L'Ukraine a attaqué jeudi à l'aide de drones la base aérienne d'Engels en Russie, à environ 700 km du front, où Moscou stationne notamment des bombardiers lourds stratégiques capables d'emporter des charges nucléaires, ont rapporté des responsables et des médias russes.
Un responsable du SBU, les services de sécurité ukrainiens, a lui aussi déclaré que des drones ukrainiens avaient frappé au cours de la nuit la base d'Engels, déclenchant des explosions et un incendie.
Des vidéos non authentifiées diffusées sur des comptes russes de la messagerie Telegram montrent une puissante déflagration partir de la base et endommager des habitations avoisinantes.
Une vidéo authentifiée par Reuters à partir de la localisation et de la forme des bâtiments montre une colonne de fumée s'élever des maisons endommagées.
Dix personnes ont été blessées et hospitalisées mais leurs jours ne sont pas en danger, a dit le directeur des services sanitaires de la région de Saratov, où se trouve la base d'Engels, à une chaîne de télévision locale.
Le ministère russe de la Défense a déclaré jeudi que les défenses antiaériennes avaient abattu 132 drones ukrainiens au-dessus du territoire russe.
La base d'Engels, créée à l'époque soviétique près des rives de la Volga, abrite des bombardiers stratégiques Tupolev Tu-160, capables d'emporter des ogives nucléaires.
Roman Boussarguine, gouverneur de la région de Saratov, a déclaré qu'une attaque de drones ukrainienne sur la ville d'Engels avait provoqué un incendie sur un aérodrome et entraîné l'évacuation des habitants vivant à proximité du site. Il n'a pas spécifiquement cité la base d'Engels mais il s'agit du principal aérodrome du secteur.
Maxime Leonov, chef du district d'Engels, a annoncé que l'état d'urgence avait été décrété au niveau local mais il n'a guère fourni de précisions.
Reuters n'a pas pu confirmer de manière indépendante ce qu'il s'est produit sur la base militaire.
LA RUSSIE CONTINUE AUSSI SES ATTAQUES DE DRONES
L'Ukraine a déjà attaqué cette base d'Engels en décembre 2022. Elle a aussi revendiqué en janvier un bombardement sur un dépôt pétrolier permettant d'alimenter le site en carburant, provoquant un immense incendie qui n'avait pu être éteint qu'au bout de cinq jours.
Une source au sein des services de sécurité ukrainiens avait alors dit que des drones avaient attaqué un entrepôt abritant des bombes et missiles guidés sur la base d'Engels.
Alors que, après des échanges distincts avec le président américain Donald Trump, les chefs d'Etat ukrainien Volodimir Zelensky et russe Vladimir Poutine ont tour à tour accepté le principe d'un cessez-le-feu de 30 jours portant sur les infrastructures énergétiques des deux pays, chaque camp continue de bombarder l'autre.
La Russie a ainsi tiré un barrage de drones contre l'Ukraine au cours de la nuit, faisant au moins 10 blessés, dont quatre enfants, et endommageant des habitations dans la ville de Kropyvnytskyi, dans le centre du pays, selon des responsables ukrainiens.
Les défenses antiaériennes ukrainiennes ont abattu 75 drones sur les 171 tirés par la Russie, selon l'armée de l'air ukrainienne, ajoutant que 63 autres engins étaient "perdus", soit détournés électroniquement.
"Kropyvnytskyi a survécu à l'attaque ennemie la plus massive", a dit le gouverneur régional Arkadyi Raikovytch. "De paisibles bâtiments résidentiels ont été détruits, des maisons et des immeubles de plusieurs étages."
Des photographies publiées par des responsables ukrainiens sur Telegram montrent des colonnes de fumée s'élever au-dessus de plusieurs bâtiments incendiés.
Sur le plan diplomatique, Volodimir Zelensky, arrivé ce jeudi en Norvège après une étape en Finlande la veille, doit s'exprimer par visioconférence au sommet de l'Union européenne organisé à Bruxelles, au cours duquel les dirigeants européens, hormis le Hongrois Viktor Orban, vont réaffirmer leur soutien financier et militaire à l'Ukraine.
Le président ukrainien, qui s'entretient régulièrement avec son homologue français Emmanuel Macron, a aussi prévu de se rendre en France la semaine prochaine.
(Rédaction de Reuters, avec Olena Harmash, Tom Balmforth et Yuliia Dysa à Kyiv et Terje Solsvik à Oslo, version française Bertrand Boucey, édité par)
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