
Photo prise et diffusée par la présidence ukrainienne le 4 mars 2025, montrant le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui s'adresse à la nation ( UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / Handout )
Le président américain Donald Trump a affirmé avoir reçu l'assurance de Volodymyr Zelensky qu'il était prêt à négocier en vue d'une "paix durable" avec la Russie, les regrets du président ukrainien sur leur altercation dans le Bureau ovale semblant ouvrir la voie à une reprise du dialogue.
M. Trump a annoncé, mardi soir lors d'un discours devant le Congrès américain, avoir reçu une lettre de M. Zelensky qui "dit que l'Ukraine est prête à s'asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d'une paix durable".

Des membres de la diaspora ukrainienne et des Polonais manifestent devant l'ambassade des Etats-Unis à Varsovie, le 3 mars 2025 ( AFP / Wojtek RADWANSKI )
Alors que la visite du président ukrainien à la Maison Blanche vendredi dernier devait permettre la signature d'un accord sur les minerais ukrainiens, elle avait tourné à sa mise en accusation par M. Trump et son vice-président JD Vance.
L'incident a conduit à la suspension lundi de l'aide militaire américaine, cruciale pour l'armée ukrainienne depuis plus de trois ans d'offensive à grande échelle de la Russie.
Après plusieurs jours d'intenses échanges diplomatiques avec les Européens, Volodymyr Zelensky avait exprimé publiquement mardi sa "reconnaissance" et des regrets pour l'altercation.

Photo diffusée le 3 mars 2025 par le service de presse de la 24e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes montrant un obusier M109 de 155 mm camouflé dans la région de Donetsk, le 28 février 2025 ( 24e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes / Handout )
Depuis la joute de vendredi, le président républicain accusait M. Zelensky de ne pas vouloir la paix et de se montrer irrespectueux et ingrat envers les Etats-Unis, qui représentent, selon le Kiev Institute, près de la moitié des 130 milliards d'euros d'aide militaire versée à l'Ukraine de début 2022 à fin 2024.
Sur le réseau social X, Volodymyr Zelensky a assuré que l'Ukraine était "reconnaissante" pour l'aide américaine et a reconnu que sa visite de vendredi "ne s'est pas déroulée comme prévu": "Il est regrettable que cela se soit passé ainsi. Il est temps d'arranger les choses".
Il a proposé ce qui pourrait constituer "les premières étapes pour mettre fin à la guerre": "la libération des prisonniers et une trêve dans les airs - interdiction des missiles, des drones de longue portée, des bombes sur les infrastructures" civiles, notamment énergétiques, ainsi qu'"une trêve en mer immédiate, si la Russie fait de même".

Le président américain Donald Trump quitte les lieux après s'être adressé au Congrès américain, au Capitole à Washington, le 4 mars 2025 ( POOL / Win McNamee )
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, grand allié de la Russie, a proposé d'accueillir à Minsk des pourparlers de paix sur l'Ukraine, lançant une invitation à ses homologues américain, russe et ukrainien, dans un entretien publié mercredi. Selon lui, "il faut se mettre d'accord" avec Volodymyr Zelensky, "puisqu'une grande partie de la société ukrainienne est derrière lui".
- "Signaux forts" pour la paix? -

Un homme dans les escaliers d'une école endommagée de Bilytske, dans la région de Donetsk, le 3 mars 2025 en Ukraine ( AFP / Tetiana DZHAFAROVA )
Donald Trump, qui a amorcé un rapprochement spectaculaire avec Moscou avec son appel du 12 février à Vladimir Poutine, a également affirmé avoir reçu "des signaux forts indiquant qu'ils (les Russes) sont prêts pour la paix".
"Cette approche est globalement positive, mais il y a des nuances", a réagi mercredi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, interrogé par l'AFP sur ces propos de Donald Trump lors d'un point presse.
Les alliés de Kiev, réunis en sommet d'urgence dimanche à Londres, ont dit vouloir présenter des propositions pour arriver à une cessation des hostilités en Ukraine. Mais ils ont aussi répété qu'il faudrait que cela se fasse avec un soutien des Etats-Unis.
Après les propos de Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron a salué une volonté de "réengager le dialogue avec les États-Unis d’Amérique". Il devait faire une allocution télévisée mercredi soir sur l'Ukraine et la situation internationale.

Graphique montrant les engagements d'aide à l'Ukraine annoncés par différents pays et institutions entre le 24 janvier 2022 et le 31 décembre 2024, selon l'institut Kiel ( AFP / Sylvie HUSSON )
L'assistance américaine gelée concerne essentiellement celle déjà approuvée sous la présidence de Joe Biden et très largement soldée, mais dont il reste encore du matériel à livrer.
La mesure prise par les Etats-Unis se fait d'ailleurs déjà ressentir dans le principal centre en Pologne de soutien logistique à l'Ukraine, celui de Jesionka, a rapporté mardi Varsovie.
Les livraisons de l'aide américaine "sont en train de cesser, puisque des trains entiers qui étaient chargés à destination de l'Ukraine sont stoppés et interdits de se rendre à leur objectif", a confirmé à Paris le Pemier ministre français François Bayrou.
- "Quoi qu'il en coûte" -

Altercation entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (g) et le président américain Donald Trump dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche, le 28 février 2025 à Washington ( AFP / SAUL LOEB )
La présidence ukrainienne a indiqué mardi "discuter" avec les Europeéns pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé le même jour un plan "pour réarmer l'Europe" qui va permettre de fournir une aide militaire "immédiate" à l'Ukraine.
Cette dernière continue de subir les attaques russes, notamment sur des infrastructures civiles: des frappes nocturnes de drones et de missiles dans la nuit de mardi à mercredi ont encore fait deux morts et provoqué des coupures de courant et de chauffage dans le sud de l'Ukraine, à Odessa et à Kherson, selon les autorités ukrainiennes. Kiev a été aussi visée, mais aucun dommage n'a été signalé.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté un projet en cinq volets de 800 milliards d'euros destiné à renforcer la défense du continent, qui sera examiné au cours d'un sommet européen jeudi à Bruxelles.

Donald Trump arrive au Congrès américain, à Washington, le 4 mars 2025 ( AFP / Jim WATSON )
L'Allemagne, elle, veut débloquer des investissements sans précédent de centaines de milliards d'euros pour renforcer son armée, au vu de la fracture en cours avec les Etats-Unis, le futur chancelier Friedrich Merz disant vouloir s'affranchir de ses règles de discipline budgétaire pour cela.
"Le mot d'ordre pour notre défense doit être: quoi qu'il en coûte!", a martelé M. Merz, qui a annoncé que son pays allait débloquer trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'armée ukrainienne.
191 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer