
Place Saint Pierre (Crédits: Unsplash - Ivan Lemekhov)
L'élection d'un nouveau pape, lors d'un conclave très secret des cardinaux, rêvet souvent son lot de surprises. Quelques noms ressortent toutefois comme possibles successeurs au pape François, décédé lundi à l'âge de 88 ans.
Les voici classés par ordre alphabétique.
JEAN-MARC AVELINE, ARCHEVÊQUE DE MARSEILLE, FRANÇAIS, 66 ANS
L'archevêque de Marseille est connu pour son caractère facile à vivre, sa propension à faire des blagues et sa proximité idéologique avec le pape François, notamment en ce qui concerne l'immigration et les relations avec le monde musulman. C'est aussi un intellectuel, titulaire d'un doctorat en théologie et d'une licence en philosophie.
Né en Algérie en 1958 dans une famille d'immigrés espagnols, Jean-Marc Aveline a vécu la plus grande partie de sa vie à Marseille. Il est devenu évêque en 2013 puis archevêque en 2019 et cardinal trois ans plus tard.
Son statut au sein de l'Eglise catholique a encore été renforcé lorsqu'il a organisé en septembre 2023 une conférence internationale de l'Église sur les questions méditerranéennes, dont le pape François était le principal invité.
S'il était élu pape, Jean-Marc Aveline deviendrait le premier souverain pontife français depuis le XIVe siècle, une période tourmentée au cours de laquelle la papauté a été transférée à Avignon. Il serait également le plus jeune pape depuis Jean-Paul II.
Toutefois, Jean-Marc Aveline comprend mais ne parle pas l'italien, ce qui pourrait constituer un inconvénient majeur pour un poste qui porte également le titre d'évêque de Rome et exige une grande familiarité avec les jeux de pouvoir et les intrigues au Vatican.
CARDINAL PETER ERDO, HONGROIS, 72 ANS
Le cardinal est perçu comme un candidat de compromis - un écclésiastique conservateur qui a néanmoins su trouver des passerelles avec le progressisme du pape François.
En 2013, il était déjà considéré comme un possible successeur à Benoit XVI grâce à ses nombreux contacts avec l'Église en Europe et en Afrique.
S'il est considéré comme un conservateur en matière de théologie, il est aussi reconnu pour son pragmatisme et ne s'est jamais opposé ouvertement au pape François, contrairement à d'autres cardinaux conservateurs.
Peter Erdo est devenu cardinal à 51 ans, ce qui a fait de lui le plus jeune membre du collège des cardinaux jusqu'en 2010.
Il maîtrise parfaitement l'italien et parle également l'allemand, le français, l'espagnol et le russe, ce qui pourrait lui permettre d'apaiser les relations avec l'Église orthodoxe russe très dégradées depuis la guerre en Ukraine.
Il n'est pas toutefois un orateur charismatique, à l'inverse de François.
CARDINAL MARIO GRECH, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNODE DES ÉVÊQUES, MALTAIS, 68 ANS
Le cardinal Grech est originaire de l'île de Gozo, au sein de l'archipel de Malte. Il a été nommé par le pape François secrétaire général du Synode des évêques, un poste important au sein du Vatican.
D'abord considéré comme un conservateur, Mario Grech est devenu au fil de temps l'un des principaux ambassadeurs des réformes du pape François au sein de l'Église.
En 2018, il déclarait au journal Malta Today se réjouir de la "période de changement" au sein de l'Eglise. "Pour moi, c'est une chose très positive", a-t-il dit.
Si ses opinions lui ont valu quelques ennemis de premier plan, ses partisans soulignent qu'il dispose de soutiens tant dans le camp conservateur que modéré. Il est en outre connu de nombreux cardinaux en raison de son rôle très médiatisé, ce qui constitue un avantage certain au sein du conclave.
CARDINAL JUAN JOSE OMELLA, ARCHEVÊQUE DE BARCELONE, ESPAGNOL, ÂGÉ DE 79 ANS
Le profil du cardinal Omella rejoint celui du pape François. Il a consacré sa carrière ecclésiastique à la promotion de la justice sociale et à l'incarnation d'une vision compatissante et inclusive du catholicisme.
