"À un moment, il faut savoir à quel camp on appartient", a tranché la ministre.

Agnès Pannier-Runacher à Paris, le 5 mars 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a déploré jeudi 24 avril les prises de positions de certains patrons, qui critiquent l'Europe et la France dans le cadre de la guerre commerciale initiée par Donald Trump.
Elle réagissait aux propos du ministre de l'Économie, qui a appelé les chefs d'entreprises français au "patriotisme", alors que plusieurs grands patrons ont critiqué récemment Bruxelles et la France, aux prises avec les droits de douane imposés par Donald Trump.
"Expliquer que ce que fait l'Europe est problématique par rapport à ce que font d'autres grandes puissances, c'est au fond rallier et soutenir des grandes puissances dont le fond de l'action est d'agir contre l'Europe et la France ", a expliqué Agnès Pannier-Runcher sur BFM Business .
"On peut être un responsable économique et critiquer le gouvernement, (...) on peut critiquer Bruxelles, ce n'est pas un problème. Mais on n'agit pas contre son pays et contre l'Europe", a-t-elle insisté.
"Dans un moment géopolitique qui est particulièrement complexe, où vous avez certains pays qui agissent systématiquement contre les intérêts des Français et contre les intérepts des Européens, avec des arrières-pensées très claires, à un moment, il faut savoir à quel camp on appartient ", a tranché la ministre.
Les "bureaucrates" de Bruxelles
Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH , qui avait dénoncé en février une taxation française pénalisant le "Made in France", avait mené la charge jeudi dernier contre l'UE et les "bureaucrates" de Bruxelles. L'Union européenne, selon lui, "n'est pas dirigée par un pouvoir politique (...) mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des réglementations", rendant "pas facile" la création d'une "zone de libre-échange" entre les États-Unis et l'UE -une zone à laquelle il s'est dit "favorable".
En marge de l'assemblée générale de LVMH, il avait appelé les dirigeants européens à régler "à l'amiable" les tensions commerciales entre l'UE et les États-Unis . "Ces négociations sont vitales pour beaucoup d'entreprises en France, et malheureusement, j'ai l'impression que nos amis britanniques sont plus concrets dans l'avancée des négociations", a-t-il déploré.
Dans une interview au Figaro Magazine cette semaine, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné s'est lui attaqué au "millefeuille administratif du pays". "Quand il faut trois ans pour faire une ferme solaire aux États-Unis, cela prend sept ans en France. Et pour un projet dix fois plus petit !", selon lui. "Au fil des années, un État profond s'est créé en France. Les fonctionnaires ne font plus confiance aux politiques. Cela s'accélère avec les gouvernements qui chutent tous les six mois. Pourquoi écouter un ministre qui ne va pas rester? C'est un vrai problème car cela renforce le poids d'une administration qui a tendance à compliquer les choses", ajoute le PDG.
"Nous sommes dans une bataille qui vise en réalité à nous affaiblir. Nous devons protéger le modèle européen. Alors, oui, j'en appelle au patriotisme des chefs d'entreprise", avait lancé dimanche le ministre de l'Économie, Éric Lombard. "Ils doivent travailler avec les États pour que cette bataille soit gagnée. Si elle était perdue, peut-être que telle ou telle entreprise en tirerait profit à titre individuel - ce dont je doute. Mais toute l'Europe serait perdante. Et son tissu économique aussi", avait estimé le ministre.
Michel-Edouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres de grande distribution E.Leclerc, s'est lui positionné à rebours des acteurs industriels pré-cités: "ll ne faut pas que Bernard Arnault, que (Rodolphe) Saadé le président de la compagnie maritime CMA CGM (qui s'est affiché début mars dans le bureau ovale avec Donald Trump pour annoncer 20 milliards d'investissements aux États-Unis sur quatre ans, NDLR) ou Schneider Electric (qui avait dit fin mars compter investir plus de 700 millions de dollars d'ici 2027 aux États-Unis, NDLR) aillent signer leur accord avant que l'Europe n'ait négocié, sinon on a l'air minable".
"Je lance un appel à Bernard Arnault : 'Fais société, fais nation'" , a-t-il ajouté.
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