"On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement", a estimé la ministre des Comptes publics.

Éric Lombard et Amélie de Montchalin à Paris, le 23 janvier 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Alors que le gouvernement est à la recherche de milliards d'euros pour redresser les comptes de la France, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a évoqué samedi 22 avril la possibilité de supprimer l'abattement fiscal dont bénéficient les retraités. Une piste déjà évoqué par d'autres membres du gouvernement et qui rapporterait plus de 5 milliards d'euros.
Les retraités peuvent, comme les actifs, diminuer de 10% leurs revenus au moment de leur déclaration, une possibilité jugée "aberrant(e)" par le Medef, qui a appelé à sa suppression, fin mars dans Les Échos . "On ne pourra pas balayer ce sujet d'un revers de la main", avait insisté le patron du syndicat patronal, Patrick Martin.
Interrogée par Le Parisien sur l'éventualité d'une suppression de cet abattement, Amélie de Montchalin a indiqué samedi que, "dans le cadre du conclave" sur les retraites, les "partenaires sociaux regardent l'ensemble des sujets", y compris "les avantages pour les retraités".
"Je pense, à titre personnel, qu 'on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement" , a-t-elle avancé. "Ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez."
"Tout doit être sur la table. À partir du moment où on dit que les efforts sont partagés, on ne peut pas exclure par principe une partie de la population. (...) Les tabous d'hier ne doivent pas être ceux de demain", avait pour sa part indiqué le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, mardi dernier sur France Inter .
Des "cibles bien commodes"
Lundi sur BFMTV , le député LFI et président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Éric Coquerel, a dénoncé une attaque sur "des cibles bien commodes".
"Par an maintenant, il y a 60 milliards de recettes qui sont perdues du fait d'avoir fait des cadeaux fiscaux aux plus riches , a-t-il souligné. Pour ne pas toucher à ça, j'ai l'impression que finalement on prend des cibles bien commodes, et les retraités sont des cibles bien commodes".
"Est-ce que l'urgence aujourd'hui c'est de toucher les retraités dont la très majorité ne fait pas partie des privilégiés de ce pays, ni même de ceux qui chaque année coûtent des dizaines de milliards d'euros à l'impôt ? Je ne pense pas", a-t-il tranché.
Le gouvernement cherche à supprimer des niches fiscales dans le cadre du budget 2026 pour tenter de réduire le déficit public, qui s'est creusé à 5,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2024.
L'abattement fiscal pour les retraités a été introduit en 1978 dans l'objectif de les mettre à égalité avec les actifs qui bénéficient eux aussi d'une déduction fiscale automatique de 10% de leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels. Supprimer l'abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l'augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d'autres, qui sont non-imposables aujourd'hui, le deviennent.
Le président du Conseil d'orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s'est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge "aberrant". "Qu'un retraité bénéficie d'une exonération fiscale pour des frais professionnels", "pour 4 milliards et demi d'euros par an", c'est "contre-nature" et "aberrant" , selon le dirigeant de la première organisation patronale.
Mais pour l'UNSA-Retraités, "l'abattement de 10% appliqué à la fiscalité des retraités n'a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels" des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression "augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l'ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches", avait ajouté l'UNSA-Retraités.
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