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Le camp présidentiel se déchire sur la stratégie du second tour face au RN
information fournie par Reuters 01/07/2024 à 21:06

Jean-Luc Melenchon prononce un discours lors d'un rassemblement du Nouveau Front Populaire à la Place de la République

Jean-Luc Melenchon prononce un discours lors d'un rassemblement du Nouveau Front Populaire à la Place de la République

PARIS (Reuters) -Le camp présidentiel, qui joue sa survie après la sanction du premier tour des élections législatives, a échoué lundi à définir une ligne claire pour briser l'élan du Rassemblement national au second tour, entre un Emmanuel Macron appelant à la réédition du "barrage républicain" de 2017 et 2022 et des ministres plaidant pour un "ni RN ni LFI".

Avec un taux de participation historique (près de 67%), le premier tour des élections législatives anticipées a confirmé dimanche la dynamique des européennes du 9 juin en faveur du RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella.

La dissolution surprise et incomprise voulue par Emmanuel Macron, aux fins d'une "clarification" politique, a finalement confirmé à ses dépens la prédominance de l'extrême droite, qui brigue désormais la majorité absolue à l'Assemblée nationale pour imposer une cohabitation au chef de l'Etat.

Le premier tour des législatives s'est soldé par un nombre exceptionnel de "triangulaires" où le RN est souvent en tête, et une poignée de "quadrangulaires". Selon les instituts Ipsos et Elabe, le nombre de circonscriptions concernées est estimé respectivement entre 285 à 315 et entre 290 à 320.

Leur nombre définitif sera connu d'ici mardi 18h00, échéance à laquelle les candidats qualifiés doivent confirmer ou retirer leur candidature.

Face à ce scénario potentiellement favorable au RN, les états-majors politiques ont posé dès dimanche soir les prémices d'un "front républicain", qui avait valu à Emmanuel Macron d'être élu au second tour de l'élection présidentielle de 2017 face à Marine Le Pen et réélu en 2022 face à cette dernière.

La coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), par la voix du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, a appelé au désistement de ses candidats arrivés en troisième position dans les circonscriptions où le RN est en tête.

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, et Raphaël Glucksmann (Place Publique) ont relayé la consigne de la "construction d'un nouveau front républicain", exhortant le camp macroniste à agir de même.

"Il faut savoir s'effacer, il faut plonger en soi et trouver en soi la force de voter pour des gens, certes qu'on n'aime pas, même qu'on combat (...)", a réitéré Raphaël Glucksmann dans le 20h de TF1.

"Ça risque de se jouer à quelques députés près", a-t-il ajouté.

DISSONANCES

Les Républicains (LR) ont refusé pour leur part de livrer une consigne nationale dans les circonscriptions où le parti n'est pas présent au second tour, laissant les électeurs "s'exprimer en conscience".

"Nos candidats sont enracinés et ne sont en rien responsables du tremblement de terre politique qu'a provoqué Emmanuel Macron", a jugé le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, lui aussi invité sur TF1 lundi soir.

Au sein de la coalition "Ensemble pour la République", la stratégie pour le second tour a révélé de nouvelles divisions, déjà crûment mises au jour après la dissolution, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) accusant Emmanuel Macron d'avoir "tué" la majorité présidentielle, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire fustigeant les "cloportes" de l'Elysée ou le Premier ministre Gabriel Attal marquant ses distances avec celui qui l'avait nommé le 9 janvier.

Après une brève déclaration écrite dimanche soir défendant "un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", Emmanuel Macron a réuni lundi à l'Elysée son gouvernement pour préciser ses intentions face à des dissonances aiguës dans son camp.

Dans une déclaration solennelle dimanche soir à Matignon, Gabriel Attal avait appelé au "choix de l'honneur" en appelant au désistement des candidats d'"Ensemble pour la République" dont le maintien pourrait faire élire un député RN "face à un autre candidat qui défend les valeurs de la République".

La question de la conformité des candidats de LFI, composante du NFP qu'Emmanuel Macron a renvoyée dos à dos avec le RN durant la campagne du premier tour, avec les "valeurs républicaines" fait l'objet d'un arbitrage des équipes de campagne de la majorité sortante.

Une approche qu'ont rejetée d'emblée Edouard Philippe et plusieurs ministres, dont Bruno Le Maire et Aurore Bergé (Egalité entre les hommes et les femmes).

Pour ces derniers, la consigne est sans ambiguïté : "ni" RN, "ni" LFI.

Ces ministres, parmi lesquels également Christophe Béchu (Transition écologique), proche d'Edouard Philippe, ont réaffirmé leur credo durant la réunion à l'Elysée, selon plusieurs médias.

"A L'ASSAUT!"

"Le président a dit que la priorité était d'éviter une majorité absolue au RN. Il y a eu un partage de vues, avec des ministres qui ont fait part de leur vive émotion", a rapporté un participant à Reuters.

"Tout le monde a appelé à faire barrage" en 2017 et 2022, "donc il faut appeler à le faire aujourd'hui", a développé Emmanuel Macron, selon la même source qui ajoute que le chef de l'Etat n'a pas mentionné explicitement le cas particulier de LFI. "A l'assaut!", a lancé le président.

Gabriel Attal devait relayer ces consignes lors d'une visioconférence avec les "troupes" macronistes.

Au nombre des 24 ministres candidats aux élections législatives, la ministre déléguée aux Personnes âgées et Personnes handicapées, Fadila Khattabi, s'est déjà désistée dans la 3e circonscription de Côte-d'Or, comme d'autres candidats "Ensemble".

Interrogé lors du 20h sur TF1, le Premier ministre a réitéré son appel au désistement en cas de risque d'une victoire d'un candidat du RN.

"Dans les circonscriptions où le maintien de notre candidat entraînerait une victoire assurée de l'extrême droite, face à un candidat qui défend les valeurs républicaines, à ce moment-là on se retire", a déclaré Gabriel Attal.

Certains candidats se maintiennent cependant : dans la 3e circonscription du Val-de-Marne, dans la 2e circonscription de la Somme, dans la 4e circonscription de la Sarthe où Marie-Caroline Le Pen (RN) est largement en tête, ou encore dans la 5e circonscription de Saône-et-Loire dans une rare quadrangulaire. La ministre déléguée aux Collectivités et à la Ruralité, Dominique Faure, se maintient dans le 10e circonscription de Haute-Garonne.

Gabriel Attal avait appelé dimanche soir à des "majorités de projets et d'idées" avec les "forces républicaines". Dans un geste d'ouverture, il a suspendu la mise en oeuvre de la réforme contestée de l'assurance-chômage dont le décret d'application devait entrer en vigueur ce lundi.

La gauche lui a opposé une fin de non-recevoir. Olivier Faure s'est refusé à être "le supplétif d'une majorité en déroute" et Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a estimé que le camp présidentiel n'était pas "très bien placé pour appeler au rassemblement autour de lui".

Le RN et ses alliés des Républicains ont obtenu 33,15% des voix au premier tour, devançant le NFP, crédité de 27,99%, et la coalition présidentielle "Ensemble pour la République" (20,4%).

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LE POINT sur les élections législatives anticipées en France

(Rédigé par Sophie Louet, avec la contribution de Blandine Henault, Michel Rose et Kate Entringer, édité par Tangi Salaün)

28 commentaires

  • 02 juillet 10:00

    pour moi c'est très clair si lfp ni le rn, car ces 2 extremes sont trop dangereuses pour notre pays!


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