
Vue du siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort
La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé une nouvelle fois jeudi ses taux d'intérêt directeurs afin de soutenir la fragile croissance économique de la zone euro désormais confrontée aux incertitudes sur l'impact des droits de douane américains.
Le taux de la facilité de dépôt a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters.
Il s'agit de la septième baisse du coût du crédit en un an de la part de l'institut de Francfort qui avait porté en septembre 2023 le taux de dépôt à un record de 4% pour juguler une inflation galopante après la pandémie de COVID-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Depuis, les pressions inflationnistes se sont nettement atténuées et les récentes turbulences sur les marchés financiers liées aux annonces de l'administration de Donald Trump sur les droits de douane ont alimenté les anticipations sur la poursuite de l'assouplissement monétaire enclenché en juin dernier.
"Les perspectives économiques sont assombries par une incertitude exceptionnelle", a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la traditionnelle conférence de presse qui a suivi la réunion de politique monétaire.
Face à ce contexte hautement incertain, elle a plaidé pour une approche réunion par réunion et basée sur les données économiques.
"Ce sera une question d'agilité face à ce que nous observons", a-t-elle souligné. "Plus que jamais, nous devons nous fier aux données."
La BCE, dont la prochaine réunion de politique monétaire est prévue début juin, n'aura pas d'ici là une vision claire de la situation car la pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur les droits de douane dits réciproques n'aura pas encore expirée, a-t-elle fait valoir.
"Je ne peux pas vous dire que nous sommes au pic de l'incertitude", a ajouté Christine Lagarde. "Nous devons être prêts pour l'imprévisible".
POLITIQUE NEUTRE
Le taux de dépôt à 2,25% se situe désormais dans la fourchette haute de l'estimation de la BCE du taux dit "neutre" - qui ne stimule ni ne freine la croissance économique - établie entre 1,75% et 2,25%.
De fait, la BCE a retiré de son communiqué la mention d'une politique monétaire "sensiblement moins restrictive".
Interrogée sur ce taux neutre, Christine Lagarde a estimé qu'il s'agissait d'un "concept qui fonctionne dans un monde sans choc".
"Mais nous ne vivons pas dans un monde sans choc, c'est certain, donc l'évaluation du caractère restrictif (de la politique) n'est plus pertinente", a-t-elle indiqué.
Les annonces de la BCE, dont la baisse des taux étaient largement attendues, n'ont guère fait réagir les marchés financiers. A 14h10 GMT, l'euro s'échangeait autour de 1,1361 dollar, en baisse de 0,32%.
"Dans l'ensemble, cette réunion a été clairement accommodante, la déclaration du Conseil des gouverneurs et les commentaires de la présidente Lagarde lors de la conférence de presse témoignant clairement d'une prise de conscience des risques baissiers accrus sur la croissance et l'inflation", souligne Max Stainton, stratège sur la macroéconomie mondiale chez Fidelity International.
"Cela est conforme avec nos propres perspectives pour l'Europe et la BCE. Avec un choc de croissance de 75 pb lié aux droits de douane américains, nous anticipons une croissance faible, voire nulle, dans la zone euro cette année".
VOIR AUSSI :
ENCADRE-Principales déclarations de la présidente de la BCE, Christine Lagarde
(Rédigé par Blandine Hénault, avec Balazs Koranyi et Francesco Canepa à Francfort, édité par Kate Entringer)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer