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Le Sénégal enseignera à l'école le massacre de Thiaroye par les forces coloniales françaises
information fournie par AFP 01/12/2024 à 17:43

Le cimetière militaire de Thiaroye après une cérémonie marquant le 80e anniversaire du massacre de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises en 1944, 1er décembre 2024 ( AFP / JOHN WESSELS )

Le cimetière militaire de Thiaroye après une cérémonie marquant le 80e anniversaire du massacre de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises en 1944, 1er décembre 2024 ( AFP / JOHN WESSELS )

Le président sénégalais a annoncé dimanche que l'histoire du massacre de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises en 1944 serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".

Le Sénégal a marqué dimanche le 80ème anniversaire des évènements du 1er décembre 1944 sur les lieux où ils se sont produits, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar.

Avec cinq chefs d'Etat africains, le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars sur les promesses de rupture et de souveraineté recouvrée, a donné à cette commémoration une envergure qu'elle n'avait jamais eue. Avocat du panafricanisme, il entendait faire de cette date un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi des rapports avec l'ancienne puissance coloniale et alliée historique française, avec laquelle son pays conserve des liens économiques et humains forts.

Rendre hommage aux tirailleurs abattus le 1er décembre 1944, "ce n’est pas seulement pleurer nos martyrs. C’est porter leur combat et en faire un levier pour réinventer nos rapports avec nous-mêmes, avec notre histoire, et avec les héritiers de ceux-là qui ont été les auteurs de la tragédie", a-t-il dit.

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, en blanc, au centre, entouré de gauche à droite par le président du Gabon Brice Oligui Nguem, le président de la Gambie Adama Barrow, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló et le président de l'Union des Comores Azali Assoumani au cimetière de Thiaroye le 1er décembre 2024  ( AFP / JOHN WESSELS )

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, en blanc, au centre, entouré de gauche à droite par le président du Gabon Brice Oligui Nguem, le président de la Gambie Adama Barrow, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló et le président de l'Union des Comores Azali Assoumani au cimetière de Thiaroye le 1er décembre 2024 ( AFP / JOHN WESSELS )

Il a salué le "courage moral" dont a fait preuve selon lui le président français Emmanuel Macron en reconnaissant pour la première fois la réalité d'un "massacre" il y a trois jours.

Le président en exercice de l'Union africaine, le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a salué lui aussi le "grand pas" accompli par M. Macron.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot a rappelé le propos de M. Macron à la cérémonie. Il a plaidé pour un "partenariat renouvelé" avec le Sénégal, fondé sur "le respect mutuel (...) juste quant à la réalité des actes (et) au récit qui les entoure", à un moment où les coups pleuvent sur les positions françaises en Afrique. Les derniers en date sont venus des vieux alliés tchadien et sénégalais pendant la tournée même de M. Barrot en Afrique.

Le président Faye a indiqué jeudi à l'AFP que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal.

Le 1er décembre 1944, les forces coloniales ont tiré sur des tirailleurs africains rapatriés après avoir combattu avec l'armée française en Europe et stationnés au camp militaire de Thiaroye en vue de leur démobilisation.

Appartenant au corps des tirailleurs sénégalais mais provenant en réalité de toute l'Afrique occidentale française, ils réclamaient le paiement de l'intégralité de leurs arriérés de soldes.

Les orateurs ont souligné dimanche l'injustice infligée à des hommes qui avaient participé à la libération de la France et auxquels étaient déniés des droits reconnus à leurs camarades français. Leur "seul tort a été de réclamer le paiement de leurs indemnités", a dit le président sénégalais.

M. Faye a fustigé "l’omerta sur cet épisode tragique voulu et entretenu par l’autorité coloniale". Il a rappelé que de nombreuses zones d'ombre subsistent sur les circonstances du drame, le nombre de tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation.

Les autorités françaises de l'époque avaient admis la mort de 35 personnes. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu'à 400. Les 202 tombes du cimetière de Thiaroye où s'est déroulée une partie de la cérémonie sont anonymes et on ignore si elles recouvrent des victimes du massacre.

Un soldat sénégalais se tient devant les couronnes de fleurs déposées au cimetière militaire de Thiaroye, après une cérémonie marquant le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 2024 ( AFP / JOHN WESSELS )

Un soldat sénégalais se tient devant les couronnes de fleurs déposées au cimetière militaire de Thiaroye, après une cérémonie marquant le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 2024 ( AFP / JOHN WESSELS )

Avec l'approche du 80ème anniversaire et le relief particulier que le président et le gouvernement sénégalais lui ont donné, les accusations de dissimulation et de manipulation des archives de la part de la France ont trouvé un écho renouvelé au Sénégal.

Les commémorations vont de pair avec un effort renouvelé pour écrire l'histoire des évènements. Un comité de chercheurs a été formé. Il a été reçu en novembre en France et M. Faye a salué "l’ouverture des autorités françaises actuelles".

Ce dernier a appelé tous les acteurs étatiques ou non en France et dans les 16 autres pays contributeurs aux tirailleurs à se joindre à l'effort. Il a dit compter sur la France "le moment venu" pour la localisation et l'identification des dépouilles.

"Il ne s’agira pas d’une porte ouverte pour susciter le ressentiment, entretenir la colère ou la haine", a-t-il assuré, mais relève du "devoir de mémoire contre l’oubli et (de) la manifestation de la vérité".

Au nom de la "réappropriation" de cette histoire, M. Faye a annoncé que les évènements de Thiaroye feraient partie des programmes scolaires. Un mémorial sera érigé dans la localité et un centre de documentation et de recherche créé.

"Des rues et des places porteront le nom de cet évènement tragique, de ces soldats, pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective", a-t-il dit.

Et la journée du tirailleur est désormais sanctuarisée le 1er décembre.

10 commentaires

  • 01 décembre 20:54

    Paspil , c'est sûr , si t'avais été black dans les colonies , tu l'aurais fermée et t'aurais tout accepté !


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