Ces mesures de régulation "détourneront les jeunes médecins vers d'autres modes d'exercice, voire les inciteront à quitter le territoire, ou l'exercice", selon les syndicats.
( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )
Les principaux syndicats professionnels de médecins ont présenté vendredi 15 novembre un front commun contre "toute forme de régulation ou de contrainte" tendant à remettre en cause leur liberté d'installation, dénonçant de "fausses solutions aux effets pervers", après plusieurs initiatives et déclarations politiques.
Le sujet revient régulièrement sur la table, poussé par la désertification médicale . Il a encore été alimenté cette semaine à l'Assemblée nationale où des élus ont présenté une proposition de loi transpartisane pour restreindre la liberté d'installation des médecins dans des zones déjà bien dotées, tandis qu'un sénateur LR proposait lui de la "conditionner" à un exercice partiel en cabinet secondaire, en désert médical . Sur franceinfo mercredi, la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a elle-même jugé "intéressant" les projets de "service sanitaire obligatoire", qui consistent à faire en sorte que de jeunes médecins aillent exercer "pendant 1 an ou 2" dans des zones sous-dotées.
"Dans un contexte de pénurie numérique nationale de médecins, ces mesures, déjà prouvées inefficaces à l'étranger, (...) se révéleront contre-productives ", ont déclaré les représentants des médecins dans un communiqué commun. "Elles détourneront les jeunes médecins vers d'autres modes d'exercice, voire les inciteront à quitter le territoire, ou l'exercice", écrivent ces 12 organisations professionnelles et étudiantes, dont les syndicats représentatifs des médecins libéraux (MG France, CSMF, Avenir Spé-Le Bloc, SML, FMF, UFML-S).
"87% du territoire est classé en zone sous-dotée"
Aujourd'hui "87% du territoire est classé en zone sous-dotée", ajoutent-ils, jugeant "illusoire" l'idée "qu'il existe encore des territoires sur-dotés". Par ailleurs, "imposer une installation temporaire" ne "permet pas de garantir la continuité et la qualité des soins". Ils plaident plutôt pour agir sur "l'accompagnement, l'ancrage dès la formation et l'amélioration des conditions de travail" .
Jeudi, lors d'une conférence organisée par les Libéraux de Santé (LDS, fédération de syndicats), le président du syndicat médical CSMF Franck Devulder avait "balayé d'un revers de main" la proposition de loi des députés, "coercitive", mais estimé que les médecins devraient "réfléchir aux outils d'une meilleure régulation", pour "un accès aux soins également réparti".
Un peu plus tôt, évoquant l'état du système de santé, Franck Devulder s'était inquiété de l'avenir de la "diagonale du vide des Ardennes, au Périgord" , qui compte beaucoup de "médecins de plus de 60 ans", bientôt à la retraite.
"Où travaillent, publics et privés, les médecins de moins de 40 ans ? Sur la côte atlantique et les côtes de la Manche ", avait-il noté.
9 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer