Des habitants de Jénine fuient la ville, au troisième jour d'une opération israélienne, le 23 janvier 2025 ( AFP / MOHAMMAD MANSOUR )
Des centaines de Palestiniens ont quitté jeudi le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, au troisième jour d'une opération d'envergure de l'armée israélienne contre des groupes armés qui a fait au moins 12 morts.
Appuyés par des bulldozers, des avions et des véhicules militaires blindés, les soldats ont lancé mardi cette opération baptisée "Mur de Fer", deux jours après le début d'une trêve dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que cette opération visait à "éradiquer le terrorisme à Jénine", une ville que jouxte un camp de réfugiés située dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.
"Des centaines de résidents du camp ont commencé à partir après que l'armée israélienne, via des haut-parleurs fixés sur des drones et des véhicules militaires, leur a ordonné de l'évacuer", a déclaré jeudi le gouverneur de Jénine, Kamal Abou al-Roub.
Salim Al-Saadi, membre du comité de gestion du camp, qui vit à proximité, a confirmé cet ordre.
"Ils ont demandé aux résidents du camp de partir avant 17H00 locales (15H00 GMT) et il y a des dizaines de personnes qui ont commencé à partir". "L'armée est devant ma maison, ils peuvent entrer à tout moment", a-t-il ajouté.
Des soldats et véhicules militaires israéliens, en position près du village israélien de Muqeibila, s'apprêtent à entrer dans Jénine, le 22 janvier 2025 en Cisjordanie occupée ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
L'armée israélienne, interrogée par l'AFP, a démenti avoir donné un tel ordre.
Dès mercredi, des habitants avaient commencé à fuir à pied la région de Jénine.
Jeudi, des images de l'AFP ont montré des files de femmes, d'hommes et d'enfants marchant dans une rue boueuse, certains emportant quelques affaires entassées dans des sacs, assistés par des ambulances du Croissant-Rouge palestinien.
Un secouriste poussait un homme en chaise roulante tandis que des véhicules militaires israéliens circulaient à proximité.
- "Raser les routes" -
Le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, a affirmé que la décision de lancer cette opération avait été la "bonne".
"Une fois que nous avions reconnu que le camp de Jénine était devenu une plaque tournante pour ceux qui planifient des attaques ou cherchent un refuge après en avoir commis, c'était la bonne décision que d'y entrer par la force", a-t-il déclaré dans un communiqué.
L'armée israélienne a affirmé avoir abattu jeudi avant l'aube en périphérie de Jénine deux combattants du Jihad islamique accusés d'avoir tué trois Israéliens dans une attaque en janvier.
Des habitants de Jénine, en Cisjordanie occupée, fuient au troisième jour de l'opération israélienne, le 23 janvier 2025 ( AFP / MOHAMMAD MANSOUR )
Le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne avait fait état mardi soir de dix morts dans l'opération à Jénine, régulièrement la cible d'opérations israéliennes contre les groupes armés dont le Hamas et le Jihad islamique.
Un véhicule militaire israélien dans le camp de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 23 janvier 2025 ( AFP / MOHAMMAD MANSOUR )
L'armée israélienne a indiqué mercredi avoir "frappé plus de dix terroristes", en parlant de "frappes aériennes sur des infrastructures terroristes" et du "démantèlement de nombreux explosifs installés sur les routes".
Le même jour, le gouverneur de Jénine a annoncé de nombreuses arrestations et affirmé que l'armée avait "rasé au bulldozer toutes les routes menant au camp". L'armée dit avoir recours à ces engins pour se prémunir de dispositifs explosifs.
- "Soutien inébranlable" -
Des véhicules de l'armée israélienne dans une rue de Jénine lors d'un raid militaire, le 22 janvier 2025 en Cisjordanie occupée ( AFP / - )
Cette opération a commencé au lendemain de l'investiture du président américain Donald Trump, dont le chef de la diplomatie Marco Rubio a promis mercredi un "soutien inébranlable" à Israël, lors d'une conversation téléphonique avec M. Netanyahu.
M. Rubio s'est également "engagé à travailler sans relâche pour aider à libérer tous les otages encore détenus à Gaza".
Des Palestiniens inspectent les décombres d'une maison où deux combattants ont été tués lors d'un raid israélien dans le village de Burqin près de Jénine en Cisjordanie occupée, le 23 janvier 2025 ( AFP / - )
Après 15 mois de guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la première phase d'un accord de cessez-le feu est entrée en vigueur le 19 janvier à Gaza.
Trois otages israéliennes, parmi les dizaines d'otages enlevés durant cette attaque, ont été libérés en échange de 90 prisonniers palestiniens. Un prochain échange est prévu samedi.
Dans l'une de ses premières décisions, Donald Trump a mis fin aux sanctions imposées par son prédécesseur Joe Biden à des colons israéliens extrémistes de Cisjordanie en raison de leurs attaques contre les Palestiniens.
Des Palestiniens arrêtés par l'armée israélienne à Jénine emmenés à un check-point à la limite de la Cisjordanie occupée, le 22 janvier 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
En 2020, lors de son premier mandat, M. Trump avait proposé un "deal du siècle" pour le conflit israélo-palestinien qui prévoyait l'annexion par Israël de pans de la Cisjordanie, mais n'avait jamais abouti.
Les violences en Cisjordanie ont explosé durant la guerre à Gaza. Depuis octobre 2023, au moins 850 Palestiniens y ont été tués par l'armée israélienne ou par des colons, selon le ministère palestinien de la Santé.
Dans le même temps, au moins 29 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou dans des opérations militaires, selon Israël.
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