Malgré leur rareté, les tremblements de terre représentent une menace en Outre-Mer comme en Métropole, en particulier dans l'extrême sud-est.
(illustration) ( AFP / FREDERICK FLORIN )
Rares en France métropolitaine, les séismes comme celui qui a frappé l'ouest du pays le 16 juin sont des catastrophes naturelles particulières pour les experts en assurance, qui progressent dans leur travail complexe de modélisation et redoutent un "big one" à Nice.
Des modélisations compliquées
Pour anticiper les dégâts d'un séisme, les critères à prendre en compte sont l'intensité et la profondeur de l'épicentre, toutes deux très difficiles à prévoir, avertissent les experts.
Ces données sont intégrées dans des modèles statistiques qui vont "propager l'onde sismique" autour de l'épicentre selon "des lois de propagation et d'accélération du sol", explique à l'AFP David Moncoulon, responsable d’une équipe de modélisateurs des catastrophes naturelles au sein de la Caisse centrale de réassurance (CCR).
La CCR est désormais à même de cartographier les zones de moins en moins impactées, suivant des cercles plus ou moins concentriques autour de l'épicentre, avec le concours du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et de l'Ecole nationale supérieure de géologie de Nancy.
Les séismes en France métropolitaine étant très rares, les experts ne peuvent pas nourrir leurs modèles de nombre de cas existants. Ils utilisent cependant des données remontées par d'autres pays aux événements sismiques plus fréquents, comme l'Iran ou le Japon.
Contrairement aux inondations, aux sécheresses ou encore aux tempêtes, les tremblements de terre sont par ailleurs une catastrophe naturelle dont la fréquence et l'intensité ne sont pas liées au réchauffement climatique.
Des dommages variables
Lors des 20 dernières années, le cabinet d'expertise en assurance Saretec ne recense "que" trois séismes qui ont occasionné des dégâts en France métropolitaine, à Rambervillers (Vosges) en février 2003, à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) en avril 2014 et au Teil (Ardèche) en novembre 2019.
Si les deux premiers n'ont occasionné que des dommages limités - autour de 10 millions d'euros tout de même -, celui du Teil a coûté aux alentours de 200 millions d'euros.
D'une "configuration assez proche" de ce dernier selon les experts, le séisme ayant frappé l'ouest de la France le 16 juin l'a déjà dépassé en termes de coût.
La CCR estime la facture entre 200 et 350 millions d'euros, de quoi réparer les milliers de bâtiments résidentiels et professionnels (commerces, industries, agricoles) endommagés, voire fragilisés.
D'une magnitude de 5,3 à 5,8 selon le Réseau national de surveillance sismique (Renass) et le Bureau central sismologique français (BCSF), la violente secousse s'est produite dans la commune de Cram-Chaban (Charente-Maritime), près de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), à mi-chemin entre La Rochelle et Niort.
L'importance des dommages dépend aussi du bâti. "Dans cette zone rurale, ce sont principalement des maisons anciennes, avec une résistance très limitée aux séismes", relève le PDG de Saretec, Jean-Vincent Raymondis, interrogé par l'AFP.
Sa société a pu constater en dépêchant des experts sur place que les bâtiments les plus récents, soumis à des normes parasismiques, avaient mieux résisté.
Entre 1982 et 2021, les séismes n’ont représenté que 1% de la sinistralité totale des catastrophes naturelles en France. Aucun ne figure parmi les 20 catastrophes naturelles les plus coûteuses.
A Nice, le spectre du "big one"
Mais un tremblement de terre d'ampleur au large de Nice, dans les Alpes-Maritimes, pourrait faire entrer ce séisme dans le classement, et vraisemblablement à la sinistre première place.
La CCR calcule qu'une telle catastrophe entraînerait des dégâts entre 10,1 et 15,1 milliards d'euros, dont près des deux tiers sur la seule commune de Nice, des montants largement au-dessus des capacités du fonds de garantie.
Ce scénario s'inspire du séisme du 23 février 1887 dont l'épicentre était situé dans le golfe de Gênes, à proximité de la frontière franco-italienne.
Le risque d'un séisme majeur "est particulièrement prégnant en Métropole comme en Outre-mer", relève le réassureur public, qui s'inquiète aussi d'un événement de taille en Guadeloupe, à l'image du séisme qui avait en partie détruit Pointe-à-Pitre en 1897.
Plus d'un milliard d’euros ont été investis depuis 2007 aux Antilles afin de sécuriser les bâtiments accueillant du public: collèges, lycées, casernes de pompiers ou encore centres hospitaliers.
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