(Actualisé avec déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères)
par Parisa Hafezi
L'Iran et les Etats-Unis sont convenus samedi de charger des experts de commencer à élaborer le cadre d'un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, à l'issue d'une deuxième série de discussions à Rome.
Le ministre iranien des Affaires étrangères et négociateur en chef sur le nucléaire, Abbas Araqchi, et l'envoyé du président américain Donald Trump au Proche-Orient, Steve Witkoff, ont échangé indirectement par l'intermédiaire d'un responsable d'Oman qui a assuré la transmission des messages entre les deux parties.
Abbas Araqchi et Steve Witkoff avaient échangé brièvement à la fin d'une première session de pourparlers qui s'est déroulée la semaine dernière à Oman, des échanges jugés constructifs par les deux pays.
L'Iran et les Etats-Unis n'ont pas mené de négociations directes depuis 2015.
Le président américain Donald Trump, qui a retiré en 2018, lors de son premier mandat présidentiel, les Etats-Unis du pacte nucléaire conclu trois ans plus tôt entre l'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne, a menacé d'attaquer l'Iran à moins d'un nouvel accord sur le nucléaire.
Téhéran, qui affirme que son programme nucléaire est pacifique, s'est dit prêt à accepter certaines limites à des activités d'enrichissement d'uranium mais a besoin d'obtenir des Etats-Unis la garantie qu'ils ne se retireront pas d'un nouvel accord sur le nucléaire.
Les discussions indirectes de samedi à Rome ont été utiles et se sont tenues dans une atmosphère constructive, a indiqué le ministre iranien des Affaires à la télévision d'État à leur issue.
"Nous avons pu faire des progrès sur un certain nombre de principes et d’objectifs, et finalement parvenir à une meilleure compréhension, a déclaré Abbas Araqchi.
Les deux parties sont convenues de poursuivre les négociations qui passeront à la phase suivante avec des réunions d'experts qui débuteront mercredi à Oman. Les experts auront l'occasion de commencer à élaborer un cadre pour un accord.
Par la suite, les principaux négociateurs se réuniront à Oman samedi prochain pour "examiner le travail des experts et évaluer dans quelle mesure il est conforme aux principes d'un accord potentiel", a précisé le négociateur iranien en chef sur le nucléaire.
Téhéran a tempéré les attentes quant à la conclusion rapide d'un accord, après que certains responsables iraniens se sont interrogés sur une possible levée prochaine des sanctions américaines imposées après le retrait Etats-Unis du pacte nucléaire en 2018.
"Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que nous sommes optimistes. Nous agissons avec beaucoup de prudence. Il n'y a aucune raison d'être excessivement pessimiste", a dit Abbas Araqchi, en écho aux propos prudents tenus la semaine dernière par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
Les États-Unis n'avaient pas fait dans l'immédiat de commentaire sur l'issue de cette série de négociations à Rome.
Vendredi, le président américain Donald Trump avait déclaré aux journalistes qu'il souhaitait "empêcher l'Iran, très simplement, de se doter d'une arme nucléaire". "Ils ne peuvent pas avoir l'arme nucléaire", a-t-il dit.
Israël, allié de Washington qui s'était opposé à l'accord de 2015, n'a pas exclu une attaque contre les installations nucléaires iraniennes dans les mois à venir, ont dit un responsable israélien et deux autres sources au fait du dossier samedi.
Depuis 2018 et le retrait de Washington, l'Iran a régulièrement outrepassé les limites de l'accord sur son programme nucléaire, conçu pour limiter le risque de développement d'une bombe atomique.
Un haut responsable iranien a présenté vendredi les "lignes rouges" de Téhéran, qui refuse de démanteler ses centrifugeuses destinées à enrichir l'uranium, d'arrêter complètement l'enrichissement ou de réduire la quantité d'uranium enrichi que l'Iran stocke à un niveau inférieur au niveau convenu dans l'accord de 2015.
Téhéran ne négociera pas non plus sur son programme de missiles balistiques, qu'il considère comme hors du champ d'application de tout accord nucléaire.
(Avec Joshua McElwee à Rome, version française Camille Raynaud, Blandine Hénault et Kate Entringer)
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