LE PAPE FRANÇOIS DÉFEND L'IDÉE D'UN REVENU UNIVERSEL POUR L'APRÈS-COVID
par Philip Pullella
ROME (Reuters) - Dans un livre à paraître, le pape François défend l'idée d'un revenu universel de base pour le monde de l'après-COVID-19 et critique une nouvelle fois le concept économique du ruissellement.
Au fil de cet ouvrage intitulé "Un temps pour changer", qui paraîtra le 2 décembre en France, François aborde avec son biographe Austen Ivereigh les changements économiques, sociaux et politiques qui sont à ses yeux nécessaires pour réduire les inégalités lorsque la pandémie due au nouveau coronavirus sera passée.
Il juge notamment que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base, qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d’emploi qui les enferment dans la pauvreté".
Le revenu universel, qui a été notamment défendu en France par Benoît Hamon lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017, est une allocation versée sans condition à chaque citoyen.
François dénonce en outre la conception fausse, selon lui, de la théorie du ruissellement selon laquelle une économie en croissance rendra chacun plus riche.
Pour ses partisans, le ruissellement économique consiste à prendre des mesures, telles qu'alléger la fiscalité, pour les entreprises et les classes aisées dans le but de favoriser l'investissement et les créations d'emplois dont profitera ensuite tout le reste de la société.
Parmi les autres sujets abordés dans ce livre, François considère que les opposants au port du masque, qui y voient une volonté des gouvernants de restreindre leurs libertés, sont victimes de leur imagination et il salue les manifestants qui se sont indignés de la mort de George Floyd, Afro-Américain décédé au printemps à la suite de son interpellation par la police aux Etats-Unis.
Pour la première fois, il qualifie les Ouïghours, minorité musulmane de Chine, de peuple "persécuté", ce que des défenseurs des droits de l'homme lui réclamaient depuis des années.
La Chine est accusée de mener une répression systématique, que certains assimilent à des crimes contre l'humanité et à un génocide, contre les Ouïghours dans la région du Xinjiang, où plus d'un million de personnes sont détenues dans des camps.
La Chine qualifie ces accusations de campagne de dénigrement à son encontre et affirme que ces camps sont des centres d'éducation et de formation pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme.
Pour de nombreux observateurs, le Vatican a été jusqu'à présent réticent à évoquer la situation des Ouïghours en raison de négociations avec la Chine sur le renouvellement d'un accord portant sur la nomination des évêques. Cet accord a été prolongé en septembre.
Dans cette section sur les peuples persécutés, François cite aussi les chrétiens dans certains pays musulmans, les Rohingyas qui fuient la Birmanie ou les Yazidis, victimes de l'organisation Etat islamique en Irak.
(version française Bertrand Boucey)
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