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Secousses bancaires en Italie: Giorgia Meloni avance ses pions
information fournie par Boursorama avec AFP 27/01/2025 à 17:26

Giorgia Meloni avance ses pions sur l'échiquier bancaire italien, en soutenant l'offre d'achat de Monte dei Paschi di Siena (MPS) sur Mediobanca, pour favoriser la naissance d'un troisième pôle bancaire concurrençant Intesa Sanpaolo et UniCredit.

( AFP / FILIPPO MONTEFORTE )

( AFP / FILIPPO MONTEFORTE )

Le gouvernement italien a dû brusquement changer de stratégie après avoir vu son rêve de marier la banque de Sienne avec Banco BPM brisé par l'offensive du patron d'UniCredit, Andrea Orcel, sur ce troisième groupe bancaire italien.

De proie, MPS, ancien maillon faible du secteur secouru in extremis par l'Etat en 2017, s'est mué en chasseur qui a jeté son dévolu sur la prestigieuse banque d'investissement Mediobanca, chef d'orchestre des grandes manoeuvres du capitalisme italien.

Encouragé par le gouvernement de droite et d'extrême droite, son premier actionnaire avec 11,7%, Monte dei Paschi a lancé vendredi une offre publique d'échange (OPE) surprise sur Mediobanca, la valorisant à 13,3 milliards d'euros.

La cheffe du gouvernement a salué samedi l'offre de MPS: "considérée pendant des années par les citoyens et les politiques comme un problème à résoudre", Monte dei Paschi "est aujourd'hui une banque parfaitement assainie qui lance des opérations ambitieuses."

Au bord d'une faillite retentissante, la banque de Sienne, fondée en 1472, avait dû être renflouée en 2017 à hauteur de 5,4 milliards d'euros par l'Etat italien qui en est devenu le principal actionnaire.

- Redressement spectaculaire -

Après avoir enchaîné pertes sur pertes, Monte dei Paschi a depuis amorcé un redressement spectaculaire de ses comptes.

L'Etat italien a réduit sa participation à 11,7%, en cédant en novembre au total 15% sur les marchés pour satisfaire aux exigences de Bruxelles.

Selon Mme Meloni, un troisième pôle né de l'union entre MPS et Mediobanca "pourrait jouer un rôle important dans la sécurisation de l'épargne des Italiens."

A la manoeuvre, le magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone, réputé proche du gouvernement Meloni, et la holding Delfin du défunt milliardaire Leonardo Del Vecchio, fondateur de l'empire Luxottica.

Delfin a porté sa part dans MPS à 9,78% début janvier, après en avoir acquis en novembre 3,5%, mis en vente par le ministère des Finances.

Allié de la famille Del Vecchio, M. Caltagirone avait racheté à cette occasion également 3,5%, une part qui est passée entre-temps à 5,026%.

Autres participations stratégiques, Delfin est le premier actionnaire de Mediobanca avec 19,39%, alors que M. Caltagirone en détient 5,49%.

En ligne de mire de ces deux investisseurs se trouve aussi Generali, dont Mediobanca est le principal actionnaire avec 13,1% et dont M. Caltagirone contrôle 6,92% et Delfin 9,93%.

L'assaut de MPS est survenu peu après la signature d'un protocole d'accord entre l'assureur italien et le français Natixis Investment Managers pour créer un champion européen de la gestion d'actifs qui pèsera près de 1.900 milliards d'euros.

- L'étendard de "italianité" -

Cette opération est vue d'un mauvais oeil par M. Caltagirone et Delfin, qui redoutent une perte de contrôle de Generali sur l'épargne nationale en cas de fusion avec des actifs français.

Brandissant l'étendard de l'"italianité", plusieurs représentants du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia (FdI), ont fait écho à ces critiques. Le sénateur Fausto Orsomarso a ainsi redouté que ce futur colosse "s'empare de l'argent de nos épargnants".

Le directeur général de Generali, Philippe Donnet, a eu beau affirmer que "cette histoire d'envoyer l'argent des Italiens en France est un canular", la méfiance règne.

D'autant qu'une grande partie des actifs gérés par Generali sont des bons du Trésor de l'Etat italien qui croule sous une dette de plus de 3.000 milliards d'euros.

M. Caltagirone et Leonardo Del Vecchio s'étaient opposés en 2022 en vain à la reconduction de M. Donnet, réélu grâce notamment au soutien de Mediobanca.

Delfin et M. Caltagirone entretiennent aussi des relations conflictuelles avec le directeur général de Mediobanca, Alberto Nagel, qui a toutefois su résister, se maintenant en poste depuis 2008.

Le conseil d'administration de Mediobanca rendra mardi un premier verdict sur l'offre de Monte dei Paschi, que ses dirigeants jugent "hostile", selon une source proche de la banque.

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