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Intelligence artificielle : les médias et la politique antitrust jouent un rôle clé
information fournie par Edmond de Rothschild AM 10/12/2020 à 08:48

Les progrès de l'intelligence artificielle (IA), à savoir l'ensemble des technologies permettant aux machines de reproduire les capacités cognitives d'un être humain, impliqueront une refonte d'au moins deux institutions, à savoir les médias et les acteurs de la politique antitrust. Faute de quoi, nos démocraties vacilleront. (crédit : Markus Spiske / pexels)

Les progrès de l'intelligence artificielle (IA), à savoir l'ensemble des technologies permettant aux machines de reproduire les capacités cognitives d'un être humain, impliqueront une refonte d'au moins deux institutions, à savoir les médias et les acteurs de la politique antitrust. Faute de quoi, nos démocraties vacilleront. (crédit : Markus Spiske / pexels)

Par Jacques-Aurélien Marcireau, codirecteur de la Gestion Actions chez Edmond de Rothschild Asset Management


Les progrès de l'intelligence artificielle (IA), à savoir l'ensemble des technologies permettant aux machines de reproduire les capacités cognitives d'un être humain, impliqueront une refonte d'au moins deux institutions, à savoir les médias et les acteurs de la politique antitrust. Faute de quoi, nos démocraties vacilleront

Si la nature des menaces évolue avec le temps, les enjeux restent les mêmes. Concernant les médias, il s'agit de garantir un système capable de produire une information de qualité pour informer les citoyens, alimenter le débat public et résister aux tentatives de désinformation. Concernant l'antitrust, l'objectif est de conserver un équilibre entre les forces économiques pour éviter que l'une d'entre elles ne s'accapare un pouvoir de monopole tel qu'elle puisse en retour menacer l'autonomie du pouvoir politique.

Les réseaux sociaux sont à l'intersection parfaite de ces deux enjeux. Le scandale Cambridge Analytica et l'évolution rapide des deepfakes – vidéos/photomontages saisissants de réalisme – démontrent que nous entrons dans une ère où l'intelligence artificielle détournée d'un objectif de progrès favorable à l'être humain sera à même de générer des campagnes de désinformation personnalisées, s'appuyant sur les points de faiblesse de chacun.

Dans son ouvrage «Fascism : a warning», Madeleine Albright, première femme Secrétaire d'Etat aux Etats-Unis sous l'administration Clinton, décrit à quoi peut ressembler ce monde en s'appuyant sur l'exemple de l'Ukraine, inondée de désinformation lors du dernier conflit, vivant dans un monde «post-vérité» et de fait paralysée. Il est aujourd'hui beaucoup moins coûteux – sur tous les plans - de mobiliser la technologie pour désinformer que pour informer.

Des moyens pour arriver à ses fins

Face à cette menace grandissante, compte tenu notamment du coût de plus en plus réduit de ces technologies, la réponse à apporter sera double : ressusciter le journalisme d'investigation, en lui allouant davantage de moyens. Nous sommes convaincus de l'importance de la data, à l'image d'une grande partie de la population mondiale, et à ce titre nous devons rémunérer et doter de moyens – techniques et financiers - conséquents nos producteurs d'information. Nous ne pouvons pas nous appuyer sur un secteur sinistré, pris aujourd'hui en otage par la génération de recettes publicitaires. C'est sur cette information de qualité et vérifiée que pourront s'appuyer d'éventuelles technologies en charge de rechercher et combattre les actions de désinformation.

L'autre travers consisterait à laisser une poignée de sociétés privées, voire une seule, décider de ce qui est vrai ou doit être censuré…

Les institutions en charge de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles (antitrust) doivent de leurs côtés se saisir de deux enjeux clés : aujourd'hui, l'effet réseau lié aux données qui constitue un avantage concurrentiel plus difficilement mesurable que les parts de marché, demain l'éclosion de nouveaux mécanismes comme les collusions ou encore les discriminations algorithmiques. Là encore, il sera question de moyens. Combien compte aujourd'hui Google de lobbystes, en comparaison du nombre de membres dédiés à l'antitrust au sein du Département de la Justice ?

Le phénomène de collusion mérite que l'on s'y attarde car il pose une véritable question philosophique. En 2020, si trois géants de l'agroalimentaire se mettent d'accord dans une chambre d'hôtel pour remonter leurs prix et que cette rencontre peut être prouvée, alors la sanction tombera assez mécaniquement. Maintenant, imaginons que ces trois acteurs utilisent les technologies mises à disposition par l'intelligence artificielle afin de définir une politique de prix en vue de maximiser les profits de l'entreprise. Il est probable que les trois algorithmes de machine learning mettent en lumière une logique de remontée des prix quasisimultanément. Ces entreprises, visant à maximiser leurs profits et la création de valeur pour les actionnaires, seront-elles poursuivies pour autant ?

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