"Nous ne devons pas voir la réalité uniquement à travers les yeux de ceux qui ont le plus, mais aussi à travers les yeux des pauvres", a-t-il déclaré en avril 2022 au site d'information Crux.
Né en 1946 dans le village de Cretas, au nord-est de l'Espagne, il a été ordonné prêtre en 1970 avant d'exercer son ministère dans plusieurs paroisses espagnoles. Il a également passé une année comme missionnaire au Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo.
De 1999 à 2015, il a travaillé en étroite collaboration avec l'organisation caritative espagnole Manos Unidas, qui lutte contre la famine, la maladie et la pauvreté dans les pays en développement.
Juan Jose Omella devient évêque en 1996 avant d'être promu archevêque de Barcelone en 2015. Un an plus tard, François lui remêt le chapeau rouge de cardinal, un geste perçu comme une approbation de ses tendances progressistes qui contrastent avec la position conservatrice qui dominait autrefois dans l'Église espagnole.
Juan Jose Omella a demandé pardon à plusieurs reprises pour la mauvaise gestion des abus sexuels au sein de l'Eglise espagnole après le rapport d'une commission indépendante qui a estimé, en 2023, que plus de 200.000 mineurs avaient été victimes d'abus sexuels de la part du clergé espagnol durant plusieurs décennies.
CARDINAL PIETRO PAROLIN, ITALIEN, SECRÉTAIRE D'ETAT DU VATICAN, 70 ANS
Piotro Parolin est considéré comme l'un des principaux favoris à la succession du pape François. Il est secrétaire d'État et numéro deux du Vatican depuis l'élection de François en 2013.
Le cardinal avait été précédemment vice-ministre des Affaires étrangères du pape Benoît XVI, qui l'a nommé en 2009 ambassadeur du Vatican au Venezuela, où l'Église était attaquée par le président vénézuélien de l'époque Hugo Chavez.
Il a également été le principal artisan du rapprochement du Vatican avec la Chine et le Vietnam.
Si Piotro Parolin n'a jamais été un activiste de première ligne sur les sujets à polémique comme la question de l'avortement et celle des droits des homosexuels, il a par le passé condamné la légalisation du mariage homosexuel dans de nombreux pays comme étant "une défaite pour l'humanité".
S'il était élu, le cardinal Parolin rendrait la papauté aux Italiens après trois papes successifs originaires d'autres pays: Jean-Paul II (Pologne), Benoît XVI (Allemagne) et François (Argentine).
CARDINAL LUIS ANTONIO GOKIM TAGLE, PHILIPPIN, 67 ANS
Le cardinal Tagle est souvent décrit comme le "François asiatique" en raison de son engagement similaire en faveur de la justice sociale. S'il est élu pape, il serait le premier souverain pontife originaire d'Asie.
Sur le papier, le cardinal, qui préfère généralement être appelé par son surnom "Chito", semble cocher toutes les cases pour devenir pape.
Il dispose d'une longue expérience pastorale ainsi que d'un parcours administratif, d'abord en tant qu'évêque d'Imus, puis en tant qu'archevêque de Manille. Il a été nommé cardinal en 2012 par Benoît XIV.
En 2019, le pape François l'a nommé à la tête du bras missionnaire de l'Église, le Dicastère pour l'évangélisation.
Son pays d'origine, les Philippines, compte la plus grande population catholique de l'Asie. Il parle couramment l'italien et l'anglais.
Entre 2015 et 2022, le cardinal Tagle a été le principal dirigeant de Caritas Internationalis, une confédération de plus de 160 organisations catholiques de secours, de services sociaux et de développement à travers le monde.
En 2022, le pape François a limogé l'ensemble de la direction de l'organisation à la suite d'accusations de brimades et d'humiliations à l'encontre d'employés. Le cardinal Tagle, qui a également été démis de ses fonctions, n'était pas impliqué dans les opérations quotidiennes, qui étaient supervisées par un directeur général laïc, mais cette mésaventure pourrait réduire ses chances d'accéder à la papauté.
