(Actualisé avec Medef, lettre de Bayrou)
Les partenaires sociaux se réunissent à partir de ce jeudi en "conclave" pour tenter d'aboutir d'ici trois mois à un accord sur le sujet sensible des retraites, notamment en ce qui concerne le financement et l'âge de départ fixé à 64 ans par la réforme de 2023 contestée dans la rue et au Parlement.
Dans un contexte de déficit massif - 6,6 milliards d'euros en 2025 pour le régime des retraites -, les négociations entre patronat et syndicats s'annoncent houleuses alors que le gouvernement a promis, lui, de rester à l'écart.
D'un côté, les syndicats, notamment la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et la confédération générale du travail (CGT), veulent revenir sur l'âge de départ à la retraite.
Chez le patronat, le président du Medef Patrick Martin a réitéré dans un entretien au Monde jeudi la position de son syndicat selon laquelle remettre la réforme de 2023 en chantier est une "mauvaise idée".
"C’est une mauvaise idée, une initiative malheureuse qui a été prise dans le cadre d’un accord de non-censure avec le Parti socialiste, alors même que le plus grand nombre des Français s’étaient résignés à la réforme", a-t-il dit au quotidien.
Plusieurs élus ont fait part de leur scepticisme, à l'image du président (La France insoumise) de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, qui a estimé mercredi sur BFM TV que "rien" ne sortira de ces négociations.
"Les différents partenaires n'y vont pas avec les mêmes objectifs", a-t-il dit. "Les syndicats y vont avec l'objectif de revenir à 62 ans. Les organisations patronales y vont avec l'objectif d'introduire de la capitalisation, c'est-à-dire faire pire que la réforme [de l'ancienne Première ministre Elisabeth] Borne."
ÉQUILIBRE FINANCIER EN 2030
Selon une lettre de mission envoyée mercredi en fin de journée aux partenaires sociaux à laquelle Reuters a eu accès, le Premier ministre François Bayrou demande de "rétablir l’équilibre financier" du système de retraites d'ici 2030.
"L'objectif de la délégation permanente doit dès lors être, tout en proposant des améliorations réelles pour nos concitoyens, de rétablir l'équilibre financier de notre système de retraites à un horizon proche", a réclamé le chef du gouvernement.
"Je souhaite fixer cet objectif à l'année 2030", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre centriste s'est engagé dans son discours de politique générale à "remettre en chantier" la réforme contestée de 2023 qui repousse l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, appelant de ses voeux des débats "sans tabou" qui respectent toutefois l'"exigence" d'un équilibre financier.
Si les discussions aboutissent à un accord, même partiel, il sera soumis au Parlement. Sans accord, la loi votée il y a deux ans s'appliquera, a prévenu le chef du gouvernement.
Pour mener à bien ce travail, François Bayrou a demandé une "mission flash" à la Cour des Comptes qui a mis en exergue la semaine dernière trois "leviers" pour faire face aux déficits : l'âge légal de départ, le niveau moyen des pensions et le niveau des cotisations.
Selon l'instance présidée par Pierre Moscovici, baisser l'âge de départ à 63 ans coûterait 13 milliards d'euros aux finances publiques en 2035. A l'inverse, un relèvement à 65 ans rapporterait 17,7 milliards.
La Cour des comptes juge nécessaire la réforme contestée de 2023 mais considère qu'elle n'est "pas suffisante" pour couvrir les besoins de financement futurs.
Les discussions, à raison d'une séance tous les jeudis, doivent s'achever fin mai ou début juin.
(Rédigé par Zhifan Liu et Kate Entringer, édité par Elizabeth Pineau et Augustin Turpin)
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