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F1-"J'ai l'impression de représenter deux pays", confie Hadjar
information fournie par Reuters 24/04/2025 à 19:06

par Alan Baldwin

Le pilote novice en Formule 1 Isack Hadjar arbore deux drapeaux dans sa chambre et dans sa tête : le bleu-blanc-rouge de la France et celui blanc, vert et rouge de l'Algérie.

Né à Paris de parents scientifiques algériens et roulant en F1 depuis le début de saison sous licence française, le pilote de Racing Bulls se distingue dans la catégorie reine aussi bien par ses résultats que par ses origines nord-africaines.

"J'ai l'impression de représenter deux pays", a-t-il déclaré à Reuters le week-end dernier, en Arabie saoudite. "Je suis le premier pilote arabe de la planète à accéder à la Formule 1. C'est énorme, mais c'est passé sous les radars, personne ne s'en soucie, mais c'est énorme."

Le livre de la Formule 1 fait état d'un seul autre pilote nord-africain depuis le début du championnat du monde en 1950, le Franco-marocain Robert La Caze, qui a couru pour le Maroc en 1958 lorsque ce pays avait accueilli une course.

Depuis, le Brésilien Felipe Nasr - qui a roulé en F1 en 2015-16 et dont le grand-père a émigré du Liban vers l'Amérique du Sud dans les années 1960 - était alors le pilote de Formule 1 se rapprochant le plus du monde arabe.

Lors de ses débuts à Melbourne, en mars, Isack Hadjar a pleuré de frustration après son crash dans le tour de formation qui l'avait empêché de prendre le départ de ce qui aurait dû être son premier Grand Prix de Formule 1.

Mais le jeune homme de 20 ans s'est depuis racheté en marquant cinq points sur deux des quatre week-ends suivants.

"Hadjar est la surprise de la saison", a d'ailleurs estimé Helmut Marko, conseiller sportif chez Red Bull, après le Japon. "Il est calme et toujours présent. C'est un grand garçon qui arrive pour le futur."

"PETIT PROST"

Il y a longtemps, Helmut Marko l'avait qualifié de "Petit Prost" en référence au quadruple champion du monde français Alain Prost.

Plutôt fan à l'époque d'Ayrton Senna, le défunt coéquipier et rival d'Alain Prost, Isack Hadjar a admis que ce surnom n'était pourtant pas lié à son coup de volant.

"J'étais en train de me ronger les ongles et il m'a dit 'Oui, comme Prost'", s'est-il souvenu. "C'est tout. C'est aussi simple que ça."

"Cela ne me dérange pas. Prost est une légende. Enfant, c'était Ayrton mais plus je grandis, plus j'apprécie Alain. Quand vous êtes enfant, vous ne pensez qu'à la vitesse et aux couleurs vives. Quand on voit Ayrton Senna, on se dit 'Oh, incroyable'. Et plus tard, Lewis (Hamilton)."

Isack Hadjar a aussi expliqué l'importance d'utiliser sa tête pour exploiter ses qualités de pilotage.

"Je ne vais pas m'autoproclamer comme un type intelligent, mais j'ai certainement l'approche que mon père a toujours voulu, que j'utilise d'abord ma tête", a dit le Franco-algérien.

Enfant, sa passion pour le sport automobile est née grâce au film "Cars" et aux courses de F1 qu'il regardait avec son père Yassine, chercheur en mécanique quantique.

Il a commencé le karting à sept ans et a été vice-champion de Formule 2 la saison dernière, une campagne frustrante au cours de laquelle il a parfois donné l'impression d'enrager à la radio.

"Vous jouez avec les limites de ce qui est autorisé", a-t-il déclaré. "En Formule 2, vous êtes un client de l'équipe et vous jouez votre vie ici. Vous voulez aller en Formule 1, l'équipe se trompe, vous êtes en colère contre elle à la radio et vous dites ce que vous pensez."

"Ici, c'est complètement différent. Tu es payé pour conduire. C'est le travail le plus cool au monde, vous ne criez pas sur les gens. Ce n'est pas possible."

"Si je veux crier, je le fais dans mon casque. C'est ce que je fais. Je n'appuie pas sur le bouton de la radio pour dire des bêtises", a conclu l'un des trois pilotes français en F1 cette saison avec Esteban Ocon (Haas) et Pierre Gasly (Alpine).

(Reportage d'Alan Baldwin, version française Vincent Daheron, édité par Kate Entringer)

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