
Photo publiée le 26 avril 2025 par les médias du Vatican montrant le cercueil du pape François porté à l'intérieur de la basilique Sainte-Marie-Majeure, sa dernière demeure, à la fin de ses funérailles à Rome ( VATICAN MEDIA / Handout )
Une marée humaine pour le "pape du peuple": François a été inhumé samedi dans sa basilique de coeur à Rome, après avoir été salué par plus de 400.000 fidèles le long de son cortège funèbre et lors d'une messe grandiose place Saint-Pierre, en présence d'un aréopage de chefs d'Etat ayant favorisé des entrevues diplomatiques informelles.
Le pape argentin, décédé lundi à 88 ans, a été enterré lors d'une cérémonie privée dans la basilique Sainte Marie Majeure, une église dédiée à la Vierge où il se rendait pour prier avant et après chaque voyage à l'étranger.
Son cercueil y a été accueilli par des milliers de personnes, dont des migrants et des personnes démunies, que le jésuite argentin avait placés au coeur de son message tout au long de ses 12 ans de pontificat.
"Je suis catholique mais pas pratiquant", a confié à l'AFP Diego Borigen, un touriste argentin. "Et pour la première fois je me suis senti représenté par le pape François, au-delà du fait qu'il soit argentin, par tout ce qu'il a fait".
Située dans une petite niche près de l'autel dédié à saint François, la très sobre tombe en marbre porte comme seule inscription "Franciscus", François en latin.
Le cercueil a été transporté du Vatican à la basilique à bord d'une papamobile blanche découverte et au toit transparent. Tout au long des 6 km du parcours, quelque 150.000 personnes ont applaudi le cortège qui a sillonné le centre historique, notamment les Forums impériaux menant au Colisée.
- Mantilles et voilettes -
La messe de funérailles, organisée en présence de 250.000 fidèles sur la place Saint-Pierre ensoleillée et aux alentours, a elle aussi été marquée par plusieurs salves d'applaudissements, notamment aux passages de l'homélie rappelant l'oeuvre de ce fin politique alliant bonhomie et franc-parler.

Le cercueil du pape François est porté dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, lors de ses funérailles, le 26 avril 2025 ( AFP / Piero CRUCIATTI )
Les mantilles et voilettes noires, la vareuse de style militaire du président ukrainien Volodymyr Zelensky, la pourpre cardinalice des plus de 200 "princes de l'Eglise" et le violet des évêques, alliés à la pompe du rite catholique ponctué de prières et de chants, ont contribué à l'éclat de cette cérémonie en mondovision, loin de la sobriété prônée par François.
"C'est une journée vraiment historique", s'est ému Jean-Roger Mounguengui, un Gabonais de 64 ans venu avec son épouse rendre hommage au premier pape sud-américain.
Parmi les dirigeants présents, le président américain Donald Trump, l'Argentin Javier Milei, le Français Emmanuel Macron, le Brésilien Lula, la Première ministre italienne Giorgia Meloni ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le cercueil, sur lequel était posé un exemplaire des Evangiles, trônait devant l'autel en plein air. La majestueuse place Saint-Pierre n'a pu accueillir tous les fidèles débordant sur la grande avenue de la Conciliation, où des écrans géants avaient été installés. Dans la foule s'était également mêlé le fondateur de Wikileaks, Julian Assange.

Le cercueil du pape François passe en papamobile devant le Colisée alors qu'il est transporté de la basilique Saint-Pierre à la basilique Sainte-Marie-Majeure, lors de la cérémonie funéraire à Rome, le 26 avril 2025 ( AFP / Stefano Rellandini )
François a été un "pape proche des gens avec un coeur ouvert à tous", a souligné le cardinal italien Giovanni Battista Re dans son homélie, mettant en avant ses "gestes" et "exhortations (...) en faveur des réfugiés et des personnes déplacées".
Des allusions contrastant avec la politique de certains dirigeants assis aux places d'honneur, notamment la politique anti-migratoire de l'administration américaine.
- Rencontre Trump-Zelensky -

Le cardinal italien Giovanni Battista Re (G) officie près du cercueil du pape François lors de la cérémonie funéraire place Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025 ( AFP / Tiziana FABI )
Avant la cérémonie, Donald Trump a rencontré dans la basilique son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, une entrevue jugée "très productive" par les deux parties.
Une photo publiée par la présidence ukrainienne montre les deux hommes, qui ne s'étaient plus vus depuis leur accrochage dans le Bureau ovale fin février, assis et devisant avec en toile de fond les peintures baroques et les marbres multicolores.
Le président américain avait affirmé quelques heures auparavant que Kiev et Moscou étaient "très proches d'un accord", trois ans après l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. Les deux hommes se sont aussi entretenus "à quatre", toujours dans la basilique mais debout, avec MM. Macron et Starmer.

Photo diffusée par le service de presse de la présidence ukrainienne, le 26 avril 2025, montrant une rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (g) et le président américain Donald Trump à la basilique Saint-Pierre en marge des funérailles du pape François au Vatican ( Service de presse de la présidence ukrainienne / Handout )
Une rencontre à la tonalité particulière quand on sait que le pape François n'a jamais cessé "d'implorer la paix", particulièrement pour l'Ukraine, appelant à "la raison et à des négociations honnêtes", ainsi que l'a rappelé dans son homélie le cardinal Re.
Donald Trump a également échangé une poignée de mains avec Ursula von der Leyen, en plein conflit sur les droits de douane entre les deux continents.

Vue de la place Saint-Pierre au Vatican lors des funérailles du pape François, le 26 avril 2025 ( AFP / Isabella BONOTTO )
Au total, une cinquantaine de chefs d'Etat et une dizaine de têtes couronnées ont assisté à la cérémonie funèbre, dont le prince William, les souverains d'Espagne et de Belgique ainsi que le prince Albert de Monaco et son épouse Charlène.
- Vers le conclave -
La ferveur populaire de ces funérailles fait écho aux plus de 250.000 personnes ayant patienté pendant des heures cette semaine pour se recueillir devant la dépouille du chef de 1,4 milliard de catholiques, exposée sous les ors de la basilique Saint-Pierre.
De par le monde, messes et veillées se tiennent en hommage au pontife dont le message portait bien au-delà des seuls catholiques.
A Buenos Aires, capitale argentine où est né Jorge Bergoglio en 1936, une messe en plein air a été réuni des milliers de personnes samedi.
Un élan reflétant la popularité de ce défenseur inlassable de la paix, des migrants et des laissés-pour-compte, devenu au fil des ans une boussole morale dans un monde toujours plus instable.

Des fidèles assistent à la messe d'adieu au pape François devant la cathédrale de Buenos Aires, le 26 avril 2025 ( AFP / Emiliano Lasalvia )
Assistait aussi à la cérémonie le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a délégué sa ministre de la Culture Olga Lioubimova.
A l'issue de ces funérailles historiques, tous les regards se tournent désormais vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir début mai, à huis clos dans la Chapelle Sixtine, un successeur au pape François.
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