CARDINAL JOSEPH TOBIN, ARCHEVÊQUE DE NEWARK, N.J., AMÉRICAIN, 72 ANS
S'il est peu probable que le premier pape américain de l'histoire soit élu cette fois, le cardinal Tobin serait toutefois dans ce scénario le candidat le plus probable.
Ancien responsable mondial d'un grand ordre religieux catholique, les Rédemptoristes, ce natif de Détroit a passé du temps dans des pays du monde entier et parle couramment l'italien, l'espagnol, le français et le portugais.
Il dispose également d'une expérience au service du Vatican et a occupé des postes de haut niveau au sein de l'Église américaine. Le pape François l'a promu cardinal en 2016 puis l'a nommé archevêque de Newark.
Dans ce dernier rôle, le cardinal Tobin, à la stature imposante, a dû affronter l'un des scandales les plus médiatisés de ces dernières années ayant affecté l'Eglise catholique. En 2018, le cardinal Theodore McCarrick, l'un des prédécesseurs de Joseph Tobin à Newark, a été démis de ses fonctions à la suite d'accusations d'inconduite sexuelle avec des séminaristes.
Sa gestion du scandale a été saluée, notamment sa décision de rendre publics les accords confidentiels conclus entre l'archidiocèse et les victimes présumées de Theodore McCarrick.
Ainé d'une famille de 13 enfants et alcoolique repenti, Joseph Tobin est connu pour son attitude d'ouverture à l'égard de la communauté LGBT.
CARDINAL PETER KODWO APPIAH TURKSON, GHANÉEN, FONCTIONNAIRE DU VATICAN, 76 ANS
Le cardinal Peter Turkson, qui allie une longue expérience pastorale auprès de congrégations au Ghana à des fonctions de direction au Vatican ainsi qu'à de solides compétences en matière de communication, pourrait devenir le premier pape originaire d'Afrique subsaharienne.
Le fait qu'il soit originaire des régions les plus dynamiques pour l'Église a de quoi également renforcer sa position.
Peter Turkson a été nommé archevêque de Cape Coast au Ghana en 1992 avant de devenir, onze ans plus tard, le premier cardinal de l'histoire de cet État d'Afrique de l'Ouest.
Benoît XVI l'a ensuite promu en 2009 au Vatican, à la tête du Conseil pontifical "Justice et paix", l'organe chargé de promouvoir la justice sociale, les droits de l'homme et la paix dans le monde.
À ce titre, il a été l'un des plus proches conseillers du pape François sur des questions telles que le changement climatique.
MATTEO MARIA ZUPPI, ITALIEN, ARCHEVÊQUE DE BOLOGNE, 69 ANS
À l'instar du pape François lorsqu'il vivait à Buenos Aires, Matteo Zuppi est connu comme un "prêtre de la rue" qui se concentre sur les migrants et les pauvres et se soucie peu de l'apparat et du protocole.
Celui qui se fait appeler "Père Matteo" utilise parfois un vélo plutôt qu'une voiture officielle pour se déplacer à Bologne.
Son profil est perçu avec méfiance par le camp conservateur même s'il dispose de solides racines familiales catholiques. Son père, Enrico, était rédacteur en chef du supplément dominical de L'Osservatore Romano, le journal du Vatican, tandis que l'oncle de sa mère, Carlo Confalonieri, était également cardinal.
Les victimes d'abus sexuels de l'Église pourraient également se montrer opposées à son élection à la papauté car l'Église catholique italienne, qu'il dirige depuis 2022, a été lente à enquêter et à affronter le problème.
Récemment, le cardinal Zuppi s'est engagé davantage dans la diplomatie en tant qu'envoyé du pape pour le conflit russo-ukrainien, se concentrant notamment sur les efforts visant à rapatrier les enfants qui, selon l'Ukraine, ont été déportés en Russie ou dans les territoires contrôlés par les Russes.
(Reportage et rédaction par Philip Pullella, Crispian Balmer, Alvise Armellini, Joshua McElwee à Rome et Chris Scicluna à Malte; version française Blandine Hénault)
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