La Jordanie a interdit mercredi le mouvement islamiste des Frères musulmans, groupe d'opposition le plus actif du pays, et confisqué ses avoirs après l'implication présumée de plusieurs de ses membres dans la préparation d'actes de sabotage, a annoncé le ministre de l'Intérieur.
Le groupe islamiste, qui opérait légalement en Jordanie depuis des décennies et jouit d'un fort soutien dans les grands centres urbains du pays, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Les autorités d'Amman ont annoncé la semaine dernière l'arrestation de seize membres de la confrérie accusés de s'être entraînés et financés au Liban en vue de la préparation d'attentats à la roquette ou au drone dans le royaume.
Mazen Fraya, le ministre jordanien de l'Intérieur, a déclaré que l'interdiction concernerait toutes les activités du groupe, y compris la promotion de son idéologie. Tous ses bureaux seront fermés et ses biens saisis, a-t-il ajouté. Des perquisitions se sont déroulées mercredi dans des locaux des Frères musulmans.
Le mouvement a nié tout lien avec les accusations de complot. Il n'a pas exclu que certains de ses membres aient pu être impliqués, à titre individuel, dans la contrebande d'armes à destination de Palestiniens en Cisjordanie.
L'organisation des Frères musulmans, fondée en Egypte il y a un siècle, est l'un des mouvements islamistes les plus anciens et influents du monde arabe.
Elle a renoncé officiellement depuis des décennies à la lutte armée et poursuit son objectif d'établissement de républiques islamiques par des voies pacifiques, même si ses opposants l'accusent de nourrir le terrorisme.
Son émanation politique en Jordanie, le Front d'action islamique, a effectué une percée spectaculaire lors des élections législatives de septembre 2024, en s'adjugeant 38 des 138 sièges de députés au sein d'un Parlement toujours verrouillé par les élus proches du gouvernement.
Cette popularité s'explique selon ses opposants en grande partie par la guerre de Gaza et son soutien affiché au Hamas, son allié idéologique.
Comme dans certains pays voisins, les Frères musulmans étaient déjà visés ces deux dernières années par un certain nombre de restrictions sur certaines activités.
Des groupes internationaux de défense des droits de l'Homme accusent la Jordanie d'avoir accentué depuis quatre ans la répression contre ses opposants politiques à l'aide d'un arsenal législatif destiné à faire taire les voix dissidentes. Le gouvernement jordanien dit tolérer les discours publics à condition qu'ils n'incitent pas à la violence.
(Suleiman Al-Khalidi; Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet)
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