
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio
par Elizabeth Piper, Daphne Psaledakis et John Irish
Le gouvernement britannique a fait état mercredi de discussions "substantielles" à Londres entre Américains, Ukrainiens et Européens sur la paix en Ukraine alors que subsistent d'importantes divergences entre Washington et Kyiv et ses alliés sur les moyens de mettre fin au conflit avec la Russie.
Ces entretiens, organisés dans le sillage d'une première session de pourparlers jeudi dernier à Paris, ont été réduits à des discussions "techniques" entre conseillers en l'absence du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, qui a annulé à la dernière minute son voyage dans la capitale britannique, conduisant le Foreign Office à reporter une réunion avec les chefs de la diplomatie britannique, ukrainien, français et allemand. Les Etats-Unis étaient représentés par l'émissaire de Donald Trump sur l'Ukraine, Keith Kellogg.
Un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a tâché de faire bonne figure en évoquant des "discussions techniques substantielles sur les moyens d'arrêter les combats".
"Nous restons absolument déterminés à obtenir une paix juste et durable en Ukraine et les discussions d'aujourd'hui en sont une part importante", a-t-il dit.
Vendredi dernier, à l'issue des pourparlers de Paris, Marco Rubio, et Donald Trump à sa suite, avaient prévenu que les Etats-Unis renonceraient bientôt à leurs efforts pour parvenir à une paix entre la Russie et l'Ukraine s'ils ne constataient pas sous peu des signes évidents de progrès. Le président américain a encore accentué la pression dimanche en disant espérer un accord entre Moscou et Kyiv dès cette semaine.
Depuis son retour à la Maison blanche le 20 janvier, Donald Trump s'est rapproché de la Russie dans l'espoir d'obtenir une paix rapide en Ukraine, sans résultat probant pour l'heure. Les Européens cherchent quant à eux à soutenir Kyiv contre Moscou sans s'aliéner les Etats-Unis.
A Londres, les négociateurs ont tenté d'établir ce que les Ukrainiens étaient prêts ou non à accepter parmi les pistes en vue d'un règlement présentées une semaine plus tôt à Paris par l'émissaire de Donald Trump Steve Witkoff. Ce dernier, accusé par le président ukrainien Volodimir Zelensky d'épouser le point de vue de Moscou, s'est entretenu à trois reprises avec le président russe Vladimir Poutine et devrait à nouveau prochainement le rencontrer, selon la Maison blanche.
"ECHANGES TERRITORIAUX"
Plusieurs concessions proposées par l'émissaire - reconnaissance de l'annexion de la Crimée par la Russie, début d'allègement des sanctions américaines contre Moscou, rejet de toute adhésion de l'Ukraine à l'Otan selon plusieurs sources - sont jugées inacceptables par Kyiv et ses alliés européens.
Lors d'une visite en Inde, le vice-président américain J.D. Vance a déclaré que les Etats-Unis avaient présenté une "proposition très explicite" à la Russie et l'Ukraine. "Il est temps pour elles de dire oui ou les Etats-Unis se retireront ce ce processus", a-t-il menacé.
Selon J.D. Vance, la paix impliquera que Moscou et Kyiv cèdent tous deux des territoires actuellement sous leur contrôle et passera nécessairement par des "échanges territoriaux".
L'Ukraine s'en tient pour l'heure, comme l'a réaffirmé son président Volodimir Zelensky dans la journée, à réclamer un cessez-le-feu immédiat et sans conditions comme préalable aux discussions. Kyiv a accepté le mois dernier une proposition américaine de cessez-le-feu rejetée par Moscou.
"L'Ukraine est prête à négocier, pas à se rendre", a déclaré sur X la vice-Première ministre ukrainienne Ioulia Svyrydenko. "Un cessez-le-feu complet, sur terre, dans les airs et en mer, est une première étape nécessaire."
Selon les sources interrogées par Reuters, les Etats-Unis proposent aussi à l'Ukraine et aux Européens d'entériner le contrôle de facto de la Russie sur quelque 20% du territoire ukrainien, hors Crimée.
La Russie pousse quant à elle pour une levée des sanctions européennes avant la fin des négociations, ce à quoi s'opposent totalement les Européens, selon des diplomates.
Certaines propositions de Washington devraient également déplaire à la Russie. Deux diplomates ont déclaré que les Etats-Unis ne portaient pas l'une des demandes de la Russie visant à démilitariser l'Ukraine.
Washington n'est pas non plus opposé au déploiement d'une force européenne dans le cadre de garanties de sécurité pour Kyiv, ont-ils indiqué.
Les Etats-Unis ont proposé la semaine dernière d'établir une zone neutre autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située dans l'une des quatre régions d'Ukraine partiellement occupées par la Russie, selon des diplomates européens.
(Avec Erin Banco et Steve Holland à Washington; version française Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse, édité par Kate Entringer)
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