depuis 2014 et la tendance pourrait se poursuivre.

Des prix tirés vers le haut

Selon Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, notamment liées au conflit yéménite, et une production qui reste inférieure à la demande continuent de tirer les prix vers le haut.

Lundi, des rebelles yéménites Houthis ont ciblé des installations civiles aux Emirats arabes unis faisant trois morts, et menacé de lancer de nouvelles attaques en appelant les civils et les compagnies étrangères à éviter les "sites vitaux" dans ce pays.

Ce même jour, trois camions-citernes ont explosé "près des réservoirs de stockage d'ADNOC", la compagnie pétrolière d'Abou Dhabi, entraînant la mort d'un Pakistanais et de deux Indiens, a indiqué l'agence officielle émiratie WAM, en faisant état de "six blessés".

"Nous pourrions également attribuer une certaine prime de risque géopolitique à la situation à la frontière entre l'Ukraine et la Russie", fait remarquer Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

A noter également, l'incapacité de plusieurs Etats membres de l'OPEP + à atteindre les quotas fixés lors des dernières négociations au sein de l'organisation malgré une demande qui progresse, selon Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.

Le pétrole reste cependant encore loin de son record absolu, atteint en 2008, en pleine crise des subprimes, avec un baril de Brent qui avait dépassé les 146 dollars en août 2008, avant de chuter début 2009 autour des 45 dollars.

Si le gouvernement refuse de toucher à la fiscalité en la matière, elles sont en réalité très réduites. Mi-octobre, alors que le prix du gazole était 10 centimes plus bas qu'actuellement, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, avait appelé les distributeurs à "faire un geste (...) en réduisant leurs marges". Le président de l'Ufip avait alors souligné que la marge nette des distributeurs "est de l'ordre d'un centime par litre".

L'exécutif avait finalement fait le choix d'une "indemnité classe moyenne" défiscalisée de 100 euros, qui a été versée en décembre à 38 millions de Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois. Un chèque qui vise à répondre à la hausse des prix d'une manière générale.

Baisser la fiscalité est cependant compliqué pour le gouvernement, dans un contexte de dérapage des finances publiques, largement plombées par le soutien de l'économie en période de pandémie. Or la TICPE est l'une des principales recettes fiscales de l'Etat et une augmentation du prix du pétrole améliore nécessairement son rendement, une aubaine pour le budget.

Au début des années 2000, le gouvernement du socialiste Lionel Jospin avait mis en place une TIPP (ancêtre de la TICPE) "flottante", qui permettait de lisser le prix du carburant en cas de hausse du pétrole. Si l'idée est régulièrement revenue dans le débat public ces dernières années, elle n'est pas à l'ordre du jour.