Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en route pour une opération militaire à Sake, sont acclamés par la population, le 23 janvier 2025 à Goma ( AFP / Jospin Mwisha )
Les affrontements se sont poursuivis vendredi dans l'est de la RDC entre le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda, et l'armée congolaise, appuyée par des unités d'élite de Casques bleus des Nations unies.
Après l'échec d'une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola, le M23 a repris du terrain ces dernières semaines et les combats se sont intensifiés autour de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma, qui compte un million d'habitants et au moins autant de déplacés.
La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) a annoncé vendredi dans un communiqué que "les Forces de réaction rapide (QRF), unité d'élite de la Monusco, ont été activement engagées dans des combats intenses".
"Au cours des 48 dernières heures, l'artillerie lourde de la Monusco a mené des missions de tir contre les positions du M23", a précisé l'organisation. Quelque 15.000 Casques bleus sont présents en RDC.
A Kinshasa, au sortir d'un conseil de défense présidé par le chef d’État congolais Félix Tshisekedi, l'armée a confirmé la mort du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Peter Cirimwami, blessé par balle jeudi près d'une ligne de front.
La RDC a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, relayée par la France, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques, mais aucune date n'a encore été fixée.
Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres s'est dit jeudi "alarmé" par un regain de violences qui pourrait aggraver "le risque d'une guerre régionale".
L'ambassade américaine en RDC a appelé sur X ses ressortissants à "se rendre dans un endroit plus sûr tant que les aéroports et les frontières sont encore ouverts". Le ministère des Affaires étrangères britannique a fait de même, tout comme l'ambassade de France en RDC qui a alerté contre un "risque de dégradation rapide".
- Combats à 20 km -
Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à bord d'un char quittent la ville de Goma (RDC), en direction de Sake, le 23 janvier 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
Toute la journée, des affrontements ont eu lieu à une vingtaine de kilomètres seulement de Goma, ville au cœur des violences qui secouent l'est de la RDC depuis 30 ans, selon des sources militaires et sécuritaires. Des coupures épisodiques de réseau mobile, d'internet et d'électricité ont affecté la ville.
Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.
Carte du territoire contrôlé par le mouvement rebelle du M23 en République démocratique du Congo, au 23 janvier 2025 ( AFP / Pierre MOUTOT )
Depuis plusieurs jours, des combattants du M23 postés dans les collines autour de la ville tirent des obus, selon des militaires postés dans la zone. Les forces congolaises disent riposter avec des lance-roquettes multiples, visibles à la remorque de leurs pickups.
Autour de Sake, où des combats ont fait rage jeudi à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma, le M23 est toujours présent, selon une source militaire.
Des hélicoptères de combat de l'armée congolaise (FARDC) sont partis dans la matinée vers Sake, selon des témoins.
Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en patrouille à Goma, le 23 janvier 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
De nombreux civils, qui ont souvent déjà fui plusieurs fois, ont une nouvelle fois quitté leur foyer. Selon l'ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.
"Le nombre de déplacements est désormais de plus de 400.000 personnes rien que pour cette année, soit presque le double du nombre signalé la semaine dernière", a déclaré à la presse un porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh.
Le conflit entre le M23, soutenu par 3.000 à 4.000 soldats rwandais déployés dans l'est selon l'ONU, et l'armée congolaise dure depuis plus de trois ans et a aggravé une crise humanitaire chronique dans la région.
La RDC accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les richesses de l'Est congolais, ce que Kigali conteste.
Des patients blessés par balles pendant des combats près de chez eux gisent dans des lits d'un hôpital de la Croix-Rouge à Goma (République démocratique du Congo), le 20 janvier 2025 ( AFP / Jospin Mwisha )
Une rencontre entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l'Angola, désigné médiateur par l'Union africaine, a été annulée en décembre faute d'entente sur les conditions d'un accord.
La Turquie, très active sur le continent africain, a proposé jeudi de mener une médiation RDC-Rwanda.
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés dans la région, puis rompus. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet.
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