L'Azerbaïdjan, qui reproche à Paris son soutien à l'Arménie, avait déjà convié à Bakou en juillet 2023 les indépendantistes de Martinique, Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française.

Une colonne de fumée au-dessus de Nouméa, le 14 mai 2024. ( AFP / THEO ROUBY )
L'Azerbaïdjan a-t-il un rôle dans la flambée de violence qui touche la Nouvelle-Calédonie ? C'est l'accusation portée jeudi 16 mai par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin.
Comme on lui demandait si ce pays, prorusse, ainsi que la Russie et la Chine faisaient de l'ingérence en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répondu sur France 2 : "Sur l'Azerbaïdjan, ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité" , en regrettant "qu'une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l'Azerbaïdjan".
Bakou a catégoriquement rejeté ces accusations. "Nous démentons tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l'Azerbaïdjan", a déclaré la diplomatie azerbaïdjanaise, fustigeant des "déclarations insultantes", "infondées" et "une campagne de calomnie".
Mercredi, le gouvernement a aussi interdit en Nouvelle-Calédonie le réseau social TikTok dont la maison-mère est chinoise, largement utilisé par les émeutiers, sur fond de craintes de désinformation sur les réseaux sociaux venant de pays étrangers pour attiser les tensions.
La polémique monte sur l'influence de l'Azerbaïdjan depuis la signature en avril d'un mémorandum de coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l'Assemblée nationale de l'Azerbaïdjan.
Soutenir "les mouvements de libération et anticolonialistes français".
L'Azerbaïdjan, qui reproche à Paris son soutien à l'Arménie, avait déjà convié à Bakou en juillet 2023 les indépendantistes de Martinique, Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. De cette conférence était né le "Groupe d'initiative de Bakou" qui vise à soutenir "les mouvements de libération et anticolonialistes français".
Dans une déclaration publiée mardi en français par l'Azertac, l'agence d'information d'État de l'Azerbaïdjan, le Groupe d'initiative de Bakou a ainsi condamné "l'arrestation des Kanaks et les actes de violence des autorités françaises contre les civils en Nouvelle-Calédonie" .
L'eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui a présidé une commission du Parlement européen sur les ingérences étrangères, a également dénoncé sur Public Sénat "une tentative d'ingérence" de l'Azerbaïdjan "depuis des mois déjà".
"Ce ne sont pas les acteurs étrangers qui créent la tension. Là, en l'occurrence, c'est une réforme constitutionnelle, c'est un problème interne. Mais ils se saisissent des problèmes internes pour mettre du sel sur les plaies et pour tendre la situation", a dénoncé la tête de liste des socialistes aux élections européennes du 9 juin. "Des régimes autoritaires comme la Russie, l'Azerbaïdjan, mais la Chine aussi saisissent la moindre faille dans nos sociétés pour polariser le débat public et pour créer le chaos", a-t-il souligné.
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