"L'imprévisibilité est toujours un ennemi de la confiance et de la croissance", a souligné le gouverneur de la Banque de France.

Donald Trump à Washington, aux États-Unis, le 9 avril 2025. ( AFP / SAUL LOEB )
Le revirement de Donald Trump sur les droits de douane imposés à l'UE représente certes une "marge de négociation". Mais elle illustre également, une nouvelle fois, l'imprévisibilité du président américain. Pas de quoi rassurer les entreprises françaises qui travaillent le plus avec les États-Unis, comme celles dans les cosmétiques ou le vin.
"Soulagés ? Ce n'est pas le bon mot", résume auprès de l' AFP Emmanuel Guichard du syndicat des fabricants de cosmétiques, la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), qui exportent beaucoup aux États-Unis : près de 3 milliards d'euros pour les "parfums et produits de toilette" en 2024, selon les douanes.
Certes, "le point positif, c'est que cela prouve qu'il y a une marge de négociation", juge Emmanuel Guichard, alors que Donald Trump avait longtemps fait part de son inflexibilité sur une éventuelle pause dans les droits de douane. "Mais ce que déteste le plus le business, c'est l'imprévisibilité , or Trump change de discours tous les jours", déplore-t-il.
Quelques jours après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, Donald Trump a annoncé mercredi une suspension pendant 90 jours des taxes "réciproques" à l'importation imposées à des dizaines de pays et partenaires. Cela comprend notamment celle de 20% contre l'Union européenne, qui était en principe en vigueur depuis mercredi matin et qui sera ramenée à un taux de 10% pendant trois mois.
Autre secteur où la France exporte beaucoup vers les États-Unis : le vin et les spiritueux, qui ont compté pour 3,9 milliards d'euros des 47 milliards exportés par la France vers les États-Unis en 2024. Pour Nicolas Ozanam, de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) : "Il y a eu tellement d'annonces qu'on évite de s'emballer dans un sens ou dans un autre", a-t-il indiqué à l' AFP .
"À très court terme, c'est une forme de demi-soulagement : au lieu de 20% on va être à 10%" et "dans la même situation que les autres pays fournisseurs des États-Unis" pour le vin et les spiritueux. "Pour autant, c'est toujours 10 points de plus qu'avant", le vin français étant jusqu'alors très peu taxé à son arrivée aux États-Unis, de l'ordre d'une dizaine de centimes le litre.
"Une moins mauvaise nouvelle"
Nicolas Ozanam estime que les expéditions de vins et spiritueux français, qui avaient été complètement stoppées quand Trump avait un temps menacé l'alcool européen d'une taxe de 200%, vont toutefois pouvoir "reprendre."
Emmanuel Guichard, de la FEBEA, rappelle qu'"il y a toutefois un sujet juridique dans les contrats" d'import-export, qui pour beaucoup ne prévoyaient pas l'imposition soudaine de ces droits de douane. "Pour l'instant, les entreprises accumulent plus de stock sur place pour éviter les frais", explique-t-il.
Pour le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, la pause annoncée est certes " une moins mauvaise nouvelle", mais "l'imprévisibilité est toujours un ennemi de la confiance et de la croissance" , a-t-il déclaré jeudi sur France Inter .
"Est-ce qu'on retrouve une forme de normalité, ou est-ce que ces 90 jours sont une épée de Damoclès ?", a résumé jeudi le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Amir Reza-Tofighi sur BFM . "Les prochaines semaines vont être cruciales."
La Bourse de Paris était plus enthousiaste après l'annonce de Donald Trump : jeudi, vers 12h30, le CAC 40 était en très forte hausse, de 5,31%. Le gouvernement a revu mercredi soir à la baisse la croissance de la France pour 2025, "compte tenu des incertitudes", a annoncé le ministre de l'Économie Éric Lombard.
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