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Combien pèsent les retraites sur le déficit publics? Les chiffres de Bayrou sèment la controverse
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/01/2025 à 17:42

Le Premier ministre a défendu, dans sa déclaration de politique générale, une position controversée sur le poids des retraites dans le déficit public, relançant un débat technique et politique.

Francois Bayrou, à l'Assemblée nationale, le 14 janvier 2025 ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Francois Bayrou, à l'Assemblée nationale, le 14 janvier 2025 ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Un lourd déficit ?

Selon le Premier ministre, les dépenses liées aux retraites représentent la moitié des "1.000 milliards de dette supplémentaires accumulées" par la France "ces dix dernières années".

"Notre système de retraite verse chaque année quelque 380 milliards d'euros de pensions", alors que les cotisations des "employeurs et salariés privés et publics", recettes dédiées au système de retraites, représentent "à peu près 325 milliards par an", dit-il.

"Restent 55 milliards, versés par le budget des collectivités publiques, et au premier chef de l’État, à hauteur de quelque 40 ou 45 milliards. Or ces 40 ou 45 milliards annuels, nous n'en avons pas le premier centime" , a poursuivi le Premier ministre, pour qui "chaque année, cette somme, le pays l'emprunte", mettant "à la charge" des générations futures le "service des retraites".

Un chiffrage officiel bien moindre

Le Conseil d'orientation des retraites (COR) - organisme chargé d'éclairer les débats sur les retraites, rattaché à Matignon - a calculé dans son dernier rapport, un déficit bien moindre.

En 2023, le système de retraites était même "excédentaire" de 3,8 milliards d'euros (0,1% du PIB), écrit-il. La situation s'est depuis dégradée "en raison du ralentissement économique et de la revalorisation importante des pensions", poursuit-il, estimant le déficit à 6,1 milliards d'euros (0,2% du PIB) en 2024.

Il atteindra 0,4% du PIB en 2030 - soit 10 à 15 milliards d'euros - et 0,8% du PIB en 2070, prévoit le COR.

Deux méthodes de calcul

L'écart entre le diagnostic du Premier ministre et celui du COR vient d'une prise en compte différente de la contribution de l'Etat.

Le COR prend en compte l'intégralité des contributions de l'Etat dans les ressources du système de retraite. Cela inclut des impôts affectés et des subventions destinées à assurer l'équilibre financier du régime de la fonction publique et de certains régimes spéciaux, que la loi impose.

"Ces sommes sont affectées" au système par des décisions du gouvernement et du parlement, observe le président du COR Gilbert Cette, dans une note en ligne, une partie venant "compenser des allègements ou exonérations de cotisations" des entreprises.

La méthodologie de calcul du COR est donc conforme aux lois en vigueur et à la comptabilité utilisée pour bâtir le budget de la Sécurité sociale et de l'Etat.

A contrario, François Bayrou déduit des recettes des retraites une partie de la contribution de l'Etat, considérant qu'il cotise à un taux trop élevé (85,4%) par rapport au secteur privé (27,9%). Or, le déséquilibre démographique du régime des fonctionnaires est lié à une réduction de la masse salariale à l'impact favorable sur les finances publiques.

Des critiques sévères

L'approche de François Bayrou est minoritaire chez les experts, économistes ou partenaires sociaux. Le bon déficit, "c'est celui calculé par le COR", estime Eric Heyer, directeur du département Analyste et prévision à l'OFCE.

Pour Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT, le Premier ministre évoque "un déficit qui n'est établi par personne, sauf par lui", à partir d'un calcul "à la limite de la malhonnêteté" selon le président de la CFE-CGC, François Hommeril.

Son raisonnement "n'a pas de sens", abonde l'économiste Michaël Zemmour, professeur à Sciences Po. "Notre système de retraite a un financement mixte, par les cotisations et par les contributions publiques". Ce "choix" du législateur permet de financer la "solidarité" du système: égalité femmes-hommes, minima de retraite, dit-il, soulignant que contrairement à la dette publique, les dépenses de retraite sont "stables" en part du PIB.

Une négociation "impossible ?"

Le Premier ministre veut confier à la Cour des comptes une "mission flash" pour établir "des chiffres indiscutables", préalable à trois mois de négociation entre partenaires sociaux pour revoir la réforme des retraites de 2023, sous réserve de ne pas "dégrader l'équilibre financier" du système.

Pour un spécialiste de ces enjeux, "il n'y a aucune chance d'accord !". "Trouver 55 milliards d'euros sera impossible", estime-t-il, voyant dans cette proposition "un jeu de dupes".

Il voit dans la "mission flash" confiée à la Cour des Comptes "un affront pour le COR", dont les analyses émanent d'un large panel d'acteurs: partenaires sociaux, administration, Insee, Drees, parlementaires... "Tous les éléments du débat sont sur la table depuis longtemps", dit-il.

17 commentaires

  • 19:06

    Bien sur qu'il faut aligner le public sur le privé et non le privé sur le public et encore moins sur la SNCF et bien d'autres secteurs qui dérogent actuellement. Et bien avoir en mémoire que la dernière promo avant de partir à la retraite du fonctionnaire compte pour la retraite. une promo à 100 € c'est 75 € de retraite en plus


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