Le président Emmanuel Macron
Emmanuel Macron prononce ce jeudi matin à La Sorbonne un discours sur l'Europe en écho à celui qui avait lancé son premier quinquennat, axé cette fois sur l'idée de "passer d'un agenda de souveraineté à un agenda d'Europe puissance".
Même si l'entourage présidentiel s'en défend, ses propos seront considérés comme une contribution à la campagne en vue des élections européennes de juin, pour lesquelles les sondages donnent pour l'heure un retard important à la liste Renaissance sur celle du Rassemblement national.
Comme en 2017, le chef de l'Etat s'exprimera donc au sein de l'université parisienne de La Sorbonne, "lieu de naissance de l'esprit européen" selon l'Elysée, pour rappeler les acquis de ces dernières années, marquées par la réponse européenne à la pandémie de COVID-19 et à la guerre en Ukraine, et se projeter vers l'avenir.
Avec l'idée de raviver un continent de 500 millions d'habitants confronté au retour de la guerre à ses portes et à une rivalité accrue entre les Etats-Unis et la Chine dont l'Union européenne risque de faire les frais.
"Il est normal que la France prépare et apporte sa contribution à cet agenda stratégique", dans la perspective du Conseil européen des 27 et 28 juin prochains, dit l'Elysée.
Alors que la liste Renaissance de Valérie Hayer compte une douzaine de points de retard sur celle du président du RN Jordan Bardella, l'Elysée assure que la prise de parole présidentielle est indépendante des échéances électorales, qui donneront pourtant le la des trois dernières années d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
CONFÉRENCE DE PRESSE DU RN SUR L'EUROPE
"La campagne est lancée depuis un moment", souligne l'entourage du président. "Là on est dans un moment très distinct, un moment institutionnel d'un chef d'Etat qui n'engage pas simplement la parole de sa sensibilité politique, mais la parole d'un pays".
Une mise au point qui n'empêche pas les oppositions de critiquer l'exercice présidentiel, auquel ont été conviées des personnalités de tous bords - anciens chefs d'Etat, ex-Premiers ministres, présidents des Assemblées, présidents des groupes politiques, maire de Paris.
"Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne, une grave atteinte à la démocratie. Le 9 juin, on démacronise l'Europe !", a lancé sur BFM TV la députée européenne La France insoumise, Manon Aubry.
La tête de liste des Écologistes, Marie Toussaint, a quant à elle ironisé sur l'invitation présidentielle à un évènement qui coïncide avec une séance de travail au Parlement de Strasbourg.
"Merci M. Le Président pour votre aimable invitation. Il se trouve qu'à l'heure précise où vous prononcerez votre discours, je siégerai à Strasbourg, ainsi que 704 autres députés, à la dernière session plénière du Parlement européen, celui qui doit être renouvelé le 9 juin", a-t-elle écrit sur le réseau X.
Actuellement crédité de plus de 30% des suffrages le 9 juin dans les enquêtes d'opinion, le Rassemblement national organise un contre-évènement : une conférence de presse sur son projet européen au siège parisien du parti.
François-Xavier Bellamy, vice-président exécutif et tête de liste des Républicains, convie lui aussi les journalistes dans l'après-midi pour réagir au discours de La Sorbonne.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)
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