Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

La BCE procède à une nouvelle baisse des taux face aux incertitudes économiques
information fournie par Reuters 17/04/2025 à 18:54

*

Le taux de dépôt abaissé de 2,5% à 2,25%

*

Les coûts d'emprunt ne sont plus perçus comme restrictifs

*

Lagarde souligne le besoin d'"agilité" dans la politique monétaire

*

Face aux droits de douane, les risques baissiers sur la croissance se sont accrus

(Actualisé avec sources, anticipations de marché)

La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé une nouvelle fois jeudi ses taux d'intérêt directeurs afin de soutenir la fragile croissance économique de la zone euro désormais confrontée aux incertitudes sur l'impact des droits de douane américains.

Le taux de la facilité de dépôt a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters.

Il s'agit de la septième baisse du coût du crédit en un an de la part de l'institut de Francfort qui avait porté en septembre 2023 le taux de dépôt à un record de 4% pour juguler une inflation galopante après la pandémie de COVID-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Depuis, les pressions inflationnistes se sont nettement atténuées et les récentes turbulences sur les marchés financiers liées aux annonces de l'administration de Donald Trump sur les droits de douane ont alimenté les anticipations sur la poursuite de l'assouplissement monétaire enclenché en juin dernier.

"Les risques baissiers pesant sur la croissance économique se sont accrus", a prévenu la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la traditionnelle conférence de presse qui a suivi la réunion de politique monétaire.

"L'escalade majeure des tensions commerciales mondiales et les incertitudes qui en découlent devraient pénaliser la croissance de la zone euro en freinant les exportations, et pourraient peser sur l'investissement et la consommation."

Si la présidente de l'institut monétaire n'a donné aucune indication quant à la trajectoire future des taux - insistant sur le fait que les décisions seront prises réunion après réunion -, une nouvelle baisse des taux en juin est attendue.

Plusieurs sources s'exprimant sous couvert d'anonymat ont indiqué qu'une nouvelle réduction des coûts d'emprunt lors de la prochaine réunion de juin était hautement probable et que seul un apaisement important des tensions commerciales pourrait favoriser un statu quo.

Les marchés monétaires ont également pris l'avertissement de Christine Lagarde sur les risques pesant sur la croissance comme le signal d'un nouvel assouplissement monétaire à venir et intègrent deux à trois baisses de taux supplémentaires.

"Nous sommes convaincus que d'autres baisses de taux sont à venir", indique Carsten Brzeski, économiste chez ING. "Le sentiment d'urgence de la BCE s'est clairement accru."

Selon Christine Lagarde, la décision de baisser les taux de 25 points de base a été prise jeudi à l'unanimité.

"AGILITÉ"

Face à une "incertitude exceptionnelle", la présidente de la BCE a plaidé pour une approche basée sur la préparation et l'agilité.

"Nous devons être attentifs à toutes les évolutions, et en particulier à l'apparition de ces nouveaux chocs. Et être capables de prendre les décisions appropriées", a-t-elle déclaré.

La BCE n'aura pas d'ici sa prochaine réunion de juin une vision claire de la situation car la pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur les droits de douane dits réciproques n'aura pas encore expirée, a-t-elle fait valoir.

"Je ne peux pas vous dire que nous sommes au pic de l'incertitude", a ajouté Christine Lagarde. "Nous devons être prêts pour l'imprévisible".

A 2,25%, le taux de dépôt se situe désormais dans la fourchette haute de l'estimation de la BCE du taux dit "neutre" - qui ne stimule ni ne freine la croissance économique - établie entre 1,75% et 2,25%.

De fait, la BCE a retiré de son communiqué la mention d'une politique monétaire "sensiblement moins restrictive".

Interrogée sur ce taux neutre, Christine Lagarde a estimé qu'il s'agissait d'un "concept qui fonctionne dans un monde sans choc".

"Mais nous ne vivons pas dans un monde sans choc, c'est certain, donc l'évaluation du caractère restrictif (de la politique) n'est plus pertinente", a-t-elle indiqué.

Les annonces de la BCE, dont la baisse des taux étaient largement attendues, n'ont guère fait réagir les marchés financiers. A 16h30 GMT, l'euro s'échangeait autour de 1,1351 dollar, en baisse de 0,42% et le rendement du Bund allemand à deux ans, le plus sensible aux fluctuations des anticipations sur les taux, a terminé en baisse de 6,7 points de base à 1,679%.

"Dans l'ensemble, cette réunion a été clairement accommodante", a souligné Max Stainton, stratège sur la macroéconomie mondiale chez Fidelity International.

La "prise de conscience" de la BCE sur les risques baissiers est conforme à nos propres perspectives pour la zone euro, ajoute-t-il, disant tabler sur une croissance faible, voire nulle, pour le bloc cette année.

VOIR AUSSI :

ENCADRE

-Principales déclarations de la présidente de la BCE, Christine Lagarde

(Rédigé par Blandine Hénault, avec Balazs Koranyi et Francesco Canepa à Francfort, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi